La violence est mâle

Les chiffres sont clairs. La violence est d’abord une affaire d’hommes. D’hommes qui sont violents. D’hommes qui subissent la violence. Aux États-Unis d’Amérique, les statistiques de la violence du Bureau of Justice Statistics (BJS) – agence statistique fédérale du Département de la justice – présentent un phénomène majoritairement mâle. Dans le cas du meurtre par exemple:

  • Homme-Homme : 65.3%
  • Homme-Femme: 22.7%
  • Femme-Homme: 9.6%
  • Femme-Femme: 2.4%

Il en ressort donc que sur 100 meurtres, 88 seront commis par des hommes et 75 des victimes seront aussi des hommes. Alors, pourquoi les mâles de l’espèce ne se mobilisent-ils pas contre cette violence qui les détruit?

Les réponses offertes généralement font une grande place au machisme, cette idéologie de la suprématie du mâle guerrier viril étendant sa domination. D’autres privilégient l’explication hormonale avec le niveau de testostérone érigé en facteur suprême d’agressivité. Il se pourrait qu’il y ait une raison plus simple. La même qui nous garde, même contre le lòk, enfermés chez nous, en période de lòk : la peur. Peur de n’être pas assez viril. Peur d’être victime. Aussi, alors qu’ils devraient être les premiers à #PaFèSilans, se taisent-ils le plus fort.

La violence sexuelle aussi est d’abord affaire d’hommes. D’hommes qui violent des femmes. Les données du National Crime Victimization Survey (NCVS) du BJS font état d’un crime disproportionnellement mâle pour des victimes majoritairement femelles.

Une femme sur 5 sera victime d’un viol dans sa vie, contre un homme sur 71. Le violeur de cette femme, à 96%, est un homme. Le violeur de cet homme, à 65%, est aussi un homme. De 2000 à 2018, aux États-Unis d’Amérique, 6 652,065 viols ont été enregistrés dont 13.5% de victimes de genre masculin. C’est bien moins que les femmes, mais il s’agit tout de même de données qui devraient alerter et rappeler que le viol, même du point de vue des victimes, concerne aussi les hommes.

La réalité est que, si 80% des crimes violents commis aux États-Unis d’Amérique le sont par des hommes, plus de 70% des victimes sont aussi des hommes. Avec un ratio de 50.8% de femmes dans la population globale, il est clair qu’il y a là une surreprésentation des hommes tant du niveau des criminels que des victimes. Mais il n’y a pas qu’aux États-Unis que la violence est mâle.

Dans « Armed Conflict Deaths Disaggregated by Gender » (2009), Christin Ormhaug, Patrick Meier et Helga Hernes de l’Institut international de recherche sur la paix à Olso (PRIO), ont montré que, dans les guerres actuelles, particulièrement celles dans les pays en développement, les hommes meurent plus facilement que les femmes dans les conflits armés directs, à 1.3 contre 10. La conscription – où elle existe – est généralement mâle et donc les soldats qui meurent dans la guerre aussi.

En 2013, l’étude globale sur l’homicide de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a trouvé que les hommes sont responsables de 96% des meurtres et victimes de 79% d’entre eux. Sur 202 pays listés, les hommes sont plus susceptibles d’être victimes d’un meurtre dans 193. En Suisse et dans les Iles vierges britanniques, le risque est à égalité. Il n’y a que dans 7 pays (Tonga, Islande, Japon, Nouvelle-Zélande, Corée du Sud, Lettonie et Honk Kong) que les femmes sont légèrement plus susceptibles d’être victimes de meurtres que leurs congénères mâles.

Il est temps que les hommes se mobilisent contre ce genricide particulier. Cet androcide qui ne dit pas son nom et qui, sous prétexte de suprématie mâle, détruit nos fils, nos pères et nos frères.

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