À Jocelerme Privert, merci

Hier, notre Prince de la Saint-Valentin a cédé la place au dauphin rose de l’ancien roi-bouffon. Il aura tenu sa promesse et accompli son mandat en organisant des élections présidentielles, législatives et locales, dans une certaine indifférence de la population, certes, mais dans une relative stabilité. Pour cela, il mérite bien quelques remerciements. Notre nouveau prince a salué l’exploit dans son discours d’investiture. Certes, nous sommes moins certains que lui d’assister au « retour d’Haïti sur le chemin de la démocratie », mais les débuts de cette nouvelle présidence auraient pu être bien moins sereins. Ce calme, même trompeur, est un bien trop précieux pour ne pas dire merci à ceux qui y contribuent.


Dans son discours – malheureusement peu inspirant – Jovenel Moïse a repris ses thèmes de campagne: l’ordre, la discipline, la création de richesses et la construction d’une Haïti inclusive.

[I]l est venu le temps, nous dit-il, de conjuguer intégrité, moralité, mérite, ordre et discipline, le temps de restaurer la confiance entre le peuple, les dirigeants et les institutions du pays. C’est la condition sine qua non pour redresser Haïti, combattre les crises institutionnelles, consolider l’État de droit, relancer l’économie, améliorer les conditions de vie des Haïtiennes et des Haïtiens.

En effet, pour sortir Haïti du transitoire, il nous faudra combattre notre allergie aux institutions et travailler à les renforcer. Le fait que presque tous les élus prévus par notre Constitution vont pouvoir siéger est une avancée importante. Qu’il n’y ait plus d’agents parachutés par l’Exécutif à la tête de nos communes est salutaire. La commune étant le lieu de la démocratie (Tocqueville), elle peut et doit devenir le laboratoire privilégié de l’Haïti de demain.

La démocratie, nous l’avons vu, doit être l’affaire de tous. La démocratie locale facilite cette participation réelle de des habitants à la vie de la communauté en permettant aux citoyens de s’investir et investir dans les projets d’intérêt général. Cette participation suppose que les habitants s’impliquent dans la discussion des politiques à adopter, coopère dans la prise de décision et contribue à la mise en oeuvre de ce qui a ainsi été arrêté.

C’est dans cette construction commune du vivre ensemble, cette volonté de mettre sur pied d’égalité les acteurs et les décideurs dans le processus participatif, que réside la clé de notre développement réel, qui ne peut-être que local et intégré. Elle suppose une disponibilité réelle de l’information – au-delà des faux-semblants – de façon à prévenir les acteurs par des donnés claires, objectives et aisément accessibles, de sorte que, chaque citoyen puisse se renseigner, se documenter et faire des choix informés.

Le citoyen informé peut prendre des initiatives et faire des propositions. Il peut être consulté sur le devenir de sa communauté et travailler effectivement à des solutions aux problèmes de la communauté, sur la base des ressources et des atouts de celle-ci. Cet exercice devrait permettre aux élus de jouer pleinement leur rôle qui n’est pas seulement de satisfaire ce qu’ils croient être les besoins des différentes localités du pays mais surtout de prendre en compte les demandes qui en émanent, avec hiérarchisation des priorités et responsabilisation de la communauté.

Par la démocratie locale, nous nous proposons d’offrir à l’État haïtien, fragile et discrédité, un modèle d’intelligibilité capable d’anticiper et d’orienter la prise de décisions efficaces et adaptées. Pour cela, nous retenons l’hypothèse suivante:

  • La théorie sur la marginalisation et le soi discrédité de Goffman, conditionne le regain de crédibilité à deux actions : jouer un autre rôle, trouver un autre public.
  • La démocratie participative locale privilégiant les actions par cooptation, un Etat coopté – inspiré des modes d’organisation hétérarchique – pourrait satisfaire aux deux conditions.
  • Ce nouveau contrat social librement choisi – et non simplement justifié par la philosophie politique – renforcera le sentiment d’appartenance à l’Etat et donc sa légitimité.

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