Ce matin, l’on a attiré mon attention sur un drôle de tweet d’un artiste haïtien qui, pourtant, se réclame souvent de ces « malere » qu’il vient de réduire à des inconscients tout juste propres à produire des « ti vòlè » et se plaindre du pays.
Le temps d’une « blague », Monsieur Zenny aura allègrement participé à une longue et tenace tradition : blâmer les pauvres pour nos malheurs.
Jonathan Swift proposait l’anthropophagie comme solution au problème. D’autres ont suivi la logique de TiDjo jusqu’à sa conclusion logique: nettoyer la race humaine de ces bons à rien qui « font parler mal de nous ».
Comme nous l’a expliqué gentiment notre Seigneur de la banane, la richesse est une vertu. À encourager et à vénérer donc. La pauvreté, conséquemment, est un vice. À extirper et à éliminer donc.
La logique tient. Pour ceux dont l’Haïti est différente, ceux qui s’inquiètent de ce que pourrait penser le Blanc quand ce filtre n’est plus maintenu, ceux qui veulent voir les aigris maigrir … que la pauvreté enlaidisse la vie des gens est insignifiant. Ce qui enrage c’est que les pauvres viennent enlaidir cette Haïti que nous avons maquillée de filtres qui ont de plus en plus de mal à tenir.
Jusqu’au jour de l’inévitable explosion. Jusqu’au jour où, pour paraphraser, le Sénateur Antonio Cheramy, ceux qui sont nés sanctionnés finiront par ne plus craindre nos sanctions. Alors, nous nous demanderons, en vain, comment cela a pu arriver. Mais il sera trop tard.