Des Chrétiens kidnappent et violent une fille de 12 ans

La voiture | la loi de ma bouche | mercredi 25/01/2017 – 07:48

Accusés de kidnapping et de viols aggravés sur une mineure de douze ans, deux Chrétiens ont demandé au tribunal de leur permettre d’assurer eux-mêmes leur défense. Ils comptent y arriver en utilisant « le seul code de lois qui vaille la peine« : la Bible. Originaires de Toledo dans l’Ohio, Timothy Ciboro et son fils Esten Ciboro avaient été arrêtés le 26 mai 2016 après que la belle-fille du premier ait réussi à briser les chaines par lesquelles elle était retenue au sous-sol et à s’échapper de la maison alors que ses bourreaux présumés étaient partis faire du jogging.

Si la décision de baser une stratégie de défense sur la Bible peut paraître saugrenue – la section 11, Traité de Tripoli de 1797 précise que le gouvernement des États-Unis d’Amérique n’est, dans aucun sens, fondé sur la religion chrétienne – elle le devient moins quand on prend en compte les récentes victoires du très puissant lobby chrétien dans l’affaire Hobby Lobby à la Cour Suprême (2014) et la signature en 2015 du Religious Freedom Restoration Act de l’État de l’Indiana (SB 101) par le gouverneur d’alors et actuel Vice-président américain, Mike Pence.

Depuis quelques décennies, aux États-Unis, le fondamentalisme chrétien prend une importance de plus en plus alarmante dans l’espace public, de la proclamation de foi sur les billets de banque à l’allégeance à Dieu dans les écoles publiques. Le 20 janvier dernier, la cérémonie de prestation de serment du Président américain Donald Trump a été particulièrement marquée de religiosité, pour le plus grand plaisir des 81% de chrétiens évangéliques blancs qui ont voté pour lui et qui rêvent de voir, comme les Ciboro, la loi biblique devenir « la seule loi qui compte ».

L’année dernière dans l’Indiana, faisant référence au SB 101, une mère a justifié sa décision de battre son fils avec un cintre par ses croyances religieuses. La même défense pourrait être évoquée par le père et le fils Ciboro pour justifier leur conduite répréhensible contre une petite fille noire de douze ans – âge légal du coït marital selon le Concile de Trente; le Talmud (Sanhedrin 55b) propose trois ans et un jour – dont ils avaient la garde. Nous reprenons ici trois rapides extraits du livre sacré (lire à ce sujet, l’article « Et la misogynie se fit Dieu« ) dont ils pourraient s’inspirer.

Genèse 9 : 26-27 : La malédiction de Cham

26 Il dit encore: Béni soit l’Eternel, Dieu de Sem, et que Canaan soit leur esclave! 27Que Dieu étende les possessions de Japhet, qu’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit leur esclave!…

Lévitique 25 : 44-45 :

44 C’est des nations qui vous entourent que tu prendras ton esclave et ta servante qui t’appartiendront, c’est d’elles que vous achèterez l’esclave et la servante. 45 Vous pourrez aussi en acheter des enfants des étrangers qui demeureront chez toi, et de leurs familles qu’ils engendreront dans votre pays; et ils seront votre propriété.…

Deutéronome 21 : 10-14 : Prendre une captive pour femme

10 Quand tu iras à la guerre contre tes ennemis, et que l’Éternel ton Dieu les livrera entre tes mains, et que tu en emmèneras des prisonniers; 11 Si tu vois parmi les prisonniers une belle femme, et qu’ayant conçu pour elle de l’affection, tu veuilles la prendre pour femme, 12 Tu la mèneras dans ta maison. Et elle se rasera la tête, et se coupera les ongles; 13 Elle ôtera de dessus elle ses vêtements de captivité; elle demeurera dans ta maison, et pleurera son père et sa mère pendant un mois; puis tu viendras vers elle, et tu seras son mari, et elle sera ta femme. 14 S’il arrive qu’elle ne te plaise plus, tu la renverras où elle voudra, et tu ne pourras pas la vendre pour de l’argent, ni la traiter en esclave, parce que tu l’auras humiliée.

La référence à la Bible est certaine d’être rejetée par le juge mais certains craignent que, sous la très républicaine administration Trump-Pence, la situation n’évolue rapidement, si rien n’est fait. De nombreux politiciens Républicains et très chrétiens ont eu par le passé et continuent d’avoir une attitude très cavalière par rapport au viol.

Clayton Williams, Texas, pendant la campagne pour le poste de gouverneur en 1990:

Le viol, c’est un peu comme la météo. Si c’est inévitable, détendez-vous et profitez-en.

Todd Akin, Missouri, élu 6 fois au Congrès, pendant sa campagne pour la réélection en 2012:

Si c’est un viol véritable, le corps féminin a des moyens [d’empêcher la fécondation].

Rick Santorum, Pensylvanie, élu trois fois au Sénat, lors de sa campagne pour la primaire républicaine en 2012:

Les victimes de viol devraient tirer le meilleur parti d’une mauvaise situation.

Lawrence Lockman, actuel membre de la Chambre des représentants dans le Maine, en 2014:

Si une femme a (le droit à l’avortement), pourquoi un homme ne devrait-il pas être libre d’utiliser sa force supérieure pour contraindre une femme? Au moins, la poursuite de la liberté sexuelle du violeur ne provoque (dans la plupart des cas) la mort de quelqu’un.

Cette attitude se poursuit jusque dans les tribunaux.  Plus de 10 000 femmes aux États-Unis d’Amérique sont légalement obligées de reconnaître des droits parentaux à leurs violeurs. En six jours de présidence Trump, le droit des femmes à disposer d’elles-mêmes subit des attaques majeures sur la base de croyances religieuses et elles devraient s’intensifier dans les jours à venir. Certains voient dans cette situation une guerre des fondamentalistes chrétiens contre les femmes et questionnent ouvertement le mutisme des Chrétiens face aux actions liberticides de leurs coreligionnaires. Aussi, de nombreux commentateurs appellent-ils les Chrétiens modérés à se distancer de et à condamner publiquement l’action du père et du fils Ciboro. Ils invitent les leaders chrétiens à présenter leurs excuses pour les actes commis et encourager leur communauté à montrer leur bonne foi et aider à préserver les valeurs de la société qui les a accueillis, en renonçant formellement à la loi biblique, en jurant allégeance aux lois du pays et en dénonçant leurs coreligionnaires présentant des signes de radicalisation.

Fondamentalistes chrétiens, les Ciboro sont des partisans vocaux du Président Trump dont la légitimité du mandat est contestée par une partie importante de la population et dont les attaques contre les femmes, notamment en ce qui a trait au respect de leurs droits, ont provoqué des marches de protestation dans 70 pays et territoires à travers le monde.

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