Sur Twitter, mes messages privés sont parfois d’un piquant… Hier, un amant inconditionnel de la neutralité m’a mis en demeure de parler en bien au moins une fois du parti au pouvoir, le Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK). Son raisonnement était simple. En tant qu’intellectuelle, je me devais d’être neutre et ne parler qu’en mal du PHTK mettait ma crédibilité en jeu. C’aurait pu être un bon moment pour l’introduire aux joies des débats autour de la neutralité axiologique (Wertfreiheit, dans l’allemand original) mais j’ai décidé de jouer le jeu. J’ai décidé de crowdsourcer le travail à mes quelques 25 000 followers sur Twitter.
Hormis les rares injures de deux comptes pro-gouvernement – avec les caractéristiques standards de followers peu nombreux et de sujet unique – les réponses sont celles que l’on aurait pu attendre d’Haïtiens et Haïtiennes du pays ayant la loi de leur bouche et peuvent se résumer à:
En commettant ses forfaits au vu et au su de tous, le PHTK a fait tomber les masques de la corruption et de l’impunité.
La grande réussite du PTHK sera donc d’avoir ouvert nos yeux au dérèglement complet de nos institutions et au degré de déchéance qui est celui de notre société. Le PHTK a levé le voile de respectabilité dont jouissaient encore certaines personnes dans la société pour exposer à nu leur avidité, entre humiliations en série et bassesses publiques.
Rien ne semble avoir survécu à l’ouragan rose. L’Église. La Famille. Nos valeurs. Nos institutions, unes à unes, dégradées par un roi-bouffon et sa cour se moquant allègrement des « plomes », ces intellectuels suceurs qui sacrifieront leur dignité à quelques dollars de Petrocaribe.
C’est le plus grand héritage de la bamboche rose. La gestion désastreuse d’un fonds de 4 237 598 789,12 dollars américains et la dette odieuse qu’elle impose au peuple le plus pauvre de l’Amérique.
Les services publics de base tels que l’accès à l’électricité (28%), à Internet (20%), à la plomberie intérieure (7,8%) ou à un WC (6,7%) sont encore un luxe en Haïti. La plupart des Haïtiens ont faim (56%) et vivent dans des logements précaires (72%). Les Fonds de PetroCaribe auraient pu être utilisés pour alléger ces conditions et mettre le pays sur la voie d’un véritable développement durable. Au lieu de cela, ils ont servis à acheter des objets de luxe pour fonctionnaires et hommes d’affaires corrompus, au vu et au su de tous.
C’est cette transparence radicale dans leur entreprise de spoliation de tout un peuple qui occasionnera le seul impact positif du PHTK. Bandits légaux, ils ne ressentent guère le besoin de se cacher. Ils sont dans leur droit. Ceux qui ne sont pas contents, qu’ils embarquent …
Les slogans le disaient assez: Kite peyi m mache, egri k ap megri, Ayiti pa m nan diferan. Plus qu’un langage d’exclusion, c’est l’affirmation d’une ascendance, d’une suprématie sans partage. Le PHTK, on l’aimait ou on dégageait.
C’est difficile pourtant d’aimer l’inflation galopante, la dégringolade de la gourde, le creusement des inégalités, l’envol de la dette, l’insécurité galopante et toutes ces conséquences de et autres façons de dire la mauvaise gouvernance. Ne restait donc plus qu’à dégager.
Ils ont été et continuent d’être nombreux à le faire … et à y laisser leur vie. La grande majorité toutefois a choisi une option non-offerte: dégager le PHTK. #PwosèPetroCaribeA est un début. La demande de reddition de compte qui l’accompagne préfigure la reprise du pouvoir par des citoyens mobilisés et décidés à changer un système dont les processus actuels garantissent une crise perpétuelle.
Nous devons au PHTK un réveil citoyen capable de mettre à bas un système prédateur, corrompu et liberticide qui asservit depuis deux siècles le peuple haïtien. Voilà pour le commentaire positif. J’espère que les amants de la neutralité y auront trouvé leur compte.
Wi fouuut ! Sa a move !
La Loi de ma bouche, il était tant.
Enfin la Loi de ma bouche vint !
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