Cette semaine, comme bien des semaines précédentes, des bandi sont morts, tués par la police ou par d’autres bandi. Ils sont morts parce que les bandi, ça meurt. C’est dans l’ordre des choses. Pas besoin de chercher plus loin. Cela ne vaut même pas que l’on s’inquiète.
Dans son discours d’une rare pertinence ce 18 novembre 2018, le Président Jovenel Moïse n’a même pas jugé nécessaire d’en parler. Lui qui, pourtant, s’émeut de tout, partout sur la planète, n’a même pas eu un mot pour les morts de Lasalin. En déposant sa gerbe de fleurs pour honorer les ancêtres, il ne lui est pas venu à l’esprit de s’enquérir de leurs descendants bandi.
Les bandi sont une espèce à part. Ils vivent dans des geto. Des geto où on les laisse libres de vivre selon un autre droit, le non-droit. Des geto où on les laisse libres de mourir, par la grâce de chefs qu’ils se sont vus donnés. Des geto d’où, ce matin, on s’est efforcés, balles chantantes mais sans succès, de les empêcher de sortir demander, comme d’autres citoyens, #KotKòbPetroCaribeA.
Il arrive que, dans ces concerts de balles, quelques-uns y laissent la vie. C’est dans l’ordre des choses. Avec quelques jours de retards, la police se résignera à reconnaître que des bandi sont bien morts mais ce sont des bandi, l’information s’arrêtera donc là. Ils n’auront même pas droit à la traditionnelle enquête qui se poursuit. Ils sont nés coupables. Ils ont vécu coupables. Ils meurent coupables.
Ils meurent coupables à chaque fois que A., B. ou un autre en décide ou quand la police, lors d’une descente dans le geto, les tue pour nous protéger, nous habitants de geto d’un autre genre, contre ces bandi dont la misérable vie serait une menace constante pour la nôtre. La menace constante que représente le geto pour leur vie à eux n’a malheureusement aucune espèce d’importance. Cela ne dérange guère. Cela fait partie du plan.
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