Mais vous attendez quoi d’Ariel Henry au juste ?

Quelque chose céans me fascinera toujours. Notre capacité à dénoncer l’inacceptable tout en l’embrassant pleinement. Car, enfin, comment expliquer ces appels réguliers au Dr Ariel Henry pour qu’il améliore nos conditions de vie. En tant que quoi ? Il n’a aucune légitimité. Ne nous est redevable en rien. N’a même pas eu la décence d’arriver au pouvoir par un coup d’État normal.

Voilà bientôt deux ans qu’il est là, sans calendrier aucun, à faire passer le temps alors que le pays tombe progressivement entre les mains des gangs et tout ce que nous trouvons à lui opposer ce sont de piteuses injures sur Internet. Deux ans qu’il est réputé être le premier des ministres d’un chef d’État inexistant. Reprenons lentement : Ariel Henry serait à la tête d’un gouvernement sans chef d’État et la chose passe crème. Mieux, son gouvernement existerait alors qu’Haïti n’a plus aucun.e élu.e depuis plus d’un an. Mieux encore, nous lui adressons nos récriminations, comme s’il s’agissait d’un vrai chef d’un vrai gouvernement d’un vrai chef d’État.

Cette hallucination collective s’accompagne d’une prise en otage de la population par des chefs de gangs aux noms de guerre particulièrement pathétiques. Comment sommes-nous passés de Grenn Sonnen à Ti Makak, je vous le demande ! Car, enfin, c’est insultant. Des testicules qui sonnent parce qu’ils sont en métal, c’est bizarre certes, mais cela évoque la plus mâle virilité. C’est compréhensible que leur propriétaire fasse peur. Mais c’est humiliant de devoir fuir sa maison à cause d’une bande dirigée par un macaque, petit de surcroit. Peu importe qu’ils aient des armes. C’est dégradant !

Où est-ce que j’allais avec tout ça ? Ah oui. Ariel Henry. C’est qui déjà ?