Le coronavirus et la science

Cette semaine, je discutais avec un ami biologiste qui trouvait irresponsable les démentis catégoriques, émissions après émissions, de tout ce qui tenait des impacts possibles de la chaleur et de l’humidité sur la propagation de la COVID-19. « Patricia, me disait-il, un virus est une molécule complexe et donc il est des facteurs abiotiques à prendre en compte, de ceux qui pourront activer sa reproduction ou déstructurer la molécule. Par exemple, on sait qu’une température élevée dénature les protéines ». – Est-ce à dire que l’eau chaude ou le printemps aiderait, fis-je un brin espiègle.- « Non, mais on ne peut écarter la chaleur d’un revers de main. Du reste, bientôt les blancs en parleront et, tu verras, tout changera. »

Hier, c’était fait. Les blancs en ont parlé. Ce matin, dans Libération, je suis tombée sur cette entrevue où l’hypothèse est posée.

Vincent-Henri Peuch, directeur du Service européen de surveillance atmosphérique Copernicus, explique comment la recherche sur le Covid-19 se penche maintenant sur une possible transmission par les particules en suspension.

Avant que mon ami ne me relance, je lui ai envoyé l’article. Par probité intellectuelle. Mais aussi parce que ce qu’il me disait me semblait raisonnable et que, dans le doute, je m’abstenais.

J’ai eu des discussions similaires avec un ami généticien qui ne comprenait pas pourquoi on rechigne autant à parler en termes clairs et simples d’un protocole de prise en charge à la chloroquine – le MSPP, si l’on en croit les discussions internes semble s’acheminer vers cette voie. Lui était encore plus brutal que le biologiste. « Patricia, les médecins ne sont pas des scientifiques, ce sont des techniciens. Ils ont du mal parce que ce que fait le Pr Raoult – le très antipathique et caractériel professeur promoteur du traitement à la chloroquine en France et en Occident – ne correspond pas à ce qu’ils ont appris sur les bancs de l’école. »- Et le protocole ?-  » Un vieux machin datant de la deuxième guerre mondiale. Le corps médical a mis en place, pour des raisons évidentes, beaucoup de barrière à l’adoption d’un nouveau traitement mais le plus important encore est de s’intéresser au nombre de morts, faute de traitement. »

Avec les médecins, cela va dans tous les sens, selon qu’ils soient plus dans la technique ou l’expérimentale. Mais, il est une chose que toutes ces opinions diverses voire contradictoires rappellent : il n’existe pas véritablement de science dure et la méthode scientifique est affaire d’expérimentation et donc de tâtonnements. Le reste est hypothèse à tester, paradigmes à changer, territoire à conquérir.

Ce nouveau virus est extraordinaire dans sa capacité à nous mettre, nous espèce autoproclamée dominante sur la planète, à nu. D’abord, apprendre que nous ne sommes pas essentiels – et donc pouvons être confinés pendant des mois à faire du « télétravail » sans que l’espèce ne s’en porte plus mal. Puis, réapprendre que notre domination est vite enrayée par une petite molécule de 125 nm. Enfin, nous rappeler que notre connaissance (science) du monde qui nous entoure est loin d’être définitive et que c’est en combinant nos savoirs que nous pourrons trouver une solution à cette crise.

Après, quand ce sera passé – parce que ça va passer, 80% des malades connus s’en sortent sans traitement aucun et certaines personnes infectées ne présentent aucun symptôme – il est à espérer que nous n’aurons pas perdu ce sentiment de communion, même et surtout à distance, dans notre humanité. Naturellement, nous n’en ferons rien mais c’est beau de rêver.

4 commentaires sur “Le coronavirus et la science

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  1. Oh que j’aime votre écriture!
    Je suis de près la polémique autour du traitement à la chloroquine proposé par le professeur Raoul, et j’ai comme l’impression qu’il y a une peur principalement du côté des médecins français. Ils ne savent pas ce qui pourrait se passer, ils ont peur de l’inconnu; d’éventuelles complications dues au traitement, des séquelles et même de son efficacité. Pourtant des essais cliniques ont été réalisés, mais ils trouvent les résultats peu convainquants.

    J’aime

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