Il s’imposa comme une évidence. Sans coup d’État, sans tribunal révolutionnaire, sans prise de lois rétroactives. Il arriva sans surprise dans un système, frappé d’obsolescence, croyant avoir trouvé là un moyen de se maintenir. L’on ferait une espèce de procès – quelque chose pour la galerie – un machin qui empêcherait à certains de se présenter aux prochaines élections. La vie reprendrait son cours. D’autres continueraient de se partager le gâteau national. Tout irait bien.

Un système obsolète est vulnérable. Surtout quand il s’agit d’un système de corruption généralisé où un État extracteur facilite la mise en abyme de l’humiliation continue de son peuple. Le maintenir devient de plus en plus cher. Les correctifs ne prennent plus. Les saupoudrages, les promesses et autres programmes d’apaisement social ne marchent plus. Dans la brèche, s’engouffrent toutes sortes d’acteurs décidés à exploiter les faiblesses du système et porter atteinte à son fonctionnement normal.

Le procès PetroCaribe devait être un correctif. Un correctif de sécurité destiné à sécuriser le système et sauvegarder son intégrité. Un processus simple et fiable où une multitude d’instances étatiques se relaieraient pour porter à l’écran le magnifique (dys)fonctionnement de note organisation sociopolitique.

La Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif ouvrirait le bal avec l’«audit thématique» promis lors de sa conférence de presse en date du 4 septembre 2018. Dans ce rapport, la Cour informerait sur la légalité et la sincérité des opérations financières effectuées suite aux 14 résolutions de 6 gouvernements relatives aux fonds PetroCaribe. Elle apprécierait l’efficacité des actions, ferait des recommandations, rendrait des arrêts de débet ou préconiserait un refus de décharge en cas de concussion, de malversation ou de détournement de fonds publics. Quelques personnes – généralement des fonctionnaires en mal d’influence – seraient gênées mais la Cour n’étant pas compétente pour toucher à là où se trouve effectivement l’argent, tout continuerait d’aller bien.

La question #KotKòbPetroCaribeA demeurant, l’État haïtien, à travers la Direction Générale des Impôts, se porterait partie civile au procès. L’on s’entendrait sur un certain montant, quelques dizaines de millions de dollars, permettant de montrer sa bonne foi. L’on enverrait en prison, quelque temps, une ou deux « célébrités ». L’on insisterait sur le fait qu’une infime partie de l’argent a été détournée, que le gros des fonds a servi à financer des projets de développement. L’on trouverait alors une ou deux entreprises, un ou deux « bourgeois » à offrir à la vindicte populaire, des pharmakos à honnir un temps et tout continuerait d’aller bien.

La Cour de Cassation, appelée en dernier recours, relèverait des erreurs techniques dans le dossier, annulerait, renverrait, libérerait … comme dans d’autres célèbres procès par le passé.

Les Parlementaires, drapés dans leur immunité, continueraient de protéger leurs patrons. Les Ministres, forts de leurs soutiens économiques, continueraient de sauvegarder les intérêts de leurs patrons. Le Président, confiant dans un système qui lui a permis, inculpation et Agritans nonobstant, de devenir président avec le soutien de moins de 10% des électeurs, continuerait de rappeler aux autres vautours d’attendre leur tour. Les juges, gardiens pervertis du système, continueraient à recevoir pots-de-vin, billets d’avion et autres miettes aussi humiliantes qu’insignifiantes, pour ne rien voir. Les classes moyennes suceuses, réactionnaires, suffisantes, généralement occupées à avoir peur de leur ombre, continueraient à s’indigner, se plaindre, invectiver … dans leurs salons. La très très grande majorité continuerait de faire son respect face aux bandits de toutes sortes, grand chemin, haut vol, politiques, économiques, criminels, assassins, spoliateurs d’humanité, qui lui refusent son droit de vivre dans la dignité.

Mais comme aurait pu leur dire tout bon informaticien, le premier conseil en matière de système d’exploitation obsolète, surtout qu’il n’est plus supporté, est de changer complètement de système.

Il sera une fois, le procès PetroCaribe et le début d’une nouvelle réalité.

11 réponses à « Il sera une fois, le procès Petrocaribe »

  1. Avatar de FrantzPompilus
    FrantzPompilus

    Bon bagay

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  2. Quelle clairvoyance ! Peut-être que ce serait la perspective/prospective de la réalité sociopolitique et judiciaire d’Haïti durant l’année 2019. À suivre…..

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  3. […] d’une délicieuse ironie que l’affaire PetroCaribe soit, tant pour les États-Unis que pour le Vénézuéla, un si bel instrument de pression . Les […]

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  4. […] Décidément, tous les chemins mènent à #PwosèPetroCaribeA. […]

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  5. […] c est la loi HOPE, les routes de province, moins de 40 gourdes pour un dollar, et, bien sûr PetroCaribe – avec un réel potentiel d être le programme de coopération le plus avantageux de notre […]

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  6. […] du chanteur Sweet Micky un temps reconvertie en gestionnaire de programmes sociaux financés par les fonds Petrocaribe après avoir travaillé sur les problèmes de laide humanitaire en compagnie d’un certain […]

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  7. […] Les victimes de PetroCaribe, broyées par la grosse roche qu’est l’État (haïtien), n’ont pas eu cette chance. Mais je continue de rêver de justice. […]

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  8. […] par chaque femme. Des femmes ont contribué à la destruction en règle de notre pays par le PHTK, opening Haiti for business et invitant à experienceit. Je milite pour la représentativité statistique des femmes en […]

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  9. […] cours a été largement déclenchée par des préoccupations concernant la reddition de comptes et la gestion des fonds Petrocaribe. Dans un environnement politique marqué par des scandales de corruption et des appels à une […]

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  10. […] La récente exigence selon laquelle les candidats aux postes ministériels doivent être complètement détachés de toute réalité partisane participe à une dépolitisation paradoxale de la fonction politique, propulsant à la tête de l’État des individus aux compétences douteuses – prêtre défroqué, chanteur vulgaire ou faux agroindustriel – accompagnés d’une cohorte de voleurs déguisés venus donner « un coup de main » mais ne repartant jamais les mains vides. […]

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  11. […] with drug trafficking and, allegedly, a crack habit, was allowed yet to dance his way into office, squander the PetroCaribe funds, ally with gangs, and inflict the most damaging political party on the unsuspecting Haitian […]

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