La démocratie est une forme de gouvernement où le peuple détient le pouvoir. Le peuple étant – généralement – une entité vaste et complexe, ce pouvoir il l’exerce à travers des représentants qu’il aura choisis, élus; c’est la démocratie électorale. Au stade actuel des développements des régimes démocratiques – et en attendant que des formes plus directes puissent être crédiblement implémentées – la légitimité des gouvernants repose sur un droit de vote universel où chaque citoyen, chaque citoyenne, a une voix et uniquement. À ces élections justes et équitables, nous ajoutons, pour les consolider, la règle de droit, l’imputabilité et la transparence des représentants du gouvernement et la participation des citoyens.
Plus qu’un droit, la participation des citoyens est un devoir. Le citoyen a la responsabilité de faire fonctionner sa démocratie. Il participe aux débats et à la prise des décisions. Il se porte candidat, il vote, il s’informe et discute des enjeux. Il est actif dans sa communauté et paie ses impôts. Le citoyen n’attend pas qu’on lui trouve des dirigeants; il se donne des dirigeants au suffrage universel.
C’est le stratège Périclès – dont le discours est rapporté par l’historien Thucydide – présentant le caractère délibératif comme central au régime démocratique, dans son éloge funèbre des soldats tombés à Marathon:
« Nous sommes en effet les seuls à penser qu‘un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile. Nous intervenons tous personnellement dans le gouvernement de la cité au moins par notre vote ou même en présentant à propos nos suggestions. Car nous ne sommes pas de ceux qui pensent que les paroles nuisent à l’action. Nous estimons plutôt qu‘il est dangereux de passer aux actes avant que la discussion nous ait éclairés sur ce qu‘il y a à faire. »
Histoire de la guerre du Péloponnèse, livre II, 37
*C’est nous qui soulignons
C’est aussi le président Thomas Sankara, rappelant que la démocratie ne saurait se limiter qu’aux élections:
« Le bulletin de vote et un appareil électoral ne signifient pas, par eux-mêmes, qu’il existe une démocratie. Ceux qui organisent des élections de temps à autre, et ne se préoccupent du peuple qu’avant chaque acte électoral, n’ont pas un système réellement démocratique. […] On ne peut concevoir la démocratie sans que le pouvoir, sous toutes ses formes, soit remis entre les mains du peuple ; le pouvoir économique, militaire, politique, le pouvoir social et culturel ».
Bruno Jaffré, « Le rêve assassiné de Thomas Sankara », Manière de voir, Le Monde diplomatique, vol. 118, no 8 « Les révolutions dans l’histoire », 2011, p. 52
Vu sous cet angle, la démocratie fait peur. Même dans certaines démocraties libérales qui s’efforcent de vendre le mythe du capitalisme en démocratie. Voilà, comment, pour des dirigeants élus démocratiques, la présence d’une ambassade américaine – tout chantre de la Démocratie que leur État le soit – peut présenter des joies inattendues. Ce n’est pas toutefois une raison de rejeter la démocratie et décider à la place du peuple.
Le peuple n’a pas besoin qu’on se batte pour lui et donc en dépit de / contre lui, il a besoin qu’on se batte avec lui, pas parce qu’on vient le sauver mais parce que nous faisons partie de lui et que nous ne sommes que parce qu’il est.
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