Président Lamothe

Depuis un mois, l’ancien Premier ministre Laurent Lamothe s’exerce à vendre son livre « Les mains du Premier ministre ». Une fois n’est pas coutume, je n’ai aucune idée de ce que cela raconte et je n’ai non plus aucune envie de savoir. Je préfère m’imaginer qu’il y parle de mains qui se serrent petit à petit autour du cou fragile d’un pays à l’agonie. D’autant que, à ce qu’il appert, il pourra bientôt remettre ses mains sur nous.

Le Secrétaire général du Conseil des ministres, le sieur Renald Lubérice, aspirant Raspoutine, l’a annoncé par un tweet qui alimente les débats. L’Exécutif vient de décider de donner décharge à tous celleux qui ont été membres de l’Exécutif de 1991 à 2017 et qui ont un rapport d’audit favorable de la Cour des Comptes parce que la séparation des pouvoirs, lol. Ce tweet fait suite à celui, un jour plus tôt, sur l’adoption du décret électoral et qui a poussé une de ces anciennes étudiantes à partager avec moi sa frustration quant à l’absence totale de gêne chez celui de qui « jamais, [elle] ne dira[] qu’il a été [son] professeur ».
Voilà donc Laurent Lamothe bien parti pour se porter candidat aux élections. Il a son livre. Il a ses anciennes entrées dans le cercle Biden. Il a désormais sa décharge. L’ancien roi-bouffon ayant récemment proclamé qu’il s’en battait les couilles de la présidence, peut-être devons-nous y voir, conformément à la grande élégance qui caractérise Michel Martelly, une volonté de laisser le champ libre à son ancien patron, ami, partenaire, ministre et premier ministre.

« Victime d’une campagne de désinformation » qui ose utiliser ce que nous disent nos yeux, nos oreilles et même ce que dit Laurent Lamothe devant une caméra pour informer la population, l’homme d’affaires nous invite à ne pas croire la réalité menteuse. En 2011 déjà, alors qu’il était conseiller du roi-bouffon et s’apprêtait à en devenir le ministre puis premier ministre, il avait dû se défendre, son entreprise de télécommunication et lui, d’une autre campagne de désinformation l’accusant de corruption, de surfacturation et autres activités illégales. C’est la rançon du succès, les haineux, les aigris et autres losers ne peuvent s’empêcher de nuire à qui brille.

L’ancien premier ministre parle, sans filtre, de son combat sans fin contre les mafias de la République pour développer le pays … et de la campagne de discrédit lancée contre sa personne … par un laboratoire … alors que tout est là … sous nos yeux … et que les 25 stades sont utilisés par le championnat national de football qui, comme on sait, n’existait pas avant.

En mars dernier, l’association Ayiti Nou Vle A a publié les résultats de son enquête sur les contrats relatifs aux lycées financés par les fonds Petrocaribe. L’ancien premier ministre Lamothe y figure en très bonne position  » déclarant sa volonté de limiter la «bureaucratie» dans le pays afin que les projets puissent atterrir ».

www.ayitinouvlea.org/konpayilise

C’est ainsi que, les contraintes de la bureaucratie enlevée, la compagnie J&J Constructions, dissoute le 27 septembre 2010, pourra signer des contrats avec l’État haïtien en 2012 et continuer à en recevoir de l’argent – 177,000,124.00 gourdes au total pour superviser des chantiers de lycées – jusqu’en 2016. Maintenant qu’il est libre d’être candidat à la présidence, l’ancien premier ministre pourra nous faire à nouveau profiter de ce « can do attitude » qui a vu le chef des opérations de la Fondation Clinton, Laura Graham, choquée du niveau élevé de la corruption dans ce dossier et de l’arrogance avec laquelle celle-ci se réalisait. En plus grand.

 

Petrocaribe : La Cour des Comptes annonce des jugements pour mars

12 ans après les débuts de la gabegie qu’elle a, en partie, cautionnée, et après deux années passées à écrire un rapport d’audit, la Cour des Comptes s’essaye à justifier le milliard de gourdes qu’elle nous coûte par an, en annonçant, enfin, « le jugement de ceux qui sont justiciables devant la CSCCA ». Nous sommes désormais au point 2 de notre petite liste du début. Cela a pris un an et demi mais bon…

Naturellement, je suis modérément optimiste. Après tout, c’est la même Cour qui a approuvé certains des contrats et assisté, avec une certaine complaisance, à la dilapidation des fonds Petrocaribe. C’est la Cour qui a donné décharge à l’ancienne Première Dame Sophia Martelly pour sa gestion de la Commission Nationale de Lutte contre la Faim (COLFAM), en déclarant qu’elle n’en était pas gestionnaire. C’est la même Cour qui, en 2015, n’a réussi à trouver en faute que 13 mairies, et pour quelques misérables centaines de milliers de gourdes.

Il faudra donc veiller. Veiller à ce que ce ne soit pas un spectacle de plus pour faciliter/bloquer la route de certains vers les prochaines joutes électorales. Veiller à ce que les procédures et les droits des accusés soient respectés et que le jugement soit impartial. Veiller à ce que les vrais coupables ne soient exonérés en échange de quelques petits coupables jetés en pâture.

Il faudra aussi rappeler.

Rappeler à la Cour que le décret de 2005 – tout comme l’article 105 de la loi du 4 mai 2016 sur les lois de finances – lui permet de déclarer « comptables de fait » celleux qui géraient les fonds Petrocaribe – sans être ordonnateur ou comptable de deniers publics.

Rappeler, à ce propos, que le Dr Réginald Boulos, a des informations pertinentes, sur 120 millions de dollars qui auraient été accumulés par « les hommes au pouvoir ».

Rappeler, enfin, que la lutte contre la corruption est une chose trop sérieuse pour la laisser à des politiciens.

Force à nous !

In limine litis

Le 21 novembre 2019, dans le cadre de la guerre ouverte de l’Etat haïtien contre « les contrats léonins » des compagnies de production d’électricité – lire la Sogener – le commissaire du gouvernement a.i. près du Tribunal de Port-au-Prince, Me Jacques Lafontant, attend, pour « faux et usage de faux en écriture privée, de surfacturation, d’enrichissement illicite, d’association de malfaiteurs et d’abus de confiance« :

  • Madame Elizabeth Débrosse Préval, veuve de l’ancien Président René Préval, et actionnaire de la Sogener,
  • Messieurs Daniel Dorsainvil et Frantz Verella, anciens Ministres des Travaux Publics, du Transport et de la Communication,
  • Messieurs Jean Marie Vorbe, Dimitri Vorbe et Réginald Vorbe Fils, du Conseil d’Administration de la Sogener,
  • Monsieur Roger Lefèvre, avocat.

L’invitation fait suite à une plainte de l’Etat haïtien, en date du 8 novembre 2019, et s’inscrit dans la nouvelle croisade du Président Jovenel Moïse contre ce qu’il appelle le système, les gardiens du systèmes, les bénéficiaires du système … c’est selon.

Depuis qu’il s’est, par une conférence de presse dans les jardins du Palais, délocké de sa réticence à présider en public, l’ex-Seigneur de la Banane et désormais Pourfendeur du Système multiplie les actions d’éclat. Un jour plus tôt, le 14 octobre 2019, circulaient sur les réseaux sociaux , des lettres informant la Epower, la Haytrac et la Sogener que leurs contrats avec l’Etat haïtien faisaient l’objet d’une réévaluation. Dans sa conférence du 15 octobre, le Président Moïse nous invita à suivre son regard – et son regard nous suivîmes, son #SuivezMonRegard devenant tendance sur tous les réseaux sociaux. Il s’était enfin trouvé des boucs émissaires et avait réussi à changer la conversation dans l’espace public.

La Conférence fut suivie d’une résolution du Conseil des Ministres en date du 23 octobre 2019, instruisant le Ministère des Finances de « suspendre les paiements de toutes valeurs en rapport avec l’exécution des contrats d’énergie électrique signés entre l’Etat haïtien et les firmes Sogener, E-Power S.A. et Haytrac ». De nouvelles lettres circulèrent sur les réseaux sociaux. L’État retint les services de Me Newton Saint-Juste, ancien camarade de combat de Me André Michel – avocat du peuple et fer de lance de l’opération peyi lòk. Me Saint-Juste annonça qu’il allait « forcer la Sogener de restituer à l’État une somme de 123 millions de dollars américains étalés sur plusieurs années« . L’État haïtien porta plainte et nous voilà en attente du 21 novembre.

Alors que le #PetroCaribeChallenge continue de s’effacer au profit de bifs au plus haut sommet du système, me revient à l’esprit, un autre bif qui a précédé d’une semaine la photo qui déclencha un mouvement.

Le 7 août 2018, tandis que « la société civile marchait contre la corruption« , se déroulait sur Twitter, un bif pour les âges. Le Petrobif arriva là où on ne l’attendait guère. Jusqu’ici, les tweetos étaient intéressés à un bif autrement plus sexy entre deux hommes autour des faveurs supposées d’une chanteuse de renom. Puis, sans prévenir, l’homme d’affaires Dimitri Vorbe invita deux proches du parti au pouvoir, Stanley Lucas et Cyrus Sibert, et l’ancien Premier Ministre Laurent Lamothe à participer au #PushupChallenge contre la drogue.

Un mois plus tôt, la nouvelle de la mort par overdose de Gunther Widmaier avait remis la question à l’ordre du jour, le Pushup challenge avait réussi à mobiliser des artistes mais les discussions sur Twitter semblaient surtout trouver curieux qu’il ait fallu la mort du fils du PDG de la radio Métropole pour que, finalement, l’on se mobilise contre la drogue. Le pushup challenge ne faisait guère recette … jusqu’à l’invitation de Monsieur Vorbe et la réponse plutôt inattendue de Monsieur Lucas:

Il y était question de groupe Blakawout, de pillages, de lutte pour la corruption et du dernier qui rira bien. Jusqu’ici, rien de bien surprenant pour Monsieur Lucas qui est difficilement le plus cohérent des twittos. C’est la réponse de Dimitri Vorbe qui débutera effectivement le #Petrobif. Il mettait le conseiller du président au défi de demander à Laurent Lamothe ce qu’il avait fait des fonds Petrocaribe ainsi que du fonds national de l’éducation et de l’argent de la diaspora qui y était affecté.

L’ancien Premier Ministre répondra directement à ce qu’il qualifiera d’audace sans nom. Comment celui qui avait reçu plus d’un milliard de dollars des fonds Petrocaribe – en vrai une partie des $612 161 711,62 affectés au financement des centrales électriques (possiblement la dette de $186 713 906,49 de la Sogener) selon le rapport d’audit spécifique de la Cour Supérieure des Comptes (2019: 29) – pouvait demander où se trouvait l’argent?

La réponse de l’industriel ne se fit pas attendre. Monsieur Lamothe ayant été Premier Ministre pendant trois ans, il n’aurait pas dû attendre aussi longtemps pour se plaindre du paiement de l’électricité. Il termina sur une référence à peine voilée aux Panama Papers.

Le #Petrobif était né! Les échanges continuèrent. Les révélations se multiplièrent – à propos, notamment d’un certain Rosny Desvarenne maître ès extorsion qui aurait eu l’habitude de venir réclamer de l’argent à la Sogener au nom de Laurent Lamothe – et Twitter érupta.

L’on s’extasia sur les montants:

L’on en salua la qualité:

L’on remercia les dieux de Twitter:

Un Haïtien du pays invita le gouvernement réputé engagé dans la lutte contre la corruption à prendre note et arrêter certains:

Une Haïtienne du pays invita à aller au-delà d’un énième bif qui, au final, ne nous apprenait rien de nouveau:

Le lendemain, un autre Haïtien du pays invita à une prise de conscience citoyenne:

Environ une semaine plus tard, le 13 août 2018, le Sénateur Patrice Dumont s’inquiéta du silence de la justice. Le 17 août 2018, le Sénat invita les protagonistes. Le 27 août 2018, la commission Ethique et Corruption du Sénat recevait Jean-Marie et Dimitri Vorbe pour qu’ils s’expliquent sur le #Petrobif.

Il fut question, entre autres, de la question de l’électricité, avec le Président de la Commission, Monsieur Youri Latortue, « annonçant que d’autres fournisseurs seront dans le viseur de la Commission sénatoriale ». Mais l’on n’en parla plus… jusqu’à ce qu’un président acculé y trouve la parfaite parade pour, possiblement, retourner la vague.

#PetroCaribeChallenge. Stratégies de lutte contre la corruption : l’implication de la communauté internationale au Guatemala

Le 12 décembre 2006, un traité signé entre le Guatemala et l’organisation des Nations Unies (ONU) crée la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG) caractérisée par son indépendance politique, organisationnelle et financière du gouvernement. Le traité sera ratifié par le congrès guatémaltèque le 1er août 2007 ouvrant la voie à l’une des plus grandes success stories du continent en matière de réduction du taux d’impunité.

Vaincue par le Président Jimmy Morales qui en a expulsé le Directeur et mis fin à la commission – le Président n’appréciait pas que la commission enquête sur lui et son parti, le Front de Convergence Nationale – la CICIG jouit d’une grande confiance dans la société guatémaltèque d’un taux d’approbation de 70%. Et pour cause. Au cours de ses 13 années d’existence, la CICIG a réussi à faire

  • révoquer les concessions de mégaprojets de développement douteux
  • arrêter des dignitaires tels le président Álvaro Colom (2008-2012), le président Otto Pérez Molina (2012-2015) et sa vice-présidente Roxana Baldetti et
  • connaître de nombreuses affaires: exécutions extrajudiciaires (Pavón et PARLACEN), malversations (Alfonso Portillo), revenus illégaux (Direction générale de l’imigration), trafic de drogue (Les Mendoza), corruption (La Línea).

L’affaire de La Línea (pour la ligne téléphonique) commence par une affaire de fraude douanière impliquant des hauts fonctionnaires du gouvernement Molina. Nous sommes le 16 avril 2015. La CICIG donne une conférence de presse sur l’existence au sein de l’administration fiscale guatémaltèque, la Superintendencia de Administración Tributaria de Guatemala (SAT) d’un numéro de téléphone – d’où la línea – que pouvait appeler les importateurs voulant réduire leurs droits de douanes en échange de pots de vin. Au bout du fil, un réseau de membres de la SAT à différents niveaux hiérarchiques qui, pendant la durée de l’enquête, de mai 2014 à février 2015, aura traité au moins 500 containers.

Le 19 avril 2015, la vice-présidente Roxana Baldetti est directement mise en cause pour avoir reçu des chèques d’un montant total de 900 000 euros. Quant au Président, la rumeur veut qu’il ait reçu plus de 3 millions de dollars en pots de vin. Le 25 avril, des milliers de guatémaltèques se retrouvent dans les rues dans une « manifestation pacifique » contre la corruption. A l’origine de celle-ci, une guatémaltèque du pays qui pour éviter toute personnalisation de la lutte, refusa que son nom, ainsi que celui de 6 amis proches, connu comme le groupe de 7, soient utilisés dans les médias, même s’ils étaient pleinement visibles sur Facebook . Écœurée par le contenu de la conférence, elle organise un événement sur Facebook invitant à demander la démission du président et de la vice-présidente avec le hashtag #RenunciaYa (démissionne donc). Les instructions étaient claires : pas de partis politiques, de l’eau, de la nourriture, de la crème solaire et des visages à découvert. La stratégie paya: des milliers de personnes gagnèrent les rues et la vice-présidente démissionna (10 mai).

Le 21 août 2015, la CICIG et le procureur lancent un mandat d’arrêt contre la vice-présidente Baldetti qui est alors envoyée en détention préventive. Le dimanche 23 août, le Président nie tout en bloc mais il ne convainc pas. Le 27 août, des représentants de la société civile, des étudiants, commerçants, entrepreneurs, paysans et la population en général participent au Paro Nacional (grève générale) de 2015, avec des manifestations massives dans 14 villes du pays. Le 2 septembre, le Président présente sa démission qui est acceptée le jour suivant par le Congrès. Le même 3 septembre, Molina est arrêté et placé en détention.

Le Président Morales ayant mis fin à la CICIG – avec l’accord tacite de Donald Trump en échange de l’alignement du Guatemala sur les positions américaines notamment quant à la capitale d’Israël et les relations avec Taïwan – l’aventure peut sembler s’arrêter là. Toutefois, les acquis de 13 années de succès sont là, la société civile est désormais consciente de sa force et le président Morales quitte le pouvoir l’année prochaine. Sur le mur d’enceinte de l’ancien siège de la CIGIG – appelé à être remplacé par un centre commercial – des militants, artistes et avocats ont peint une fresque « Merci Cicig, le peuple n’oubliera pas. La justice reste ». Elle a été tweetée par l’ancien directeur de la Commission avec ces mots : Merci ! Tu fleuriras, Guatemala ! 

#PetroCaribeChallenge. Stratégies de lutte contre la corruption : le renforcement des institutions au Brésil

Cette semaine, je reprends la série sur les stratégies de lutte contre la corruption interrompue il y a près d’un an. Pour rappel, les premiers billets de la série sont, par ordre de publication :

  1. présentation générale
  2. l’éducation du public à Hong Kong
  3. la réduction d’opportunités à Singapour
  4. le leadership mobilisateur au Rwanda
  5. le rôle de la société civile en Inde

Aujourd’hui, nous parlons renforcement des institutions au Brésil.


Si vous avez Netflix, arrêtez cette lecture. Cliquez sur ce lien, offrez-vous un gavage télévisuel en règle des deux saisons de la série O Mecanismo et revenez-nous après. Nous vous attendrons. Les autres, commençons toujours par cette bande annonce sur YouTube.

Avant d’être une série phénoménale sur Netflix, O Mecanismo est l’histoire vraie d’une enquête de police au Brésil qui débouchera sur l’arrestation simultanée et dans plusieurs États de plus de 200 personnalités du monde politique et du monde économique, la destitution de la présidente Dilma Rousseff, l’arrestation de l’ancien président Lula Da Silva et, au-delà du Brésil, la démission du président péruvien Pedro Pablo Kuczynski et des répercussions politiques dans douze pays au total y compris le Venezuela, le Panama, le Pérou et la République Dominicaine dont la Marcha Verde qui nous a fait une grande impression, ici, en Haïti. C’est l’histoire du plus grand scandale de corruption du Brésil et de l’Amérique latine: l’affaire Petrobras. Une histoire de blanchiment d’argent et de surfacturations lors d’achat de raffineries de la compagnie pétrolière nationale. C’est l’histoire d’un juge d’instruction pas commode et de son opération Lava Jato telle que racontée dans le livre éponyme de Vladimir Netto.

Le 17 mars 2014, une perquisition a lieu dans une station d’essence offrant des lava jato (lavage express) aux voitures. La petite station service de Brasilia ne payait pas de mine mais servait de paravent à une vaste opération de blanchiment d’argent et de financement occulte de parti politique autour de la compagnie pétrolière semi-privée, Petrobras, dont les appels étaient fraudés par un cartel d’entreprise du bâtiment et des travaux publics dont la fameuse Odebrecht. La combine était aussi efficace que simple. Les partis au pouvoir faisaient nommer, avec l’aval du chef de l’Etat, des directeurs qui accordaient des marchés surfacturés dont des commissions étaient versées aux partis. C’est O Mecanismo dont bénéficiera tant le parti de l’ancien Président Lula (et de la présidente d’alors, Rousseff) que celui de Michel Temer (qui remplacera Rousseff) ou encore des partis de droite, alors fermement dans l’opposition, mais au pouvoir dans des États fédérés et également commanditaires de grands ouvrages.

C’est de la petite ville de Curitiba, dans le sud du Brésil, que partira l’enquête qui mettra à nu un réseau transnational de pots de vin dans les secteurs de l’énergie et de la construction. Menée par le juge Sérgio Moro, elle conduit à la condamnation de 160 personnes en première instance et 77 en appel. La justice est accusée d’être instrumentalisée par les partis de droite contre le Président Lula et son parti. Le cas du Président du Parti de la social-démocratie brésilienne, Geraldo Alckmin, bénéficiant de la clémence de la justice est alors évoqué. Le juge Moro rejoignant le cabinet de Bolsonaro en tant que super-ministre de la justice et la publication récente par The Intercept d’archives secrètes brésiliennes sur la conduite de l’opération Lava Jato semblent confirmer l’existence, à défaut d’un complot, d’une certaine collusion. Toutefois, ainsi que nous l’avons déjà établi, 1) ce n’est pas parce que votre client n’a pas volé le premier qu’il n’est pas coupable et 2) ce n’est pas parce que votre accusateur est corrompu que cela vous l’empêche de l’être.

Certes, si la chose est avérée, que le renforcement des institutions judiciaires se soit fait dans le but de se débarrasser d’un homme politique particulièrement populaire et de son parti n’est pas pour rassurer quant au futur de la lutte contre la corruption au Brésil. Voilà désormais le très héroïque Moro visiblement à la merci d’un Président dont la famille semble mêlée à tout ce qu’il y a de plus sale dans la politique brésilienne, notamment les milices paramilitaires contrôlant Rio. Le fils du Président et nouveau Sénateur, Flávio Bolsanoro – qui souffre, lui aussi, d’avoir un chauffeur généreux – ne semble guère devoir s’inquiéter de ses relations avec la pègre brésilienne.

Les retombées des révélations d’Intercept Brésil pourraient aller plus loin toutefois que l’inféodation du juge Moro. Le 27 août dernier, pour la toute première fois, le Tribunal suprême du Brésil a annulé un jugement de l’ex-juge Moro, celui d’Aldemir Bendine, directeur général de Petrobras. Les violations des procédures légales par l’équipe du juge Moro dans la conduite de l’enquête, l’arrestation et le procès de l’ancien président Luiz (Lula) Ignacio Da Silva ont amené des experts internationaux de la lutte contre la corruption à qualifier Lula de prisonnier politique et appeler à sa libération. Il est aussi les risques d’affaiblissement attachés à la perception dans un Brésil de moins en moins séduit par la démocratie – au point délire un candidat ouvertement anti-démocrate à la présidence – d’une justice instrumentalisée par les politiques.

Nonobstant, l’opération Lava Jato c’est 429 personnes inculpées, 159 condamnées et 18 compagnies impliquées pour 2.5 milliards de dollars de fonds détourné, avec 912 millions de dollars récupérés jusqu’ici. Le succès n’est pas complet – il ne l’est jamais en de telles matières – mais pour reprendre le bon mot d’un professeur de Relations Internationales brésilien, avant « nous étions dans le caniveau, avec les yeux fermés. Aujourd’hui, nous sommes peut-être encore dans le caniveau, voire pire, mais au moins, cette fois, nos yeux sont ouverts« .

Ce que nous devons au PHTK

Sur Twitter, mes messages privés sont parfois d’un piquant… Hier, un amant inconditionnel de la neutralité m’a mis en demeure de parler en bien au moins une fois du parti au pouvoir, le Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK). Son raisonnement était simple. En tant qu’intellectuelle, je me devais d’être neutre et ne parler qu’en mal du PHTK mettait ma crédibilité en jeu. C’aurait pu être un bon moment pour l’introduire aux joies des débats autour de la neutralité axiologique (Wertfreiheit, dans l’allemand original) mais j’ai décidé de jouer le jeu. J’ai décidé de crowdsourcer le travail à mes quelques 25 000 followers sur Twitter.

Hormis les rares injures de deux comptes pro-gouvernement – avec les caractéristiques standards de followers peu nombreux et de sujet unique – les réponses sont celles que l’on aurait pu attendre d’Haïtiens et Haïtiennes du pays ayant la loi de leur bouche et peuvent se résumer à:

En commettant ses forfaits au vu et au su de tous, le PHTK a fait tomber les masques de la corruption et de l’impunité.

La grande réussite du PTHK sera donc d’avoir ouvert nos yeux au dérèglement complet de nos institutions et au degré de déchéance qui est celui de notre société. Le PHTK a levé le voile de respectabilité dont jouissaient encore certaines personnes dans la société pour exposer à nu leur avidité, entre humiliations en série et bassesses publiques.

Rien ne semble avoir survécu à l’ouragan rose. L’Église. La Famille. Nos valeurs. Nos institutions, unes à unes, dégradées par un roi-bouffon et sa cour se moquant allègrement des « plomes », ces intellectuels suceurs qui sacrifieront leur dignité à quelques dollars de Petrocaribe.

C’est le plus grand héritage de la bamboche rose. La gestion désastreuse d’un fonds de 4 237 598 789,12 dollars américains et la dette odieuse qu’elle impose au peuple le plus pauvre de l’Amérique.

Les services publics de base tels que l’accès à l’électricité (28%), à Internet (20%), à la plomberie intérieure (7,8%) ou à un WC (6,7%) sont encore un luxe en Haïti. La plupart des Haïtiens ont faim (56%) et vivent dans des logements précaires (72%). Les Fonds de PetroCaribe auraient pu être utilisés pour alléger ces conditions et mettre le pays sur la voie d’un véritable développement durable. Au lieu de cela, ils ont servis à acheter des objets de luxe pour fonctionnaires et hommes d’affaires corrompus, au vu et au su de tous.

C’est cette transparence radicale dans leur entreprise de spoliation de tout un peuple qui occasionnera le seul impact positif du PHTK. Bandits légaux, ils ne ressentent guère le besoin de se cacher. Ils sont dans leur droit. Ceux qui ne sont pas contents, qu’ils embarquent …

Les slogans le disaient assez: Kite peyi m mache, egri k ap megri, Ayiti pa m nan diferan. Plus qu’un langage d’exclusion, c’est l’affirmation d’une ascendance, d’une suprématie sans partage. Le PHTK, on l’aimait ou on dégageait.

C’est difficile pourtant d’aimer l’inflation galopante, la dégringolade de la gourde, le creusement des inégalités, l’envol de la dette, l’insécurité galopante et toutes ces conséquences de et autres façons de dire la mauvaise gouvernance. Ne restait donc plus qu’à dégager.

Ils ont été et continuent d’être nombreux à le faire … et à y laisser leur vie. La grande majorité toutefois a choisi une option non-offerte: dégager le PHTK. #PwosèPetroCaribeA est un début. La demande de reddition de compte qui l’accompagne préfigure la reprise du pouvoir par des citoyens mobilisés et décidés à changer un système dont les processus actuels garantissent une crise perpétuelle.

Nous devons au PHTK un réveil citoyen capable de mettre à bas un système prédateur, corrompu et liberticide qui asservit depuis deux siècles le peuple haïtien. Voilà pour le commentaire positif. J’espère que les amants de la neutralité y auront trouvé leur compte.

An dirèk sou Twitè, rapò Petwo Karibe a (1/2)

Aswè a, m koumanse li Rapport de la commission sénatoriale spéciale d’enquête sur le fonds Petrocaribe couvrant les périodes allant de septembre 2008 à septembre 2016 la (Rapò komisyon senatè ki t ap ankete sou lajan Petrocaribe a sou peryòd sektanm 2008 pou rive sektanm 2016) epi m vin gen yon sèl anvi pataje sa m panse ak nou pandan m ap li a. Men tout moun pa sou Twitter. Se pou sa m deside kopye yo la tou pou pesonn pa santi yo dòmi deyò.

Pou koumanse, ban m fè nou jwenn rapò wololoy la san wete san mete. M depoze l la pou nou sou Google Drive.

M koumanse li epi kè m kontan lè m wè valè non ki site nan kokenn chenn rapò sa. Gen nan non yo m pa sezi pou yo paske non sa yo te site deja nan yon premye rapò. Non moun sa yo te site pou abi otorite, malvèsasyon, dwèt long nan kès Leta. Non moun sa yo se : Jean Gabriel, Michel Lecorps, Eustache St Lot, Jean-Max Bellerive, Hervé Day, Michel Content, Lionel Grand Pierre, Laurent Salvador Lamothe, Josefa Gauthier, Jacques Rousseau, Marie Carmelle Jean-Marie, Wilson Laleau, FLorence Guillaume Duperval. Gen ansyen minis agrikilti a tou, Hebert Docteur, pou tèt li itilize grad li pa genyen. Ta sanble se sèvis wi malere a te vle rann, podyab. N ap tounen sou dosye sa.

Kounye a, an nou pran tan nou pou nou konsidere, ak kè kontan, jan #PoFlèLeta nou yo reponn prezan nan rapò Petrocaribe a.

Pwogram konstriksyon pak espò pitit oswa konseye prezidan an, Olivier Martelly, t ap jere anvan sa a parèt nan rapò a tou.

Men sa pa ko anyen la.

Èske nou sonje lè Anbasadè ameriken an te pèmèt li monte lajan ameriken an a 75 goud la pandan dola a te 69 goud, lè sa jan tout moun te estomake ? Biwo Monetizasyon Pwogram Èd pou Devlòpmam an li menm t ap iltilize to pa l ki te 107.35 goud pandan BRH te bay to pa l ki te 65.5368 goud. Ale non, mache di sa nan tout vil la, simaye nouvèl la. M ap tann nou.

 

Gen pil dèt konpayi Sogener ak EDH yo tou. Lè ou rete ou ap sonje konpayi SOGENER ak lòt konpayi parèy li yo te prete lajan nan men nou pou achte materyèl pou yo te ka vann nou yon sèvis byen chè pandan yo pa ko menm fin remèt nou lajan yo dwe nou an. N ap tounen sou sa. Se bagay pou nou ta wè, pati kontra ki di koze sa a, swadizandi se moun k ap mache nan menm kouran revolisyon bolivaryen an ki ekri l.

 

Men li. Pa menm yon fwa yo pa ekilibre balans kontab la epi se menm kontab an chèf la, Guecheline Fleurantin, ki la depi 8 lane. Make yon pwen pou Ayiti nan zafè pwoteje djòb anplwaye.

Fè yon kout je nan kont kliyan nou yo. Tout konpayi gaz sa yo ki dwe nou epi k ap vann nou  gaz la tèt nèg, kèk fwa gaz la pa menm bon menm. Si nou te gen yon kontab an chèf ki t ap swiv dosye yo depi tann dat sa li te ka…li te ka fè kisa ? Bon, an nou kite koze sa.

Mete sou li, se pa 2 dèt non nou pa genyen:

Men an nou fè yon ti tounen sou depans yo. Èske nou sonje pwogram yo te rele Ban M Limyè Ban m Lavi a ki te fè wout Dèlma a tounen Manatann nan ? Ebyen pwogram sa te koute nou plis pase 600 milyon goud. An nou espere pwogram tou nèf Kay Pa m Klere Prezidan Jovenel Moïse la pran leson l dwe pran sou sa ki te pase deja. Dayè non l site nan paj 71 rapò a kòm reprezantan konpayi ki rele COMPHENER SA a. Annatandan, an nou gade lis konpayi ki te swadizandi pote lavi paske yo te ban nou limyè yo :

Ta sanble  René ak « Michelle » byen soti nan bagay sa. Ban m pran yon ti souf. [M jis ap tann yon lòt rapò ki pou montre m te gen tò.]

 

Men mwen kounye a ki bouch be souf devan jan m wè yon seri moun rive vwayaje atravè tan san pwoblèm. « Pou sa ki gen pou wè ak matrikil fiskal ki nan dosye a, se 13 Janvye 2011 DGI te bay li epi kitis la menm se te 11 Janvye 2013, pandan kontra a li menm te siyen 3 Fevriye 2010 » (paj 139). Ala en!

Men tou, pil ale vini sa yo pa fouti pa bwase bil yo. Se konsa, pou pi senp, finalman yo jis sispann mete dat siyati kontra yo, epi lapè.

Toujou nan menm lespri koupe kout met nan makout la, yo kontinye bay zanmi yo kontra gre-a-gre, san mande garanti, san Koudèkont pa otorize yo fè sa, san yo pa chache konnen dizon Komisyon Nasyonal Mache Piblik yo, san patant, elt. Pou bay (fonksyonè) Larepiblik tete se vre, men tou pou fè pèp la bay bèf pou kabrit nan peye chak kilomèt wout pou sa l pa vo.

Komisyon Sena a ki travay sou dosye sa fini ak yon gwo nouvèl pou di nou : Gouvènman Bellerive la (yo) te pwofite yon katastwòf natirèl ki rive nan peyi a pou simaye kontra gre-a-gre ki pa gen anyen pou wè ak tranblemanntè ki te touye plizyè santèn milye konpatriyòt san konte milyon moun ki te viktim yo yon fason oubyen yon lòt yo. M konnen wi. Adje ! M pa ka jwenn kote m lage linèt mwen mezanmi.

 

M fenk fin jwenn linèt mwen epi men kounye a se manm mwen ki kraze. Yon konpayi ki fèmen, ki pa menm egziste ankò non rive ap siyen kontra. Kote nou pran la menm ! Nou pase nan yon lòt nivo wi la. Do se sa yo rele finans kantik la!

Il y aussi, et c’est logique, de la construction quantique. Des projets sont exécutés par la SECOSA mais on ne sait où. On sait toutefois qu’ils n’ont rien à voir avec le séisme.

Men gen yon koze konstriksyon kantik tou, e sa lojik. SECOSA egzekite pwojè men ou pa fouti di kibò. Toutfwa, nou konnen sa pa gen anyen arevwa ak goudougoudou,

Les membres de la commission recommandent la mise en accusation de l’ancien PM Jean Max Bellerive pour: 1) Abus de fonction (Article 5.5); 2) Surfacturation (Article 5.8); 3) Trafic d‟influence. (Article 5.9); 4) Népotisme (Article 5.10); 5) Passation illégale des marchés publics, (Article 5.12). Ce mardi, au Sénat, nos Senatus Scribendi vont hurler, tempêter, grandiloquer.

Manm komisyon an mande pou akize ansyen premye minis lan Jean Max Bellerive poutèt : 1) li fè depase sa otorite l te ba li pandan l te sou pouvwa a (atik 5.5); 2) li mete pase genyen nan fakti yo (atik 5.8); li pran lajan nan men moun pou l ka fè yo kèk favè (atik 5.9), li aji an moun pa ak fanmi l (atik 5.10), li vyole prensip pasasyon kontra yo (atik 5.12). Madi sa, anndan chanm Sena a, Senatus Scribendi nou yo pral fè gran gòj, pakèt bri, bat lestomak yo.

 

Pandanstan, an nou gade jan tranblemanntè 2010 la gen do laj:

[Permettez que je prenne quelques secondes pour regretter que l’épisode Gary Conille ait été bien avant le lancement de ce blogue. Mais bon, le passé est un autre pays.]

Pèmèt mwen pran kèk segonn pou m di jan regrèt feyton Gary Conille la te pase avan blòg sa te lanse. Antouka, sa pase deja.

Biyè sa a se tradiksyon kreyòl yon pati nan biyè 
"En direct de Twitter, le rapport PetroCaribe". 
@patriciacamilien ki te lage vèsyon orijinal la an novanm 2017. 
Rès tradiksyon an pou yon pwochen biyè.

Quand des députés demandent la mise en accusation du président

C’était en 2013. Treize députés de l’opposition, fatigués des retards s’accumulant dans le processus électoral, signent une demande de mise en accusation du Président Michel Martelly visant les articles 136, 150, 135.1, 163 de la Constitution – et, accessoirement les articles 158 à 165 pour les attributions des Premier ministre et ministre.

Les considérants, une fois n’est pas coutume, sont si ragouteux que je m’en voudrais de ne pas les reprendre ici, dans leur entièreté. Ils forment une capsule bien utile des scandales multiples – et à la corruption aussi grossière que désinvolte – de l’administration Martelly-Lamothe.

La liste de « 21 dérives » est ainsi établie:

CONSIDERANT que le Président Michel Joseph Martelly et le chef de Gouvernement Laurent Salvador Lamothe, au lieu de veiller au respect de la Constitution et à sa stricte application, la viole constamment et brutalement, et ainsi exerce leurs fonctions en dehors des normes républicaines et à l’encontre de la souveraineté du peuple;

CONSIDERANT que, en vertu de l’article 153 de la Constitution, « le Président de la République a sa résidence officielle au Palais national, à la capitale, sauf en cas de déplacement du siège du pouvoir exécutif », alors que le Président Michel Joseph Martelly essaye de faire déposséder arbitrairement un citoyen haïtien de son bien immeuble sous prétexte de protection de sa propriété privée située à Pétionville, Pegguy Ville, Impasse Brouard ;

CONSIDERANT que le Président de la République ainsi que le chef du Gouvernement, en dépit des appels et mises en garde réitérés de la classe politique et de la société civile, s’entêtent à pratiquer, depuis deux ans, la politique du dilatoire et du fait accompli pour ne pas organiser les élections nécessaires au renouvellement du Sénat et des Collectivités Territoriales, et ce dans le dessein macabre de créer un vide institutionnel qui le consacrerait comme seul maître à bord et précipiter la barque nationale dans les abysses ;

CONSIDERANT que le Gouvernement garde en son sein, ce depuis janvier 2013, Monsieur Ralph Théano, le ministre chargé des relations avec le Parlement, déclaré persona non grata par la Chambre des Députés et par le Sénat et ainsi devenu « ministre sinécuriste » au sein dudit Gouvernement, pour avoir tenu dans la presse des propos racistes et insultants à l’endroit des parlementaires et des familles monoparentales haïtiennes qui représentent environ 52% des familles du pays ; ce qui constitue des faits avérés de rébellion contre le Parlement, de malversation et de corruption ;

CONSIDERANT la Note Circulaire du CONATEL prise en date 23 mai 2012 selon les directives spécifiques du Président de la République, ordonnant aux opérateurs de téléphonie mobile et aux maisons de transfert de prélever arbitrairement des taxes sur les citoyens pour les appels internationaux et les transferts d’argent, violant ainsi l’article 218 de la Constitution qui interdit péremptoirement l’établissement et la collecte, en marge de la loi, c’est-à-dire sans une loi préalable, d’aucun impôt au profit de l’Etat ;

CONSIDERANT l’arrestation sur ordre du Président de la République du Député en fonction Arnel BELIZAIRE le 26 Octobre 2011 en violation de l’article 114.2 de la Constitution qui sanctionne toute contrainte par corps exercée contre un membre du Pouvoir Législatif pendant la durée de son mandat, fait confirmé par l’entérinement par l’Assemblée de la Chambre des Députés du rapport de la Commission de ladite Chambre chargée d’enquêter sur l’arrestation dudit Député, en date du 22 mars 2012 ;

CONSIDERANT le détournement des Fonds Publics pour la réalisation de programmes dits sociaux en violation des prévisions budgétaires, et donc en dehors des formes de mobilisation des ressources financières prévues par la Constitution.

CONSIDERANT l’adoption en date du 24 janvier 2012 et en celle du 15 juin 2012 de deux Arrêtés, le premier portant formation de la Commission Nationale de lutte Contre la Faim et la Malnutrition (COLFAM) et établissant le programme ABA GRANGOU dirigée par la Première Dame Sophia ST REMY MARTELLY et l’autre portant création de la Commission d’Appui à la Coordination des Infrastructures de Sport et d’Accompagnement de la Jeunesse Haïtienne (CACISAJH) dirigée par Olivier MARTELLY, tout en ordonnant à l’Etat de mettre à la disposition de ces Commissions les moyens financiers, matériels et logistiques nécessaires à l’accomplissement de leur mandat et tout en disposant arbitrairement et illégalement que ces deux Commissions jouissent d’une autonomie complète et échappent à tout contrôle; ce qui permet à ces membres de la famille présidentielle de concurrencer des membres du Cabinet ministériel ratifié par le Parlement, violant ainsi l’article 236 de la Constitution qui établit que « la loi fixe l’organisation des diverses structures de l’Administration et précise leurs conditions de fonctionnement », violant également l’article 200 de la Constitution qui dispose : « La Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif est une juridiction financière, administrative, indépendante et autonome. Elle est chargée du contrôle administratif et juridictionnel des recettes et des dépenses de l’Etat, de la vérification de la comptabilité des Entreprises de l’Etat ainsi que de celles des collectivités territoriales» ;

CONSIDERANT les attaques orchestrées de manière répétée contre la presse et la classe politique violant ainsi les articles 28 et 31 de la Constitution ainsi que le serment constitutionnel fait par le Chef de l’Etat l’obligeant pourtant à, entre autres, « respecter et à faire respecter les droits du peuple, à travailler à la grandeur de la Patrie » ;

CONSIDERANT que le Président de la République, Monsieur Joseph Michel MARTELLY, le Premier Ministre, Monsieur Laurent Salvador LAMOTHE, et le Ministre de la Justice, Me Jean Renel SANON, ont violé le Principe de la Séparation des Pouvoirs consacrés par la Constitution en ordonnant le jeudi 11 juillet 2013 la réalisation d’une rencontre au Cabinet de Me. Gary LISSADE avec le Juge Jean Serge Joseph qui s’y était rendu sur l’instigation du Doyen du Tribunal Civil de Port-au-Prince, Me Raymond Jean Michel ;

CONSIDERANT que nonobstant les démentis formels apportés par le Président de la République, le Premier Ministre et le Ministre de la Justice sur leur participation à cette rencontre, les Commissions d’Enquête du Sénat et de la Chambre des Députés ont établi que cette réunion au cours de laquelle de graves menaces ont été proférées contre le Magistrat par le Président et le Premier Ministre pour qu’il « mette un terme le 16 juillet 2013 au plus tard au dossier » de corruption de la famille présidentielle, s’est bel et bien tenue ;

CONSIDERANT que le Président de la République Joseph Michel MARTELLY et le Premier Ministre Laurent Salvador LAMOTHE s’adonnent constamment à l’affichage de leurs portraits munis de messages louangeurs et de l’emblème de leur parti politique dans les espaces publics, violant ainsi les articles 7 et 2 de la Constitution disposant que : « le culte de la personnalité est formellement interdit. Les effigies, les noms de personnages vivants ne peuvent figurer sur la monnaie, les timbres, les vignettes. Il en est de même pour les bâtiments publics, les rues et les ouvrages d’art », et « les couleurs nationales sont le bleu et le rouge » ;

CONSIDERANT que, au cours d’une visite à Radio Caraïbes, le Président a déclaré qu’il assume les violations des articles 2 et 7 de la Constitution, lesquelles, selon lui, sont mineures et que cette campagne (de photos, pancartes, billboards …) est réalisée par des membres de son Cabinet avec les Fonds du Trésor Public, ce qui constitue un détournement des Fonds Publics du fait que ces dépenses ne sont pas prévues par les Lois de Finances de la République ;

CONSIDERANTque le Président de la République a menti plus d’une fois à la Nation en violation de l’article 135.1 de la Constitution s’énonçant: « Je jure, devant Dieu et devant la Nation, d’observer fidèlement la Constitution et les lois de la République, de respecter et de faire respecter les droits du Peuple Haïtien, de travailler à la Grandeur de la Patrie, de maintenir l’Indépendance Nationale et l’Intégrité du Territoire » ; ces agissements du Chef de l’Etat ne font pas honneur à la Dignité de la Fonction Présidentielle ;

CONSIDERANT la déclaration de l’ex-Commissaire du Gouvernement, Me Jean Renel Sénatus, suivant laquelle le ministre de la Justice l’avait remis une liste de noms de citoyens à appréhender illégalement, pour uniquement des motifs politiques, refus qui lui a valu sa révocation ; laquelle action qui constitue une tentative d’instrumentalisation de la justice et un abus de pouvoir ;

CONSIDERANT que l’intrusion constante du Chef de l’Etat, du Premier Ministre et du Ministre de la Justice dans le Pouvoir Judiciaire, soit par la nomination de « personnes à moralité douteuse » au sein de l’appareil judiciaire, soit par l’exercice de pressions sur des magistrats, comme celles qui ont été faites sur le Juge Jean Serge JOSEPH, constitue une violation flagrante de la Constitution et de la Loi ;

CONSIDERANT que ces actes – violations systématiques de la Constitution et de la Loi, parjure, crimes contre la Constitution, abus de pouvoir… – constituent des crimes de Haute Trahison, consistant dans le fait par le Chef de l’Etat ou un membre du Gouvernement, chargés de faire respecter la Constitution, de voler ou détourner les biens de l’Etat confiés à sa gestion ou de violer la Constitution à un niveau ou à un autre ;

CONSIDERANT que les dérives et violations flagrantes de la Constitution et de la Loi ci-avant énumérées, perpétrées par le Président de la République Michel Joseph MARTELLY, le Premier Ministre Laurent Salvador LAMOTHE et le Gouvernement pendant ces deux dernières années, éclaboussent l’image et la dignité de Peuple Haïtien, et mettent la Nation en péril ;

CONSIDERANT les recommandations du Rapport de la Commission d’enquête de la Chambre des Députés sur le dossier du Juge Jean Serge JOSEPH demandant à l’Assemblée des Députés, entre autres, de mettre en accusation le chef de l’Etat, le Premier ministre et le ministre de la Justice pour parjure, crime contre la Constitution et abus de pouvoir ;

CONSIDERANT les recommandations du Rapport de la Commission d’enquête du Sénat sur le dossier du Juge Jean Serge JOSEPH demandant à la Chambre des Députés de prendre toutes les dispositions que de droit aux fins de : a) Constater l’immixtion du Chef de l’Etat, du Premier Ministre et du Ministre de la justice dans l’exercice souverain du Pouvoir Judiciaire aux fins d’obtenir que des décisions de justice soient prises en leur faveur ; b) Déclarer le caractère parjure de ces autorités du Pouvoir Exécutif qui ont tous nié leur participation à la réunion du 11 juillet 2013 alors que l’enquête confirme leur participation effective à ladite rencontre ; c) Constater la trahison du Chef de l’Etat qui avait juré de faire respecter la Constitution et les lois de la République ; d) Mettre en accusation le Chef de l’Etat pour crime de haute trahison ;

CONSIDERANT les dispositions de l’article 186 de la Constitution qui dispose: « La Chambre des Députés, à la majorité des deux tiers (2/3) de ses membres, prononce la mise en accusation a) du Président de la République pour crime de haute trahison ou tout autre crime ou délit commis dans l’exercice de ses fonctions; b) du Premier Ministre, des Ministres et des Secrétaires d’Etat pour crimes de haute trahison et de malversations, ou d’excès de Pouvoir ou tous autres crimes ou délits commis dans l’exercice de leurs fonctions; c) des membres du Conseil Electoral Permanent et ceux de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif pour fautes graves commises dans l’exercice de leurs fonctions; d) des juges et officiers du Ministère Public près de la Cour de Cassation pour forfaiture; e) du Protecteur du citoyen » ;

CONSIDERANT que la Défense Suprême des Intérêts Supérieurs de la Nation commande à l’Assemblée des Députés d’exercer pleinement et souverainement ses Attributions Constitutionnelles ;


Demande de mise en accusation des chefs de l’Exécutif, 6 août 2013

Les Députés signataires – Levaillant Louis Jeune, Sadrac Dieudonné, Jean Danton Léger, Jacinthe Sorel, Patrick Joseph, Arnel Bélizaire, Dorgil Jusclaire, Jules Lionel Anélus, Faustin Poly, Guerda B. Benjamin, Dieujuste Johnson, Denius Francenet et Sinal Bertrand – accusent le Chef de l’Etat Joseph Michel MARTELLY, le Premier ministre Laurent Salvador Lamothe et le ministre de la Justice et de la Sécurité publique Jean Renel Sanon, de « parjure, violations systématiques de la Constitution, abus de pouvoir, empiétement dans le champ d’action souveraine du Pouvoir Judiciaire, crimes contre la Constitution, donc pour Crimes de Haute Trahison ».

Naturellement, rien n’arriva. Un mois plus tard, le 6 septembre 2013, Haïti accueillait le 11ème conseil des ministres Petrocaribe à Port-au-Prince. Le Ministre des Affaires étrangères, Pierre Richard Casimir, cause igname et sirop de canne à sucre exporté en échanges de produits prétroliers. C’était, rappelait-il alors, le 3ème grand événement qu’Haïti accueille pour l’année. La « preuve » qu’on nous fait confiance et le signe du retour d’Haïti sur la scène internationale et régionale. 

N’ayant pas reçu le memo, au 18 novembre 2013, plus de 10 000 manifestants défilent dans les rues de Port-au-Prince pour dénoncer les inégalités économiques et sociales et mettre en lumière le colorisme de l’administration en place. La presse internationale parle de la plus grande manifestation depuis le début de l’ère Martelly et de ses causes:


Quelques blessés par balles ont été évacués en ambulance mais la manifestation de l’opposition a pu dans le calme continuer sa route vers le bas de Port-au-Prince. Les milliers d’habitants des quartiers pauvres assurent qu’ils vont continuer leur protestation jusqu’à ce que le président quitte le pouvoir.

« Haïti: manifestation record de 10 000 opposants au président Martelly », RFI, 19 novembre 2013

Au 4 décembre 2013, dans une entrevue accordée au journal La Croix, le Président Martelly minimisait l’importance de la manifestation. Le même jour, le journaliste Roberson Alphonse, au Nouvelliste, tirait la sonnette d’alarmes sur l’opacité de la gestion des fonds Petrocaribe … sans succès

Au 12 décembre 2013, le Quai d’Orsay s’empressera de saluer la publication de la loi électorale par le Président Martelly comme contribuant à renforcer l’État de droit et ouvrant la voie à l’organisation d’élections sénatoriales et municipales … qui n’eurent jamais lieu.

Quand le Ministre Laleau déclarait l’état d’urgence économique

Il y a quatre ans, fraîchement investi Ministre des Finances, Wilson Laleau déclarait l’état d’urgence économique… Dans son discours d’investiture, le nouveau Ministre fit un portrait lucide de la situation:

La situation des finances publiques est bien connue :la contrainte budgétaire s’est resserrée ; les ressources de PetroCaribe se raréfient; le désastre financier de l’EDH est devenu insoutenable; la notation très défavorable du pays sur les marchés financiers internationaux lui interdit l’accès à des capitaux privés non concessionnels … le moment est venu de décréter l’état d’urgence économique et faire tout ce qui dépend de nous pour ressusciter l’espoir dans l’avenir, dans le pays.


Frantz Duval, « Laleau propose de décréter l’état d’urgence économique », Le Nouvelliste,21 janvier 2015

Quatre mois plus tard, le même Laleau ordonnait au Bureau de Monétisation des Programmes d’Aide au Développement (BMPAD) de – selon le rapport de la Cour Supérieure des Comptes (CSC/CA) – de virer au compte « 121207472/ Compte Spécial du Trésor pour le Développement », la somme de Cinquante millions huit cent six mille six cent quarante six et 25/100 de gourdes (Gdes 50 806 646,25) dont une partie a servi à honorer les bordereaux présentés par la firme AGRITRANS S.A. » de l’homme banane et actuel président de la République, le sieur Jovenel Moïse, pour la construction de deux tronçons de route (!)

Un an plus tard, la Banque interaméricaine de développement tirait la sonnette d’alarme. La Banque aurait, elle aussi, investi quelques 800 000 dollars dans le projet de route que le Ministère des Travaux Publics et de la Télécommunication sous-traitera le travail et louera des équipements à une firme dont le slogan est « pour une agriculture durable et responsable » ne laisse rien présager de ses magnifiques capacités en construction de routes à prix mini:

A la limite ce n’est pas un problème de sous-traiter Agri-trans. Ce n’est pas un problème sur le plan technique. Le problème, c’est de ne pas trouver des pièces justificatives correctes. Il y a eu des dépenses de carburant énormes qui ne correspondent pas aux besoins d’une telle route, donc, on a des soupçons .

Roberson Alphonse, « TPTC, Agri-Trans épinglés par la BID », Le Nouvelliste, 27 mai 2016

La Banque fournira un luxe de détails qui seront vite balayés par l’ex-président d’Agritrans alors en pleine campagne présidentielle:

Je veux que cela soit clair pour l’opinion publique nationale et internationale. Agritrans n’avait pas de contrat avec la BID ni avec les TPTC pour la construction de route.

Roberson Alphonse, « Route de Caracol : Jovenel Moïse fait le point pour Agritrans »,

L’affaire n’ira pas plus loin. Jovenel Moïse, inculpé pour blanchiment d’argent dans ce même dossier, deviendra Président de la République. Aujourd’hui, alors que la gourde dégringole, que les produits de première nécessité se transforment en produite de luxe et que se préparent de nouvelles émeutes de la faim, il nous offre un Conseil des Ministres dont le ridicule n’a d’égale que le rictus peiné du Premier Ministre Jean-Henry Céant, visiblement gêné par le triste spectacle de l’impéritie faite hommes et femmes.

  1. Interdiction d achat de nouveu vehicule par l etat jusqu’au 30 sept 2019
  2. Interdiction de contrat de véhicule de location pour compte des agents publiques
  3. Interdiction formelle aux ministres de voyager et le cas échéant de voyager pas plus de 5 personnes par délégation
  4. Per diem à reconsidérer
  5. Compression aux achats de biens et de service
  6. Interdiction de circulation des véhicules service de l etat jours feries et weekend
    Jour de travail apres 7 pm
  7. Reduction salaire des directeurs generaux des
    organismes autonomes
  8. Reduction de 30% sur gasoline de tous les agents de l etat
  9. Suspension carte téléphone. Plan telephone en place a suivre par tous .
  10. Interdiction de toutes subvention quelconques sauf sous autorisation du premier ministre ou organisme autorisé
  11. Obligation des ministres secretaires d etat et directeurs generaux de soumttre copie déclaration définitive d’impôt et du patrimoine

Au moins, en décembre dernier, lorsqu’Emmanuel Macron a décrété son état d’urgence économique, il avait commencé par s’excuser avant de proposer des mesures économiques concrètes … qu’il ne respectera pas. De ce Conseil des Ministres à l’extraordinaire, il semble ne sortir au final que des mesures concernant le train de vie de l’État. Une façon pour le Gouvernement de reconnaître que la plus grande cause de l’instabilité économique en Haïti est le creusement constant et insoutenable du déficit budgétaire par des responsables criminels?

L’argent de Chango

Plus tôt, à l’OÉA, se passa ce qui devait se passer. Haïti a voté pour la suspension du Vénézuela de l’organisation. En mai dernier, notre président avait pourtant salué la victoire électorale de son confrère et lui avait présenté ses félicitations mais, c’était, nous l’avons vu, avant. Depuis l’agent Merten, aidé par les événements, est passé par là, avec un chèque en blanc sous forme de mandat présidentiel non négociable. Aussi, lorsque vint le tour d’Haïti de voter, ne fîmes-nous ni une ni deux, nous arrêtames de voter, « ni pour ni contre mais au contraire », pour voter pour.

https://twitter.com/rodney_haiti/status/1083490520293392390?s=19

L’enjeu pour notre Seigneur de la Banane était de taille. Ayant mangé l’argent de deux Chango, il lui fallait choisir lequel « trahir » sans y laisser (trop) de plumes. Le choix n’a pas dû être particulièrement difficile. En s’alignant sur les États-Unis d’Amérique, Monsieur Moïse croit gagner sur tous les tableaux. Une présidence garantie par les bons soins de l’Oncle et zéro pression pour le procès Petrocaribe.

Monsieur Moïse n’est même pas très original avec son choix. En Haïti, dans les grandes décisions internationales, et même nationales, la corruption gagne toujours. Après tout, nous avons bien exclu Cuba de l’OÉA contre un déjeuner avec l’ambassadeur américain dont l’addition, comme le veut la petite histoire, serait montée à deux millions et quelques centaines de dollars américains.

Nous n’en sommes donc pas à notre première « trahison ». Nous excellons à traîner notre ventre, ici et là. Un coup la USAID, un autre Petrocaribe. Nous mangeons trop d’argent de Chango. Nous mangeons l’argent de trop de Chango. Cela ne peut bien finir.

Occupé à gérer une crise particulièrement ardue, Maduro va probablement couper les relations diplomatiques avec nous pour la forme avant de s’atteler à renforcer ses liens avec la Chine et l’Iran. Quand, on a un Donald Trump à la tête de la première puissance mondiale, il faut savoir en profiter. Maduro n’aura donc pas beaucoup de temps pour nous, surtout pas pour nous aider à demander #KotKòbPetroCaribeA. Après tout, il s’était fait complice du PHTK dans la dilapidation des fonds en leur offrant la couverture nécessaire. Il n’y a donc aucun secours à espérer de ce côté.

Les grands mangeurs ayant mangé l’argent de Chango, il nous faudra pourtant payer l’argent de Chango, sous forme de service de la dette certes mais aussi et surtout sous forme de services publics non disponibles et de creusement du déficit budgétaire. Aussi, l’heure est-elle à l’émancipation. C’est l’heure de ramasser notre caractère, de cesser d’attendre qu’on nous aide. C’est l’heure de prendre notre pays en main et de construire #AyitiNouVleA.

Cette construction passe, inévitablement, par la lutte contre la corruption et la fin de l’impunité. Le procès Petrocaribe est incontournable. Il doit avoir lieu. Pour l’exemple. Pour le signal qu’il enverra que la récréation est terminée, que les coupables seront punis, que l’argent du peuple c’est l’argent de Chango et, comme on sait, qui mange l’argent de Chango doit payer Chango.