Le 14 mai 1610, le tout premier roi Bourbon de France meurt assassiné de plusieurs coups de couteau dans la poitrine par le triste François Ravaillac. Six fois converti, le bon roi Henri est connu comme celui qui a mis fin aux longues et fratricides guerres de religion – possiblement parce qu’il a vécu ce tiraillement dans sa famille et jusqu’en lui-même – avec le fameux édit de Nantes. Le bon roi, dont la popularité commençait à s’effriter, expira par la main d’un disciple d’hommes de Dieu remontés contre le « tyran Henri » qui a volé un couteau, au passage, dans une auberge.
Le régicide Ravaillac sera vite jugé et écartelé Place de Grève. Par lui, le roi Henri, remplacé par son fils Louis XIII alors âgé de 9 ans, devint une légende. Marie de Médicis, dont le sacre en tant que reine a eu lieu un jour plus tôt, assumera le rôle de régente jusqu’à la majorité de leur fils qui, par une de ces coïncidences de l’histoire, mourra exactement 33 ans plus tard, pour laisser la place au roi-soleil.
Des mauvaises langues accusent la Marie d’avoir eu un rôle à jouer dans les événements. C’est que voyez-vous, ils se méfient des coïncidences coïncidemment coïncidentes. Après tout, l’on peut arguer qu’elle a été la principale bénéficiaire de cet assassinat qui intervint rien qu’un jour après son sacre, dans un banal incident de circulation, alors que le roi partait voir son ministre et ami, le duc de Sully. D’accord, c’est la mort du fils de Catherine de Médicis, grand-mère de Marie, qui fera de Henri de Navarre l’héritier du roi de France. D’accord, Henri III est lui aussi mort sous le couteau de son assassin. D’accord, la mésentente entre Henri IV et la reine était de notoriété publique. Mais rien ne prouve qu’elle ait eu quoi que ce soit à y voir.
Il arrive que l’on bénéficie admirablement d’une situation sans avoir forcément tout planifié à l’avance. Machiavel appelait cela la fortune.