Le Président Moïse pourra-t-il tenir ses promesses ?

Nous reprenons ici, avec son autorisation, un article de @jakobjohnston publié hier dans The Nation.

La traduction française est de @patricia.camilien. Une version créole est en cours d’élaboration.


Le Nèg Bannann s’est comparé à Trump – il avait encore plus raison que nous ne le pensions.

La nouvelle est tombée un vendredi après-midi, vers la fin de la seconde moitié du match de quart de finale de la Coupe du monde opposant la Belgique et le Brésil, l’équipe nationale adoptée par la majorité des fans de football haïtiens. Quelques minutes plus tard, le Brésil perdait le match. Peu de temps après, des milliers d’Haïtiens étaient dans les rues, mais pas à cause du résultat décevant du jeu.

Le gouvernement annonçait qu’il mettait fin à la subvention des produits pétroliers, ce qui ferait monter en flèche le prix de la gasoline qui passa à $4.50 le gallon, du jour au lendemain, soit une augmentation de 38%. Le kérosène, très utilisé par les citoyens les plus pauvres du pays, augmenterait de 51 pour cent, à près de $4 le gallon. Si le calcul était que la plupart des Haïtiens seraient distraits par le football, le plan aura échoué.

Quelques mois plus tôt, dans le cadre d’un accord avec le Fond Monétaire International (FMI), le gouvernent avait accepté de mettre fin aux subventions. « Les gens attendaient cette décision », a expliqué une source policière, « et tout le monde, dans chaque zone, était préparé à réagir ».

Quoique le carburant subventionné profite principalement aux riches, n’importe quelle augmentation du coût de la vie peut être catastrophique dans un pays où 60 pour cent de la population vit avec moins de $2.40 par jour. Les manifestants construirent des barrages routiers et brûlèrent des pneus partout dans la capitale, Port-au-Prince, et bientôt des démonstrations éclataient à travers le pays. Samedi matin, la situation avait empiré. Un soulèvement avait commencé.

Les manifestants ont semblé cibler des hôtels internationaux et un supermarché appartenant à une des familles les plus riches d’Haïti. Mais, tout comme le malaise économique du pays a frappé la classe moyenne, les protestations aussi; en général, environ 80 entreprises de toutes les tailles ont été endommagées. Des compagnies aériennes internationales annulèrent leurs vols vers Haïti, tandis que des riches s’enfuyaient du pays à bord d’hélicoptères ou de jets privés. Au final, 20 personnes ont été tuées et plus de 50 arrêtées.

Moins de 24 heures après l’annonce initiale, le gouvernement est revenu sur l’augmentation des prix. Et une semaine plus tard, le 14 juillet, le Premier ministre Jack Guy Lafontant a été forcé de démissionner plutôt que de succomber à un vote de censure embarrassant au Parlement. Mais les chocs de cette décision initiale ont continué à se répercuter et à exposer les lignes de faille qui continuent de menacer la démocratie de Haïti.

Entré en fonction en février 2017, le Président Moïse se retrouve désormais seul à la tête du gouvernement, mais il fait face au test le plus difficile de sa présidence.

Entrepreneur agricole issu de l’Haïti rurale, Moïse a été avancé comme le candidat qui pourrait alimenter une nation affamée. Et il est arrivé au pouvoir avec de grandes promesses de sécurité alimentaire, de routes pavées, d’électricité à travers tout le pays et de mesures de répression sur la corruption. Après son élection, Moïse a assimilé sa propre victoire à celle d’un autre homme d’affaires devenu président : Donald Trump. « Le président Trump et moi sommes des entrepreneurs, et tout de ce qu’un entrepreneur veut, c’est des résultats, » disait-il à l’époque.

Mais les résultats se font attendre. La pénurie alimentaire reste élevée et les multiples années d’inflation à deux chiffres, couplées avec la monnaie locale accusant une perte de la moitié de sa valeur, a érodé le pouvoir d’achat dans un pays qui est fortement dépendant des importations. Haïti reste une des sociétés les plus inégalitaires du monde, tandis que le gaspillage au niveau du gouvernement et l’inaction ont alimenté la perception que les politiciens du pays sont plus intéressés par leur propre résultat final que celui de leurs constituants.

La réponse à l’élimination de subventions sembla parvenir comme un choc à Moïse et son administration, comme s’ils ne pouvaient pas voir la réalité qui les entourait. Pourtant l’annonce de l’augmentation des prix du carburant revenait à jeter une allumette sur un une brassée de brindilles trempée d’essence; cela n’aurait pas dû surprendre de la voir partir en fumée.

Trou-du-Nord, situé dans le Nord-est d’Haïti, est la ville natale de Moïse et le site de la plantation de bananes qui lui vaut son surnom, Nèg Bannann, l’homme de la banane, en créole.

Dans une ancienne colonie soumise à des siècles d’exploitation et trop cliché pour un roman de Graham Greene. Mais il a résonné à travers le pays et a servi d’argument de vente au néophyte en politique.

En septembre 2015, tout juste un jour après le lancement officiel de sa campagne présidentielle, Moïse se tenait debout au milieu de ses champs et s’exclamait avec fierté : « Nos bananes sont maintenant en route pour l’Europe. » C’était la première expédition de son entreprise et, d’après celle-ci, la première exportation de bananes en provenance d’Haïti en plus de 50 ans.

Moïse, le choix du parti au pouvoir pour prendre les rênes du pays, a officiellement reçu la majorité des votes lors de l’élection 2015, mais ces résultats seront rejetés à cause d’irrégularités « massives ». Son prédécesseur, Michel Martelly, laissa le pouvoir à la fin de son mandat et fut remplacé par un gouvernement provisoire composé en grande partie d’adversaires politiques. Puis, en octobre 2016, l’ouragan Matthew dévasta la péninsule sud d’Haïti, retardant considérablement la reprise des élections.

Moïse était le candidat le mieux financé parmi les 54 candidats à la présidentielle, et avec, en prime, une entreprise internationale de relations publiques à son service, il a pu entretenir une longue campagne là où d’autres ont dû s’effacer à cause des retards. Avec des stocks de denrées – y compris de bananes et de bananes plantains – décimés par l’ouragan, Moïse sembla être l’antidote parfait.

« Sans [la plantation], m’expliqua Jean-Max Bellerive, un ancien premier ministre qui occupa aussi une fonction au sein du gouvernement provisoire, » il ne serait jamais devenu président.  »

Toujours est-il, moins de 20 pour cent des électeurs enregistrés sont sortis voter. Même si Moïse a décroché une majorité parlementaire et la présidence, le mandat populaire dont il s’est revendiqué n’a jamais été et la chose est devenue clair avec l’agitation récente.

Le temps de culture d’un bananier est de neuf mois. En novembre 2017, un an après l’élection de Moïse et neuf mois après son entrée en fonction, je me suis rendu à la plantation qui l’a catapulté à la présidence pour vérifier par moi-même si l’Homme de la Banane avait commencé à porter des fruits.

Une clôture, formée de tiges de bambou maintenues ensemble par les reliures à peine visibles du fil de fer barbelé, s’étend le long de la route menant à la plantation de banane de 1,250 hectares de Moïse, un domaine faisant trois fois la taille de Central Park à New York. En 2013, le gouvernement déclara cette terre partie de la toute première zone franche agricole du pays. Le gouvernement accorda un accès exempt d’impôt et un prêt de 6 millions de dollars à une nouvelle entreprise, Agritrans, appartenant à Moïse, le président de la chambre de commerce locale. Des investisseurs anonymes ont contribué au moins 10 autres millions de dollars.

De retour sur la route, la clôture de bambou laisse place à l’entrée d’Agritrans. Il n’y a aucun bureau réel ici. Juste une grande porte métallique, quelques conteneurs d’expédition vides, un panneau effacé et de la terre, beaucoup de terre.

Une poignée d’ouvriers observe un excavateur Hyundai flambant neuf, au moteur gonflé à bloc, alors qu’il commence lentement à triturer la terre, maintenant en grande partie envahie par l’herbe. Plus loin, une douzaine d’ouvriers environ semblent planter des boutures dans une petite zone nouvellement labourée. Comme j’allais bientôt l’apprendre, aucune banane n’avait été expédiée depuis l’élection de l’Homme de la Banane.

« Après l’élection, ils sont passés à la caisse », m’expliqua sur place un technicien en eau, avec un haussement d’épaules. Je pouvais voir un système d’irrigation serpenter par les champs avant de disparaître dans la distance. Il m’indiqua une petite construction à quelques centaines de mètres de là où je pourrais trouver l’homme responsable.

Erlin Tijerino, un agronome costa-ricain, spécialiste de la banane, est perché sur un tapis roulant calé dans la zone de traitement. Tijerino n’a pas de bureau, mais cela lui convient. Le tapis ne s’était pas déplacé une seule fois en plus d’une année – depuis qu’il a été embauché.

Quand Tijerino s’est présenté pour son premier jour de travail, peu après que Moïse ait gagné l’élection, tous les bananiers étaient déjà morts. « Le sol n’était pas adapté, » a-t-il expliqué, « il était difficile de cultiver des bananes. »

L’implication de ce qu’il venait de dire me prit un moment.

Quand je l’ai rencontré, Tijerino supervisait un processus pour améliorer le sol et commençait à peine à planter une nouvelle variété qu’il espérait être mieux adapté au terrain. Il attendait une première petite récolte pour début de 2018. Moins de cinquante hectares avaient été replantées – environ 5 pour cent du terrain qui se cachait derrière la clôture de bambou. Il prendrait du temps pour le rendre viable. Le sol, expliquait-il, était mieux adapté à la production à petite échelle de produits alimentaires comme des arachides, le maïs et des haricots.

« Nous avions l’habitude de vendre nos marchandises au marché pour acheter des produits alimentaires locaux, » me dit Nadia. Mais maintenant, continua-t-elle, son expression endurcie, « c’est surtout le riz importé que nous mangeons. »

Nous étions debout à côté d’un cadre de parpaing construit d’un quart, coincé entre la maison de la mère de Nadia et la route qui passe à côté. De l’autre côté de la route est la clôture d’Agritrans et derrière, toute cette terre libre. Mais cette terre n’est plus libre pour Nadia ou le reste de la foule qui s’est réunie à côté de sa maison rachitique.

Nadia se rappelle encore le jour, plus de quatre ans plus tôt, où Moïse s’est montré avec les tracteurs. Sa famille avait vécu et avait cultivé cette terre pendant plus de 30 ans, à ce qu’elle m’a dit. Puis, un jour la clôture est apparue – avec sa maison à l’intérieur. Quelques jours plus tard, les tracteurs sont arrivés et ont démoli la maison et ce qui restait de sa vie précédente.

Nadia et son mari ont traversé la rue et emménagé chez sa mère. Lentement, Nadia et son mari ont réussi à économiser et commencé à construire leur propre maison sur le même lot. Mais il est décédé peu de temps après. Depuis, elle n’a pas pu se permettre de continuer à construire. C’est ainsi que la maison construite d’un quart reste là, vide, un rappel constant de tout ce qui a été perdu.

Agritrans avait promis qu’environ 3,000 fermiers locaux trouveraient du travail sur la plantation. Mais les fermiers qui s’étaient réunis à la maison de Nadia jurent n’avoir jamais marché un jour sur la terre d’Agritrans. À la plantation, les salariés m’ont dit que seulement quelques douzaines sont là à plein temps. Et pour le peu de fermiers assez chanceux pour obtenir des changements rotatifs préparant des champs, la paie journalière est d’environ $3.50.

Jennifer Vansteenkiste est une anthropologue canadienne qui faisait un travail sur le terrain dans la zone de Trou-du-Nord quand Agritrans a pris le contrôle de la terre. Sa recherche fournit un rare aperçu de l’impact réel des mégaprojets comme Agritrans sur ces communautés déplacées. Son étude « avant et après », publié en mai 2017, a montré un changement radical de régime et des pertes de revenu significatives. En moyenne, elle a trouvé que chaque personne a perdu environ $1,400 par an. Quelques familles ont reçu un petit paiement unique, en guise de compensation pour la perte de leur terre et de leur gagne-pain. Mais personne avec qui j’ai parlé n’avait reçu plus de $700 environ.

Mais quand j’ai demandé aux gens réunis chez Nadia pour qui ils avaient voté, presque chaque résident proclama sans hésiter « Nèg Bannann! » Moïse a reçu plus de 85 pour cent des voix à Trou-du-Nord. Il est d’ici, disaient-ils. Il a fait des promesses, disaient-ils .

Même après son entrée en fonction, la campagne de l’Homme de la Banane ne s’est jamais vraiment terminée. En route vers le nord-est, je me suis arrêté dans les champs de riz fertiles de la Vallée Artibonite. C’était ici, après son entrée en fonction, que Moïse lança « la Caravane du Changement, » un programme de développement fourre-tout qui voyagerait partout dans le pays et remettrait la production agricole à son plein potentiel.

J’ai rencontré Mesadieux Alexis, le leader d’une coopérative agricole créée par la Caravane, à un moulin de riz qu’il opère à Pont Sondé. Dans le cadre du programme, le gouvernement a fourni de nouveaux tracteurs et des moulins à crédit à de telles coopératives. L’odeur de diesel utilisé pour faire fonctionner le moulin est lourd dans le bâtiment sombre, rempli jusqu’au plafond de les sacs de riz en attente de traitement.

Alexis explique que le problème n’est pas leur capacité de production, mais le fait qu’il n’existe aucun marché pour le produit. Alexis se réjouit du support de la Caravane, mais « nous devons être préparés à affronter le gouvernement, » me dit-il. « Nous ne pouvons pas produire le riz s’ils continuent à l’importer. »

Dans les années 1990, sous la pression de Washington et des prêteurs multilatéraux incluant le FMI, Haïti a fait tomber les droits de douane pour le riz de 50 à 3 pour cent. « Le Riz de Miami » importé a inondé le marché. Le régime alimentaire haïtiens a changé depuis. Aujourd’hui, l’Haïtien moyen obtient presqu’un quart de sa consommation calorique quotidienne du riz, dont 80 pour cent est importé.

L’effondrement de l’agriculture paysanne a poussé des centaines de milliers d’Haïtiens à quitter le pays et des millions de plus dans les nombreux taudis de la capitale où ils sont plus que jamais dépendants des importations. Mais une fois là, les Haïtiens font face à un coût de la vie extraordinairement élevé. L’histoire de la participation du FMI, et son impact délétère, ne peut pas être séparée de la réponse à l’augmentation des prix du carburant.

Mais malgré l’accent apparent mis par l’administration sur la destruction de ce mal persistant en se concentrant sur la production nationale et les moyens de subsistance ruraux, beaucoup d’organisations paysannes sont de plus en plus frustrées. Environ 20 organisations ont signé une déclaration en octobre disant que si « le président a beaucoup parlé d’agriculture, » il a tenu les agriculteurs à l’écart. « Les attaques les plus importantes contre l’agriculture dans les familles paysannes viennent de l’État haïtien lui-même, » concluait la déclaration.

Le fait que, même si sa plantation réussit un jour, la récolte de l’Homme de la Banane a toujours été destinée à un public étranger n’aide pas. Et les boutures sont elles-mêmes importées.

Mais la Caravane a aussi été sous le feu de la critique pour son manque de transparence financière. La Caravane n’est pas mentionnée dans le budget officiel et le gouvernement finance le programme en utilisant des fonds d’une variété de ministères, rendant difficile la reddition des comptes.

Quoique j’aie, à plusieurs reprises, demandé des informations financières plus détaillées au gouvernement, on ne m’en a fourni aucun. « Il n’y a aucun papier, quoi que ce soit, » me dit Tonny Joseph, un consultant international et militant de la bonne gouvernance.

En février 2018, j’ai appelé le cabinet du président pour une entrevue. Je voulais en savoir plus sur la Caravane, qui les investisseurs anonymes d’Agritrans étaient vraiment et comment cette plantation, qui n’avait presque rien exporté pouvait toujours être en activité. Après s’être initialement engagé à m’obtenir rapidement des réponses, le personnel a brusquement arrêté de répondre.

Mais, deux semaines plus tard, avec les chefs d’État des nations de la Caraïbe, présents pour un sommet de haut niveau en Haïti, Moïse et un convoi de véhicules officiels est arrivé à Trou-du-Nord, à Agritrans. Dans des clips vidéo d’excellente qualité, on peut voir le tapis roulant que Tijerino, l’agronome, avait utilisé comme son bureau, maintenant chargé de bananes vertes.

Le fait demeure, toutefois, qu’Agritrans n’a jamais fait de bénéfice. Depuis que Moïse a commencé sa campagne présidentielle avec cette première expédition, seulement un conteneur supplémentaire a quitté le port et c’était il y a plus de deux ans, en avril 2016.

En tant que zone franche, Agritrans est légalement obligé d’exporter 70 pour cent de sa production. En 2014, l’entreprise a signé un accord à long terme avec une entreprise allemande, Port International, incluant l’expédition de jusqu’à 60 conteneurs par semaine. Agritrans a prétendu que l’effort replantation a été faite en coordination avec leur partenaire international, mais l’entreprise a offert une version contradictoire.

Mike Port, un responsable de l’entreprise a confirmé pour moi qu’il n’y a pas eu de communication récente avec Agritrans. « Nous avions juste 2 expéditions et il semble que pout des raisons inconnues Agritrans n’était pas dans en moyen d’établir la relation que nous avons voulu », m’a écrit Port via courrier électronique en février. « Nous avons perdu contact pendant et après des élections. »

Ce n’est pas clair comment la société peut avoir des fonds restants sur le montant initial, et anonyme, d’investissement, ou si elle a payé quoi que ce soit au gouvernement sur le prêt de démarrage de 6 millions de dollars. Wilson Laleau, le ministre du Commerce à l’époque et un cousin de la femme Moïse, a signé l’accord accordant les terres d’État et les exonérations d’impôt généreuses à Agritrans. Laleau est aujourd’hui le chef de cabinet de Moïse.

Alors que le gouvernement a dû, sous pression, éliminer des subventions de carburant, Agritrans, elle, a profité de près de 600,000 dollars d’exonérations d’impôt pour les importation seulement. Comme les Américains sont aussi en train de l’apprendre rapidement, cela peut être une délicate affaire que d’avoir un homme d’affaires comme président. Surtout quand il a une histoire d’allégations d’inconvenance financière.

En août 2016, le bureau anti-blanchiment du gouvernement (l’unité centrale des renseignements financiers, UCREF, ndlt) a sorti une enquête sur l’alors-candidat Moïse, identifiant un certain nombre de comptes bancaires suspects (incluant au nom d’Agritrans) et des transactions qui semblaient indiquer une participation dans le blanchiment d’argent.

Une autre enquête, celle-ci par l’unité anti-corruption du gouvernement (unité de lutte contre la corruption, ULCC, ndlt) , a constaté que Moïse avait reçu deux prêts personnels totalisant des centaines de milliers de dollars en 2011 et 2013 d’une banque gérée par l’État maintenant au bord de la faillite. L’enquête a allégué que la banque n’avait pas effectué les vérifications préalables avant d’accorder les prêts à Moïse. L’enquête a trouvé que, après « des retards et des irrégularités » sur les paiements, le deuxième prêt a été restructuré. Le solde restant d’environ 160,000 $ était dû le mois dernier.

Les deux dossiers ont été transmis à un juge d’instruction avant l’investiture de Moïse mais des organisations locales de droits de droits humains disent qu’il n’y a eu aucun progrès depuis. Moïse a catégoriquement rejeté les découvertes de l’enquête comme étant politiquement motivées. Une fois en fonction, il a renvoyé le directeur du bureau anti-blanchiment.

Moïse a fait campagne comme le candidat de l’Haïti rurale, l’homme qui pourrait reconstituer la production nationale et alimenter une nation affamée. Moïse a été élu président, mais ces fermiers déplacés dans sa ville natale sont laissés à regarder de l’autre côté de la route, par la barrière d’Agritrans, la terre en grande partie en jachère qui les a une fois supportés. Aujourd’hui, Moïse est un président sans gouvernement.

La gestion abyssale de l’ajustement des prix du carburant a aliéné des alliés, encouragé ses ennemis e forcé le président à la table de négociations. Ce n’était pas juste la réponse à l’élimination des subventions qui a semblé arriver comme un choc, mais aussi la fragilité politique du président.

Son premier Premier ministre, Lafontant, n’avait jamais non plus occupé de fonctions politiques et son choix garantissait que Moïse ne serait pas éclipsé. On le connaît comme insulaire, résistant à la critique et dépendant d’une petite coterie de conseillers proches, mais il est devenu clair que Moïse devra s’adapter pour sortir Haïti de sa crise actuelle. « À quand la fin du one-man show? » titrait le Nouvelliste, le plus grand et le plus ancien quotidien d’ Haïti, après des manifestations.

L’ancien Premier ministre Bellerive est impliqué dans les négociations avec le gouvernement pour trouver une sortie de crise. Pour lui, c’est le profil de Moïse en affaires qui, plus que tout le reste, révèle ses défauts. « Ils l’ont vendu comme un entrepreneur, » il me disait plus tôt dans l’année, « mais la manipulation est plus grande qu’Agritrans. Il n’a eu aucun succès réel. »

Son CV en affaires consista à diriger un magasin rural de pièces automobiles et une entreprise de distribution d’eau. Sous son prédécesseur, Martelly, une autre entreprise de Moïse a reçu un contrat gouvernemental pour installer des feux solaires. Il a été accusé de défaut de livraison dans une enquête du Sénat sur la corruption (Rapport de la commission sénatoriale spéciale d’enquête sur le fonds Petrocaribe couvrant les périodes allant de septembre 2008 à septembre 2016, ndlt) – une charge qu’il a rejetée.

Pourtant, Bellerive continue, « chaque échec a abouti à un bond en avant, donc il ne peut pas voir la réalité. Il s’est convaincu que contre toute attente il réussira. » Il me rappelle Trump, ajouté-je.

Aujourd’hui, cette réalité est devenue de plus en plus difficile à ignorer.

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