Au Commissaire du Gouvernement de Port-au-Prince

Monsieur le Commissaire Clamé Ocnam Daméus,

Je souhaiterais, si tel n’a pas encore été le cas, attirer votre attention sur un cas de violence domestique qui m’interpelle en tant qu’être humain, en tant que femme et en tant qu’Haïtienne et pour lequel je souhaiterais la mise en mouvement de l’action publique.

Depuis bientôt une semaine une triste affaire défraie la chronique et alimente des débats des plus inciviques sur les réseaux sociaux. Entre accusations de toute pièce, humiliations en règle et spéculations galopantes, l’affaire Roody-Rutshelle, puisqu’il faut bien la nommer, semble laisser peu de gens indifférents. Il y a environ trois heures toutefois, mettant fin aux supputations effrénées des réseaux, le principal intéressé, Monsieur Roody Pétuel Dauphin – nom d’artiste, Roody Roodboy – vient, par lettre, de « présenter [s]es excuses … à Rutshelle Guillaume et à [s]es fans … [parce que] la persistance et la pertinence [!] de [leurs] escalades verbales ont failli [?] se transformer en violence physique ». Il confirme ainsi ce que savaient déjà ceux d’entre nous qui avions vu les photos de Mademoiselle Guillaume, un œil ensanglanté et le visage tuméfié.

En postant cette lettre sur Facebook, Monsieur Dauphin semble penser avoir clos la question et croire que la seule amende à payer, pour l’ensemble des torts causés à son ancienne partenaire depuis le début de cette malheureuse affaire, est une lettre d’excuses qui n’en est pas une et dont il avait déjà fait l’annonce un jour plus tôt au Nouvelliste. Il se fend même à la fin de son message d’un « Viv Fanm, Aba Vyolans » comme une mesure péremptoire devant servir de déflecteur à qui voudrait lui faire remarquer la violence de son acte.

Monsieur le Commissaire,
Il est inacceptable que la société haïtienne doive assister, une fois de plus, impuissante à une telle violence contre une des siennes. Le cas de Ginoue Mondésir assasinée par Valdo Jean vient à l’esprit mais toutes les victimes de la violence de genre en Haïti ne sont pas célèbres. Dans la grande majorité des cas, elles se taisent pour des raisons multiples liées à leur statut économique, leurs croyances ou leur manque de foi dans le système judiciaire. Le plus triste est qu’elles ont généralement raison. Le Rapport sur la réponse de la police et du système judiciaire aux plaintes pour viol dans la région métropolitaine de Port-au-Prince de la MINUSTAH (2012) souligne la nonchalance avec laquelle nos institutions étatiques traitent les violences contre les femmes : renvoi aléatoire aux tribunaux de paix, à la brigade des mœurs ou au Parquet ; importance moindre accordée aux viols qu’aux autres crimes ; enquêtes non systématiques ; tenue de registres généralement faible … L’affaire Roody-Rutschelle pourrait être ce catalyseur qui permettra enfin aux femmes haïtiennes d’oser porter plainte contre leurs partenaires domestiques et d’oser croire en la justice. Elle pourrait être ce catalyseur qui permettra aux Haïtiens en général de comprendre que la violence contre les femmes, comme toute autre violence, est inacceptable et illégale.

Au milieu des spéculations quant au déroulement de ce que Roody Roodboy – qui semble se poser en émule du chanteur américain Chris Brown – appelle un « incident », Rutshelle Guillaume a pris l’avion pour New-York sans piper mot. Comme beaucoup de femmes victimes avant elle, Mademoiselle Guillaume, semble n’avoir pu trouver d’autres parades que la fuite … devant les quolibets de la foule qui semble décidée à l’ensevelir sous la honte. Monsieur le Commissaire, aucune victime ne devrait avoir honte des violences qui lui sont faites. Rutshelle Guillaume – et toutes les autres haïtiennes dans le même cas – doivent pouvoir compter sur la justice de leur pays. Les aiderez-vous ?

Patricia Camilien
Femme haïtienne

37 réflexions sur “Au Commissaire du Gouvernement de Port-au-Prince

    1. Violence pa bn certe, men sil t kenbe pyel sa pa tap rive. Si Gen yn victime c Roody. Tout moun knnen leu ou pile k chien li mòde. C pas yo violence yo fe sou li a kap innocentel de sal f yo. Sa c yn deception pu fanm

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      1. Se kòmantè w la ki se yon desepsyon pou fanm- yon desepsyon pou tout moun- paske w ap blame yon viktim pou sa ki rive l la.

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  1. J’aime bien les reglements et tout ce que vous dites dans cette lettre est bien mais avez vous posez la question qui a le droit de faire les suivit contre Roody, est ce le commisaria ou la police a le droit de l’arreter ou autre sans que la victime en question le veux ou encore faire une declaration, ou mandat contre lui. Et meme si elle l’avait fait si elll l’avait annuler la loi ne pourra rien faire car on l’avait trouver en (frangant delit). Alors la decision est entre les mains de Ruthchelle ok.

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    1. Justement la décision n’est pas entre ses mains. Elle est entre celle de la société haïtienne, représentée par le ministère public, lésée par l’acte criminel. C’est le b-a ba de la poursuite pénale. Que la victime pardonne ou pas n’y change rien. La poursuite ici relève exclusivement du parquet. D’où ma lettre.

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  2. C vraiment pas possible de rentrer dans ce ki vous regarde pas, c a Rutshelle de prendre cette décision
    Et si vs portez plainte contre Roody pour son acte de violence physique il faudrait ke Roody aille porter plainte pour violence psychique
    Il est battu moralement ce pauvre
    Vs pensez faire la justice tt en faisant de l’injustice
    Vs faites l’avocat du diable juste pr vs prouvez ke vs etes des féministes alors k’il n’en est rien
    Une femme ki veut revendiquer son droit doit avoir le respect de soi avant tte chose
    Si vs perdez votre estime de soi votre respect il est normal ke vs en subissiez les conséquences
    Arrêtez de juger les gens, arrêtez de vs melez des affaires des autres
    Mêlez vous plutôt dans le cas des familles monoparentales ki souffrent
    Il y a des chose bcp plus importantes ke de fourrez votre nez dans le couple de kelkun

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    1. oh mon Dieu! ce commentaire a beau etre daté d’un an que je ne peux m’empecher d’en rire. c’est pathétique; il est battu moralement le pauvre…

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  3. Mw felisitew pou lèt ou, pou demach ou, pou montrew se yon fanm vanyan ki kont vyolans sou fanm
    Men nan ka ou fel la, ou defann move bo a
    Eske trayizon, mansonj, vol de konfyans permis?
    Raple nou ke se 2 moun ki te nan konkibinaj, donk si gen trayizon, vol konfyans, mansonj
    Sa ka ensite vyolans konjugal
    Mw swete prochèn fwa konsyans lan prezan nan lèt ou an madam.
    Merci

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      1. Je suis d’accord avec la reponse de ISH, ceci n’explique pas cela. En outre, Roody pourrait juste prendre une respiration profonde et quitter la maison au lieu de frapper sa copine. La violence ne sert a rien. Ceci est mon humble avis.

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    1. Non ou gen tò, pa gen anyen ki ka jistifye vyolans fisik, ni sou timoun ni sou fanm, tout vyolans fisik ki fet kont kikonk, dwe pote devan tribunal, epi agresè a dwe juje e puni kòm sa dwa. –

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    2. Bon mwen dakò li pa nòmal pou kelkeswa moun nan fè vyolans sou fanm men tou fhttp://youtu.be/4oYC9TNg4ycok medam yo genyen kouraj pou yo kanpe yon relasyon lè li paka mache byen o lye wap twope moun nan. Nan ka sa se pa di fe pou nap voye ann chèche rezoud pwoblem nan anndan 2 fanmi yo. Pa bliye nou nan yon peyi ki deja pa genyen jistis sa ka rive ou wè moun ki merite jistis la se pa li ki jwenn li. Mpa kwè se mwen kap enfòme nou sa,si yon minis jistis ka rive vyole segretè li alò de ki jistis nou vle pale. Enjistis plis triyonfe sou jistis.Mwen apresye demach la men sa ka toujou rezoud an moun debyen pa ekspoze koup la plis ke sa. Ruth e Rood se 2 moun fòme ki fè yon erè.

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  4. Je comprends votre point de vue mais l’action publique doit être mise en mouvement par Rutshelle. Cependant, mm si elle decidait de retirer sa plainte, le Com du Gouv pourrait poursuivre au nom de la société ! Tel n’est pas le cas! Roody n’a pas été pris en flagrant délit! Cette decision revient uniquement a la fille…

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    1. Merci de présenter si calmement votre point de vue, c’est une chose bien rare aujourd’hui. Il importe toutefois de rappeler que le Commissaire évalue seul l’opportunité des poursuites, il n’est pas lié par l’existence éventuelle d’une plainte. S’il juge que l’affaire ne mérite pas de traitement judiciaire, il est libre de le classer sans suite. La décision lui revient toutefois. J’en parle dans mon dernier article. Je vous ferai aussi remarquer que ma lettre vient en réaction à celle (publique) de M. Dauphin et sa tournée dans les médias où il reconnaît lui-même les faits.

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  5. Mw menn gen yon fanm ki bat mw
    M pite plent . Lè yo mandem sa t fèl m bay verite sachant que li jwenn mw ak yon lòt fanm
    La jistis li gen rezon li nan pla menm.

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  6. Que pensez-vous de toutes ces femmes battues a longueur de journée mais qui ne sont pas aussi populaires que Ruthshelle? Pourquoi n’allez-vous pas les chercher dans leur coin de larmes et de souffrances, les encourageant a porter plainte, les guidant a suivre correctement les procédures? Pourquoi ne réclamez-vous pas un Ministère de la famille pour encourager les couples a prendre de bonnes décisions, ou les aspirants au mariage a faire des choix censés et éclairés? Etes-vous conscients(tes) que la violence n’est pas toujours physique? Qu’en dites-vous pour ces enfants atrocement battus par des femmes? Pourquoi n’avez-vous jamais pris position pour eux et leur situation ne date pas d’hier? Pourquoi n’encouragez-vous pas les femmes a se respecter, les hommes a respecter et a aimer leurs femmes pour une société plus juste et émotionnellement équilibrée? D’autres pourquoi suivront car la relation entre l’homme et la femme est tellement complexe qu’on ne doit pas l’aborder a la surface. C’est un problème de société, En outre, sur les réseaux sociaux, et dans certains endroits privés/publics des femmes ont dit et diront encore qu’il est normal pour une femme d’être battue si elle ne se respecte pas. Pour elles, la violence physique de certains hommes est la CONTREPARTIE de la violence psychologique subie. Alors que pensez-vous qu’il est nécessaire de faire dans cette société où nous n’avons pas la pratique de porter, même lorsqu’on est effectivement victime?
    Et si la femme a conclu dans son fort intérieur qu’il lui avait subir pire que ce lui, il lui a fait ? Aurat-telle raison de porter plainte?

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  7. MOI je suis contre la volience sur toutes les forms. Au point que je suis pour l’ equite de genres. Je Remarque que madame ,vous fermez les yeux sur ce que qui a pousse la reaction de monsieur Dauphin. Personne n’a le droit de lever la main sur persoone , mais l’infidelite est une sorte de violence egalement.

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