Pourvu que Moïse Jean-Charles ne nomme pas son Président autoproclamé !

Ça y est ! L’opposition plurielle a enfin un accord. Après des mois à réclamer le départ sans conditions de Jovenel Moïse, ils ont réussi à s’entendre sur le départ sans conditions de Jovenel Moïse. Moïse parti, il sera remplacé par un Président issu de la Cour de Cassation qui, avant cet accord historique au calendrier inexistant, était réputé entrer en fonction le 18 novembre prochain. Ce dimanche, la mobilisation continue. Des manifestations sont annoncées partout dans le pays. Le « peuple » – pas les gens, qui sont généralement invités à rester chez eux – sera dans les rues.

Grand absent des débats, le Président de la République, ex-Seigneur de la Banane reconverti dans la lutte contre les gardiens du Système. Le nouveau Président choisi, Monsieur Moïse va tout simplement se désagréger et disparaître de la scène. Vous m’avez eu !, s’écrira-t-il, main sur le cœur, une année après le début de l’opération Peyi Lòk. Vous avez réussi à trouver mon point faible. C’était la Cour de Cassation depuis tout ce temps. Il ne me reste plus qu’à démissionner. Tenez, ma démission. Et pft! Adieu Moïse !

Des médias se font enthousiastes et titrent sur le départ inévitable de celui qui doit inévitablement partir. Politiques et militants se félicitent d’avoir pris de court les hypocrites qui sont certainement saisis. Voilà qu’ils ont réussi l’impensable, trouver, en dépit du fait qu’ils exigeaient tous la démission du Président, un accord sur la démission du Président. Certes, Fanmi Lavalas, fidèle à elle-même, s’est bien abstenue de rejoindre l’accord – cela ne doit pas particulièrement la tenter de vivre l’expérience Gérard Gourgue de l’autre côté de la barrière – mais la Passerelle entre les cinq nouveaux regroupements de l’opposition plurielle est un succès. Ne reste plus qu’à décider de qui ira mettre la cloche au cou du chat.

Nos leaders laideurs politiques savent parfaitement qu’ils n’ont pas les moyens de mener à terme leur projet de prise hétérodoxe du pouvoir. Le Colonel Himler Rébu, passé maître ès coups d’Etat ratés, a bien dû le leur dire. Aussi, s’adonnent-ils à un spectacle de mauvais goût tandis que nos droits les plus élémentaires sont foulés au pied et que nous vivons (et mourons) terrorisés par des « leaders communautaires » aux sponsors variés.

Pas plus que Jovenel Moïse, ces messieurs – puisque, comme d’habitude, en politique haïtienne, le mâle existe – ne jouissent d’aucune légitimité, ne représentent aucun bloc de solidarité et ne bénéficient d’aucune crédibilité. De l’Alternative Consensuelle qui ne laisse pas le choix et ne fait consensus qu’avec elle-même au Bloc démocratique pour le redressement national lancé quatre jours avant, en passant par Mache Kontre créé post-Passerelle, la table de concertation réunit, entre autres, de vieux amis, anciens fonctionnaires, anciens ministres, anciens et jamais élus et autres anciens candidats très malheureux à la présidence en quête d’importance, de pertinence, de signifiance.

Malgré tout, de tous les acteurs de cette farce morbide, les nouveaux politiques sont possiblement les plus pénibles. Particulièrement prolixes en analyses qui n’en sont pas, les voilà justifiant le ridicule, trouvant des victoires dans l’échec le plus cuisant et cherchant à ériger en vertu le fait de brasser du vent. Avec un peu de chance, ils comprendront vite qu’ils font de piètres hommes politiques et retourneront à leurs affaires pour que nous puissions, avec un peu de chance, vaquer aux nôtres.

Enfin, pourvu que Moïse Jean-Charles ne nomme pas son Président autoproclamé

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