Le compte Twitter officiel de l’organisation des États américains (OEA) vient de l’annoncer. Le jeudi 10 janvier 2019, le Conseil permanent de l’organisation va se réunir sur « la situation de la République bolivarienne du Vénézuela ».
Quatre jours plus tôt, alors qu’elle s’apprêtait à laisser son poste d’ambassadrice aux Nations unies, la diplomate américaine Nikki Haley saluait l’arrivée du très conservateur nouveau président brésilien, Jair Bolsonaro, en ces termes :
Mme Haley saluait ainsi en Bolsonaro – un homme qui a soutenu que le dictateur chilien, Augusto Pinochet, aurait dû tuer plus de gens et, qui, dès son premier jour de fonction s’en est pris aux droits des personnes LGBTQ – un leader favorable aux États-Unis qui les rejoindrait dans leurs luttes contre la dictature au Venezuela et à Cuba (pour faire bonne mesure).
Le Vénézuela n’a donc qu’à bien se tenir. En 2019, l’aile américaine de l’OEA s’apprête à frapper dur. L’enjeu (géopolitique) est de taille : freiner l’influence croissante de la Chine dans la région et mettre de l’ordre dans l’arrière-cour de l’Amérique.
Depuis le début du siècle, l’Amérique latine s’était effectivement mise en tête d’avoir un semblant d’autonomie. Alors que Bush le petit était occupé à guerroyer au Moyen-Orient, la région se réveillait, loin des yeux de l’Oncle distrait ailleurs. Les meneurs du mouvement s’appelaient Hugo Chávez, Lula Da Silva, Evo Morales…
Chávez est mort et son protégé et successeur Maduro préside à une inflation de plus 80 000% pour l’année 2018 et un climat de violence mettant le Vénézuela en première place du classement des pays les plus violents au monde. Lula est en prison, sa protégée et successeure destituée, et le Brésil a désormais à sa tête un président d’extrême-droite. Evo Morales tient encore le coup mais les manifestations contre sa candidature à un quatrième mandat en 2019 se multiplient. Les États-Unis d’Amérique ne s’en sortent donc pas si mal.
Mais l’Oncle ne se contente pas de bribes. Il veut une victoire complète. Reprendre le contrôle d’un Venezuela- la plus grande réserve de pétrole au monde d’après l’OPEC – aurait le mérite de rappeler à ces jeunots désobéissants et turbulents qui est le maître. Et il veut s’en assurer.
Le 5 juin 2018, ménageant la chèvre et le chou, le gouvernement haïtien avait fait abstention lors du vote d’une résolution pour la suspension du Vénézuela à l’OEA. Depuis, il y a eu les 5 et 6 juillet. Le #PetroCaribeChallenge. Le presque départ de Jovenel Moïse … sauvé de justesse par l’agent Merten – toujours lui – venu offrir son soutien et celui de son pays à un président en danger d’éviction.
C’est d’une délicieuse ironie que l’affaire PetroCaribe soit, tant pour les États-Unis que pour le Vénézuéla, un si bel instrument de pression. Les États-Unis d’Amérique du fait de l’ampleur des manifestations anticorruption; le Vénézuela du fait de l’ampleur de la dette.
Naturellement, le peuple haïtien n’entre dans aucune de ces considérations. La gourde continue de chuter, l’insécurité continue d’augmenter. Rien ne va plus. Tout va bien.
Kenneth Merten, le Léger-Félicité Sonthonax de notre temps !
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