Courrier de Pologne : les boursier.e.s d’Ayiti College apportent des éclaircissements

Ce billet n’en est pas un. Il publie verbatim deux lettres reçues par e-mail. Je suis présentement en province avec un accès à internet difficile et ne peux faire mieux.


Lettre 1: REQUÊTE DES ÉTUDIANTS HAÏTIENS EN POLOGNE

Bonjour Madame Patricia CAMILIEN 
Nous sommes les étudiants haïtiens ayant été emmenés à Varsovie (Pologne) par AYITI COLLEGE en Octobre 2019. Nous avons finalement décidé de briser notre silence suite à la réponse d’AYITI COLLEGE à la lettre du professeur JÓZEF KWATERKO accusant ce dernier de racisme

Nous avons écrit une lettre pour défendre le professeur de cette accusation et éclaircir certains points.

Nous vous serions éternellement reconnaissants si vous publiez notre lettre dans votre [blogue], faites s’il-vous- plaît, entendre la voix des sans voix!

P.S: Pourriez-vous aussi publier  la lettre de Roodley NOSTHÉ pour appuyer la notre S’il vous plaît. 


Nous, les étudiants d’Haïti en Pologne,  nous confirmons que tout ce que le professeur JÓZÈF KWATERKO a écrit dans l’article du 4 Août 2020 à propos du traitement d’AYITI COLLEGE à notre égard est BEL ET BIEN VRAI. 

Accuser le professeur JOZÈF KWATERKO de racisme témoigne de la plus grande bassesse et ça nous blesse profondément. De plus, depuis en Haïti il était convenu que tous les étudiants -qu’il soit déstiné à étudier la médecine en Italie ou le management en Pologne- étudieraient en Anglais. Or, AYITI COLLEGE nous a seulement donné une misérable heure de cours d’anglais par semaine, ce qui ne suffit pas pour faire des études en Anglais. 

AYITI COLLEGE prétend que nous avons abandonné les cours de Polonais, tandis que ces derniers ont étés interrompus faute de paiement. Lisez ci-dessous un extrait du mail que nous avons reçu de l’institut de langue polonaise POLSKI INSTITUT JĘZYKOWY le 2 Juillet 2020:

《 Dear Coordinators and Students,
Unfortunately, due to the unsolved administrative issues, we are forced to suspend the implementation of your Polish language course by the decision of the school Director, until the payment formalities will be settled. We hope that we will be able to cooperate to solve this issue over the next few days, which will allow us to restart classes from the 10th of July.》

Aussi, le Mercredi 5 Août 2020, l’une des représentantes d’AYITI COLLEGE en Pologne nous a filmés sans notre consentement, de ce fait, nous  pensons que la vidéo dont on parle dans l’article du 11 Août 2020 ne constitue aucune preuve.

En fin de compte, nous voulons mettre l’accent sur le fait que tout ce qui importe pour nous est de débuter nos études universitaires, comme l’a mentionné le professeur JÓZEF KWATERKO dans l’article du 4 Août 2020. Nous souhaitons de tout coeur qu’AYITI COLLEGE réponde à ses engagements envers nous.

Cordialement,

Stacy Volcy
Nelly Guerrier
Stéphanie Saget
Sabrina Morency
Larissa Fils-Aimé
Miranda Jennifer Saget
Sylvie Marie Régine Etienne
John Dalton Julio Fils Sinord


Lettre de Roodley Nosthe, ancien etudiant haitien de l’Université de Varsovie à Frantz Duval, le 15 août 2020

Cher Frantz Duval,

Je vous écris en réponse à l’article écrit par Monsieur Sean A. Cormier paru dans Le Nouvelliste le 11 août dernier.Je ne suis pas un homme de média. En revanche, je ne peux garder silence devant autant d’audace et de mensonges. Étant un des anciens boursiers du gouvernement polonais (2011-2013) puis de l’Université de Varsovie (2013-2014), je côtoie le Professeur Jozef Kwaterko depuis bientôt 10 ans. Donc, je le connais assez bien pour rejeter les accusations de Monsieur Cormier voulant faire croire que le professeur serait raciste et qu’il n’agit pas dans l’intérêt des jeunes haïtiens venus étudier en Pologne. Bien au contraire !

Je suis en copie de tous les courriels échangés entre le Professeur et les étudiants. D’ailleurs, c’est moi qui les ai mis en contact avec lui après que j’ai eu la chance de les rencontrer le 23 décembre dernier. Quand je leur ai parlé des programmes de bourses dont j’ai bénéficié pour faire mes études à Varsovie, ils m’ont demandé de les mettre en relation avec le professeur de littérature francophone québécoise et caribéenne de l’Institut des Études Romanes. Ce que je n’ai pas hésité à faire tant les incohérences de leur programme de bourse me laissaient perplexe. 

Contrairement au programme initié par le professeur et voté par le sénat de l’Université de Varsovie au lendemain du tremblement de terre du 12 janvier 2010, le programme d’Ayiti College est pour le moins mal charpenté. Pourquoi de futurs étudiants en médecine à l’Université Federico de Naples se trouvent-ils à apprendre le polonais et un peu d’anglais à Varsovie ?

À mesure que les jours passaient, des doutes se sont confirmés. Soit les responsables d’Ayiti College ne savent pas ce qu’ils font ; soit ils n’agissaient pas de bonne foi. Déjà il y avait très peu d’informations disponibles sur l’organisation à part son adresse à Londres et une page web qui en faisait une très courte présentation accompagnée de la photo d’un enfant. Ce qui a poussé à l’achat du rapport ci-joint au sujet de ladite institution. [ndlr: je n’ai pas reçu le rapport, je l’ajouterai le cas échéant; idem pour les autres pièces jointes auxquelles il est fait référence dans ce texte.]

Pour revenir aux accusations du président d’Ayiti College, elles ne sont pas fondées ! Elles ne sont qu’une invention de toutes pièces de monsieur, qui aurait pu être un bon romancier tant son imaginaire fictif me semble fécond. Le professeur a seulement souligné, dans un courriel daté 29 avril 2020, que faire des études en langue polonaise exige un niveau C1 en polonais, selon le cadre européen commun de références pour les langues, sanctionné par une institution reconnue. Vu la charge horaire hebdomadaire et les subtilités de cette langue slave, il n’est pas certain qu’ils atteindront ce niveau en si peu de temps. Par conséquent, il est plus réaliste d’atteindre le niveau B2 exigé pour être admis aux études en anglais. Une photo du corps du message se trouve en attache à ce mail. Vous pourrez vous en faire une idée.

Depuis, grâce à l’assistance soutenue du professeur et à ses démarches incessantes, les jeunes haïtiens ont passé des examens en vue d’obtenir les certificats pour étudier en anglais. En outre, ils ont bénéficié de réductions, de rallonge des délais de paiement voire de bourses d’exemption. Ils peuvent en témoigner.

Vous comprendrez alors qu’Ayiti College a été mis en difficulté devant son incapacité à expliquer ses actes, son opacité, ses choix irrationnels, et ses non-dits. Et qu’en guise tirer des leçons de ses faux pas, son fondateur se retranche derrière des fausses accusations et des mensonges en évoquant la thèse raciste. La rigueur des questions du professeur Kwaterko et sa bonne connaissance du système universitaire polonais ont mis à nu l’incompétence des responsables d’Ayiti College.

Je n’ai rien contre l’initiative en soi. La mission de cette organisation est noble. Encore faut-il la mener à bien et l’accomplir dans le respect des normes, dans la transparence, sans contraintes ni menaces. Monsieur Cormier ferait mieux d’apprendre des ses erreurs pour mieux faire à l’avenir au lieu de menacer quiconque de poursuites judiciaires. C’est bien son organisation et ses responsables qui en pâtiront, car ils ont commis suffisamment de fautes pour que l’institution soit interdite de fonctionnement en Pologne. 

Certains diront que je prends la défense d’un étranger au lieu de me solidariser à mon compatriote. Mais, je n’ai rien à faire de ces faux patriotes et nationaliste rétrogrades. Chez moi, il n’y point de solidarité dans l’incompétence, la médiocrité, la mauvaise foi ou la malhonnêteté. Nous devons apprendre à cultiver le sens du travail bien fait, la rigueur, la transparence, l’honnêteté… Ça me gêne de voir des étrangers devoir faire montre de compassion et de générosité envers mes jeunes compatriotes à cause du manque de leadership éclairé d’un aîné.

En guise de conclusion, je voudrais terminer en réitérant des interrogations qui n’ont toujours pas été clarifiées par Ayiti College : 

  1. Pourquoi les jeunes avaient été promis d’aller étudier à Naples alors que l’organisation se donne pour mission d’aider à les jeunes à faire des études exclusivement dans quatre pays : Pologne, Roumanie, Turquie et Georgie ?
  2. Ils voulaient étudier la médecine pour la plupart. Pourquoi vouliez-vous qu’ils s’inscrivent à Mazovia College qui ne compte pas cette discipline dans son offre d’études ?
  3. Pourquoi avoir envoyé deux fausses preuves de paiement à l’université ? Savez-vous qu’elle peut vous poursuivre en justice pour faux et usage de faux ?
  4. Vous avez dit « ambassadeurs » en vous référant aux jeunes étudiants vivant à Varsovie. Pourquoi ont-ils fait l’objet de menaces de rapatriement à un certain moment et tous leurs documents étaient placés sous contrôle ? Les ambassadeurs sont traités avec beaucoup de respect et non dans l’indignité. N’est-ce pas vrai ?

Espérant que cette correspondance puisse faire lumière sur certaines zones d’ombre, je vous prie, Monsieur Duval, d’accepter mes salutations distinguées.

Respectueusement,

Roodley NOSTHE, MA.LLM.

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