Le persécuté politique Ariel Henry signe un accord avec des artisans du lòk

Alors que le Protecteur du Citoyen appelle à sa démission pour cause de discussions nocturnes révoltantes avec l’auteur intellectuel présumé de l’assassinat du président Jovenel Moïse – Ariel Henry vient de signer un accord de gouvernement avec, notamment, quelques artisans du lòk.

Parmi ces signataire se trouve un certain avocat du peuple qui, il n’y a pas si longtemps, lui expliquait volontiers que son avenir était sur les barricades. C’était une autre époque, où le maître nous invitait la population à rester chez elle parce que le peuple serait dans les rues.

Une époque où, entre Passerelle et terreur, certains s’essayèrent à user du chaos comme échelle d’accession au pouvoir. Certes, l’assassinat de Jovenel Moïse est arrivé par surprise mais quel sublime chaos ! De quoi faire rêver nos charognards en quête de l’onction du Blan, alors que celui-ci se la rejoue Frankenstein.

La question demeure entière: le coup d’État contre Jovenel Moïse a-t-il échoué ou réussi ? L’arrivée d’Ariel Henry à la Primature était déjà assez étrange. Moins de 48 heures après la nomination d’un nouveau Premier Ministre, le président de la République est assassiné, chez lui, par un commando étranger, prétextant appartenir à une agence fédérale américaine. N’ayant pas été installé et sans cabinet, nous est pourtant imposé par le Core Group qui le place à la tête d’un Exécutif dont il est le Premier Ministre. Nous avions donc déjà suffisamment de raisons de nous questionner sur cette providence qui a conduit au pouvoir l’homme qui pouvait déclarer la guerre. Bien vite, toutefois, des rumeurs sur des échanges entre Henry et Badio enflent, avec d’autant plus de force que le premier s’était assuré d’expliquer à Gary Pierre-Paul Charles que Badio n’avait pas les moyens d’organiser un tel assassinat.

Extrait de l’entrevue en date du 3 août 2021. La vidéo au complet est accessible ici: https://www.youtube.com/watch?v=qmdzA5W7jG0

Le 7 septembre 2021, deux mois tout juste après le magnicide, le Commissaire Claude écrit au patron de la Digicel pour vérifier les informations du Réseau national de défense des droits de l’homme (RNDDH). Un délai de 48 heures est fixé.

Le Dr Henry dénonce ce qui s’apparente à une cabale politique contre sa personne. Le lendemain, 8 septembre 2021, lors de la remise officielle de la troisième version du projet de Constitution – nous y reviendrons – par le Comité Consultatif Indépendant, il en avait profité pour mettre en garde contre les distractions:

 « Je veux saisir l’opportunité pour dire haut et fort à toute la nation en général et à la famille et aux proches du président qu’en dépit des petites manœuvres et les attaques ciblées de certains, la vérité finira par jaillir et justice sera faite. Rien, absolument rien, aucune distraction ne pourra me détourner de ma volonté inébranlable de voir les vrais responsables, les auteurs intellectuels et les commanditaires de ce crime odieux traduits en justice et punis pour leurs forfaits. À bon entendeur salut ! »

Nous devons crouler sous les malentendeurs, car, voilà, qu’après le rapport du RNDDH et la plainte de l’organisation politique VIV AYIITI, c’est au tour du Commissaire du Gouvernement, Bed-Ford Claude et du Protecteur du Citoyen, Renan Hédouville, de confirmer l’information selon laquelle « peu après l’assassinat de Jovenel Moïse, soit le 7 juillet 2002, Ariel Henry et Jean Félix Badio ont eu un entretien téléphonique de 3 minutes aux environs de 4h03 du matin ». D’après les données GPS, le futur Oint du Blan était alors à l’Hôtel Montana et le sieur Badio, était à Pèlerin 5, lieu de l’assassinat. Dix-sept minutes plus tard, les deux hommes s’entretenaient de nouveau, pendant 4 minutes cette fois.

Le Dr Henry n’en a cure. Lui, avance. Avec le maître et quelques autres politiques friands de transitions, il signe son accord. N’en déplaise à celleux qui sont partis: l’ordre des défenseurs des droits humains, le forum économique de la classe moyenne, le mouvement des citoyens patriotiques et la plateforme des visionnaires pour l’intégrité des citoyens haïtiens – des organisations tout ce qu’il y a de plus réelles et qui n’avaient certainement pas été créées uniquement pour la signature de cet accord. L’accord que l’avocat du peuple barricadeur qualifie d' »historique » précise les règles du jeu de la « période intérimaire ». Baptisé Accord pour une gouvernance apaisée et prévoit, dans jours, un nouveau gouvernement, « [d]ans l’attente du rétablissement de la présidence de la république ». À défaut du Parlement, un comité de suivi – qui n’aura pas les prérogatives d’un parlement (article 11) mais dont on sollicitera tout de même l’avis favorable (article 10) – assure le contrôle des actions du gouvernement. Cette Autorité de Contrôle et de Suivi (article 8) est composé de 23 membres bénévoles ainsi désignés (article 9):

  1. Ordre des Comptables Professionnels Agréés d’Haïti ( 1)
  2. Collège des Ingénieurs et Architectes Haïtiens (1)
  3. Association Médicale Haïtienne (1)
  4. Chambres de commerce départementales (10)
  5. Les Universités publiques en région (10).

L’article ne précise pas pourquoi seuls les comptables, les ingénieurs et les médecins sont nommément inclus. Les juristes de la République étant momentanément empêchés, nous devrons sans doute nous contenter du constat. Du reste, ce sont les prochaines sections qui nous intéressent:

  • sur le Gouvernement (III) dont la mission est une liste de vœux longue comme un jour sans pain incluant la révision des décrets pris par Jovenel Moïse et les mentions désormais inévitables des procès pour crimes financiers (Petrocaribe) et crimes de sang (massacres dans les quartiers populaires et assassinats du Bâtonnier Monferrier Dorval et du Président Jovenel Moïse);
  • sur la sécurité nationale (IV) avec la création d’une nouvelle unité anti-terroriste, le décret sur l’ANI n’ayant visiblement toujours pas la faveur du Dr Henry
  • sur les nouveaux Organe Électoral (V) – sorte de copie du CEP actuel – et Assemblée Nationale Constituante (VI) – même dans l’absence du Parlement parce que nous vivons dans une simulation et que les mots ne veulent plus rien dire.

Ce qui importe ici toutefois, c’est qu’il n’y a aucun délai réel pour la fin de ce bel échafaudage que l’on prétend nous imposer. Il est bien question de « créer les conditions pour la tenue des élections générales au plus tard à la fin de l’année 2022 sous l’empire de la nouvelle constitution et l’installation des élus légitimes au début de l’année 2023 » mais que se passe-t-il si, comme c’est la coutume, ces conditions ne se créent pas? Il est vrai, que dès l’article 1, les signataires « réaffirment leur attachement aux valeurs démocratiques et républicaines ». Voilà qui devrait nous rassurer.

Le monument à la démocratie est accessible ci-dessous:

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