Il était une fois, un pauvre bougre, « né à Port-au-Prince le 23 janvier 1972, homme d’affaire, demeurant et domicilié à Delmas 60 appartement 5, marié, père de (2) enfants » qui s’est trouvé devant le juge pour avoir été évadé de la prison de Croix des Bouquets. Trois mois plus tôt, le malheureux – dont le généreux chauffeur lui avait, à son insu total, kidnappé les deux enfants Moscoso – était condamné à 18 ans de travaux forcés pour « complicité d’enlèvement et de séquestration contre rançon, le 16 octobre 2012 des enfants d’un homme d’affaires haïtien« . Mais les dieux de ses ancêtres veillaient. Le juge reconnut, cette fois, son innocence et ordonna qu’on le mette en liberté si aucune autre charge n’est retenue contre lui.
Les autres charges retenues contre lui lui ayant valu de passer les 18 prochaines années en prison – et le cadeau de Noël Léger ne le concernant pas – la remise en liberté n’est pas pour demain. N’empêche, ce doit être une vraie soulageance pour lui de voir enfin reconnaître son innocence. Déjà que ce n’est pas facile de se retrouver, à son corps défendant, parmi 300 évadés de prison alors que d’autres, comme Sonson Lafamilia (nom civil, Woodley Ethéart ) ont eu la chance de rester bien douillet à l’intérieur. Ajoutez à cela la misère atroce de devoir attendre deux jours pour que, finalement, grâce aux efforts conjugués des forces de sécurité haïtiennes et dominicaines, l’on vous rattrape et vous ramène au bercail. Quelle pénible et terrible expérience! L’on comprend que le juge Fredd’Herck Leny n’ait pu y voir « aucune charge ni indice pouvant établir la responsabilité pénal du nommé Clifford BRANDT ». La justice, dit-on, est aveugle.