Il est 20:56, un collègue s’excuse du retard pris sur un travail important et promet de le terminer incessamment. Il a deux semaines de retard et tout autre soir j’aurais été intéressée à ce qu’il avait à dire mais … Désolée. Haïti va écraser le Costa Rica alors … – Vous regardez le foot, maintenant. – Quand Haïti joue, toujours.
Il est 21:22, un autre collègue m’envoie sa réflexion sur la situation politique. Son analyse est assez juste et tout en sarcasme et tout autre soir j’aurais été intéressée par ce qu’il avait à dire mais … Haïti est menée au score. – Par la petite Costa Rica. -Oui, autogoal.
Il est 22:47, ma mère appelle. Haïti va gagner. Nous allons gagner. Ça a marché!
Ça, c’est le sort que nous avons toutes les deux jeté contre le Costa Rica. Nou mare l. Le matin, elle m’avait appelé pour confirmer que le Costa Rica était bien amarré, comme il sied, à un pied de table.
Après le match contre le Nicaragua, c’était décidé. Nous ne voulions pas du Mexique en quarts de finale et le Costa Rica allait sans doute gagner son prochain match contre les Bermudes, il fallait donc prendre la tête du classement en écrasant le Costa Rica.
Les hommes, de mon chauffeur au cousin de mon père, n’y croyaient pas. Haïti va y passer. Le match contre le Nicaragua était tout sauf rassurant, même si on a gagné. Nos chances contre le Costa Rica étaient nulles … -Dans ce cas, n’ap mare yo. – Ça ne marche pas comme ça, le football …
Ils se montraient logiques, rationnels et tous les autres termes pour raisonnables. Tout autre soir, j’aurais été intéressée à ce qu ils avaient à dire mais … j’ai préféré retrouver mes gens sur Twitter. Eux, au moins, me rejoindraient dans mon délire.
C’est ma mère qui a dicté le tweet. Nous allions gagner, la chose était décidée.
Costa Rica est restée mare. Zéro buts. En dépit d’une possession de balle à 71%. Zéro buts. Les 3 buts du match ont été nôtres. Djimy Bend Alexis à la 13ème minute, contre son propre camp. Duckens Nazon, sur penalty, à la 57ème. Djimy Bend Alexis, à nouveau, à la 81ème minute.
Certes, ma mère et moi n’avions, objectivement, rien à y voir – nos joueurs ont été brillants, cette victoire est complètement leur – mais c’est rassurant de croire en et de voir notre confiance dans les nôtres récompensée même quand nos chances ne sont pas optimales. Cela ouvre des perspectives illimitées pour l’avenir.
Le Canada n’a qu’à bien se tenir.
Espwa fè viv.
» Ak pasyans n ap kapab wè tete foumi «
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