Il y a quatre ans, fraîchement investi Ministre des Finances, Wilson Laleau déclarait l’état d’urgence économique… Dans son discours d’investiture, le nouveau Ministre fit un portrait lucide de la situation:
La situation des finances publiques est bien connue :la contrainte budgétaire s’est resserrée ; les ressources de PetroCaribe se raréfient; le désastre financier de l’EDH est devenu insoutenable; la notation très défavorable du pays sur les marchés financiers internationaux lui interdit l’accès à des capitaux privés non concessionnels … le moment est venu de décréter l’état d’urgence économique et faire tout ce qui dépend de nous pour ressusciter l’espoir dans l’avenir, dans le pays.
Frantz Duval, « Laleau propose de décréter l’état d’urgence économique », Le Nouvelliste,21 janvier 2015
Quatre mois plus tard, le même Laleau ordonnait au Bureau de Monétisation des Programmes d’Aide au Développement (BMPAD) de – selon le rapport de la Cour Supérieure des Comptes (CSC/CA) – de virer au compte « 121207472/ Compte Spécial du Trésor pour le Développement », la somme de Cinquante millions huit cent six mille six cent quarante six et 25/100 de gourdes (Gdes 50 806 646,25) dont une partie a servi à honorer les bordereaux présentés par la firme AGRITRANS S.A. » de l’homme banane et actuel président de la République, le sieur Jovenel Moïse, pour la construction de deux tronçons de route (!)
Un an plus tard, la Banque interaméricaine de développement tirait la sonnette d’alarme. La Banque aurait, elle aussi, investi quelques 800 000 dollars dans le projet de route que le Ministère des Travaux Publics et de la Télécommunication sous-traitera le travail et louera des équipements à une firme dont le slogan est « pour une agriculture durable et responsable » ne laisse rien présager de ses magnifiques capacités en construction de routes à prix mini:
A la limite ce n’est pas un problème de sous-traiter Agri-trans. Ce n’est pas un problème sur le plan technique. Le problème, c’est de ne pas trouver des pièces justificatives correctes. Il y a eu des dépenses de carburant énormes qui ne correspondent pas aux besoins d’une telle route, donc, on a des soupçons .
Roberson Alphonse, « TPTC, Agri-Trans épinglés par la BID », Le Nouvelliste, 27 mai 2016
La Banque fournira un luxe de détails qui seront vite balayés par l’ex-président d’Agritrans alors en pleine campagne présidentielle:
Je veux que cela soit clair pour l’opinion publique nationale et internationale. Agritrans n’avait pas de contrat avec la BID ni avec les TPTC pour la construction de route.
Roberson Alphonse, « Route de Caracol : Jovenel Moïse fait le point pour Agritrans »,
L’affaire n’ira pas plus loin. Jovenel Moïse, inculpé pour blanchiment d’argent dans ce même dossier, deviendra Président de la République. Aujourd’hui, alors que la gourde dégringole, que les produits de première nécessité se transforment en produite de luxe et que se préparent de nouvelles émeutes de la faim, il nous offre un Conseil des Ministres dont le ridicule n’a d’égale que le rictus peiné du Premier Ministre Jean-Henry Céant, visiblement gêné par le triste spectacle de l’impéritie faite hommes et femmes.
- Interdiction d achat de nouveu vehicule par l etat jusqu’au 30 sept 2019
- Interdiction de contrat de véhicule de location pour compte des agents publiques
- Interdiction formelle aux ministres de voyager et le cas échéant de voyager pas plus de 5 personnes par délégation
- Per diem à reconsidérer
- Compression aux achats de biens et de service
- Interdiction de circulation des véhicules service de l etat jours feries et weekend
Jour de travail apres 7 pm - Reduction salaire des directeurs generaux des
organismes autonomes - Reduction de 30% sur gasoline de tous les agents de l etat
- Suspension carte téléphone. Plan telephone en place a suivre par tous .
- Interdiction de toutes subvention quelconques sauf sous autorisation du premier ministre ou organisme autorisé
- Obligation des ministres secretaires d etat et directeurs generaux de soumttre copie déclaration définitive d’impôt et du patrimoine
Au moins, en décembre dernier, lorsqu’Emmanuel Macron a décrété son état d’urgence économique, il avait commencé par s’excuser avant de proposer des mesures économiques concrètes … qu’il ne respectera pas. De ce Conseil des Ministres à l’extraordinaire, il semble ne sortir au final que des mesures concernant le train de vie de l’État. Une façon pour le Gouvernement de reconnaître que la plus grande cause de l’instabilité économique en Haïti est le creusement constant et insoutenable du déficit budgétaire par des responsables criminels?
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