Le vrai problème d’Haïti c’est… sa classe moyenne

Pour S. que ce vent anti-parlement inquiète, surtout dans le contexte actuel de réhabilitation de régimes autoritaires par certains

Notre classe moyenne est peuplée d’idiot.e.s. La classe qui doit nous sauver. Celle qui a fait des études avancées. Celle qui a, conceptuellement et historiquement, vocation à changer le pays. Notre classe moyenne est peuplée d’idiot.e.s qui pensent pouvoir faire la leçon à ce pauvre petit peuple qui n’y entend rien.

Voilà un groupe de professionnels qui, d’années en années, se complaît dans les solutions simplistes. Le vrai problème d’Haïti c’est… La solution est de … Il n’y a donc qu’à. Les doers font donc. Lorsque, immanquablement, ils échoueront, ils ont une échappatoire toute trouvée. Le vrai problème d’Haïti c’est… les haters, ces « intellectuels« – le mot est presque toujours une insulte – qui ne font que critiquer. On les applaudira à tout rompre. On crachera sur les aigris… le plus grand problème d’Haïti.

On se comprend. Les problèmes à une équation et une inconnue sont simples et faciles à résoudre.

2x = 10 =>x =5

Alors, plutôt que de nous intéresser à la réalité, nous préférons créer la nôtre, y inventer un problème – selon un paramètre donné et un seul – pour pouvoir, comme par magie, lui trouver une solution. Puis, nous partons, par monts et par vaux, claironner notre belle « innovation » . Nos amis dans les médias relaient l’aberration. Nos amis sur les réseaux sociaux amplifient la bêtise. Nous nous félicitons l’un l’autre d’avoir fait œuvre qui vaille, en permettant à la mauvaise information de chasser la bonne parce que l’information de qualité est trop difficile, trop longue, trop chère à produire.

Nous oublions trop vite que les bonnes choses prennent du temps et que les vraies solutions sont généralement coûteuses. Nous ignorons avec superbe que les politiques publiques ne consistent pas à aligner des « solutions » comme on fait sa liste d’épiceries mais qu’il nous faut tenir compte de leur mise en œuvre tant dans leur élaboration et application que dans leurs conséquences.

Il était une fois un empereur romain qui voulut restaurer la gloire de l’empire et réussit plutôt à le détruire grâce à la peste portant son nom.

C’était au 6ème siècle de notre ère, l’empire romain n’était plus que l’ombre de lui-même. Dans l’empire byzantin (Empire romain d’orient), l’empereur réfléchissait à la meilleure façon de conduire son empire à un nouvel âge d’or. Le vrai problème de l’empire romain, conclut-il était- non pas le pouvoir autoritaire ou la perte des vertus civiques – mais le manque de vivres pour nourrir les pauvres. La solution fut donc de faire la guerre aux territoires voisins et y les assujettir à une taxe en grains. Les régions rurales ainsi conquises devaient permettre de nourrir les pauvres et renforcer la vie dans la cité.

Pour des raisons de saisons et de climats, il fallut stocker les grains dans de vastes entrepôts qui abritaient des rats porteurs de la yersina pestis – ou peste bubonique. Celle-ci aura vite fait de s’étendre de villes en villes dans toute la méditerranée. Dans la Capitale, à Constantinople, la peste justinienne réclamait la vie de jusqu’à 5000 personnes par jour et fit si bien qu’un quart de la population du pourtour de la méditerranée en mourra.

La vie réelle n’est pas à CNTP, ceteris paribus sic stantibus. Il n’y existe pas de conditions normales de température et de pression. Les choses ne sont jamais égales par ailleurs. La réalité n’a que faire des réalités que nous nous inventons.

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