Depuis bientôt une semaine, à Martissant, les balles chantent. Les gangs de Ti Bwa et Gran Ravin s’affrontent. Comme P. avant eux, les riverains se retrouvent à abandonner leurs maisons et à se réfugier d’une place à l’autre, de Fontamara à Carrefour, de Carrefour à Gressier, s’éloignant de plus en plus des nouveaux maîtres des lieux. Les histoires qui nous parviennent sont de celles qui enragent autant qu’elles désemparent. Des histoires de mères affamées devant allaiter leurs bébés sur la place de fortune où elles se retrouvent logées à la belle étoile. Des histoires de riverains un peu plus éloignés qui se demandent, la peur au ventre, entre deux rafales de tirs, s’ils vont devoir partir aussi. Des histoires de chrétiens vivants aux deux bras balançant terrorisés, déplacés, décapitalisés.
Sur son compte (apparent) et que je viens tout juste de découvrir, le chef du G-9 et alliés – fédération de gangs au slogan de mousquetaires – met en garde un « méchant » qui serait à l’origine de tout cela. Lui que l’on dit être proche du pouvoir accuse l’opposition d’être à l’origine de la situation en cours à Martissant.
https://twitter.com/cherizier_jimmy/status/1401259016743960580?s=19
Mais, prévient-il, le jour est bientôt là et qui touche à un membre de G9 (Ti Bwa) touche à tous ses membres. Voilà donc, l’on s’imagine, les habitants de Martissant, Fontamara, voire Carrefour prévenus. En fait, tous ceux qui utilisent la nationale numéro 2 et donc tout le Sud du pays. Le jour est là, il arrive. Quel jour ? Qu’est-ce qui arrive ? L’on ne sait.
Toujours sur Twitter, Jovenel Moïse, président de la République de son état, se vante, en cette journée internationale de l’environnement, de ses actions en faveur de la protection des espèces vivantes dans notre milieu.
Il faut croire que l’espèce humaine – pourtant vivante et de notre milieu – ne l’intéresse pas autant. Ou alors que son engagement et son combat pour restaurer l’écosystème a le même degré de succès que sa lutte contre la corruption, la vie chère et l’insécurité. Dans les deux cas, les espèces vivantes, à Martissant et ailleurs, sont mal parties.