Très récemment, un homme d’une rare intelligence mecspliqua que j’étais une des rares personnes qu’il suivait sur Twitter et lisait religieusement mais que, parfois, il me trouvait hystérique et qu’il en avait conclu – à l’évidence – que les gens dans mon entourage ne devaient pas m’écouter beaucoup.
Naturellement, lui se proposait de m’écouter beaucoup. Je crains toutefois n’avoir pas eu la grâce de lui en être reconnaissante. Il était mal tombé. J’avais mes règles et étais donc d’excellente humeur. En temps normal, je l’aurais remercié pour ses commentaires lumineux et lui aurais souhaité de passer une excellente journée avant de gentiment raccrocher.
Nous n’étions pas en temps normal. J’avais – je le rappelle – mes règles. Je suis une personne différente quand j’ai mes règles. J’ai ri de la bonne blague – lui aussi – et lui ai demandé de me donner un exemple de ce comportement hystérique. Bizarrement, le pauvre avait du mal. J’ai voulu l’aider. Peut-être qu’il me trouvait hystérique parce que je suis une femme, si ? Après tout, le mot lui-même vient d’utérus et donc peut-être …
Il s’empressa de me rassurer. Non. Jamais. Il n’est pas sexiste. Le mot hystérique n’a rien à voir avec les femmes. Des hommes aussi peuvent être hystériques. Il sait de quoi il parle. Il a fait des études en psychologie ….
Comme il s’enfonçait, je décidai de lui tendre une perche – quand j’ai mes règles, je suis magnanime. À défaut d’un moment exact, peut-être qu’il pourrait trouver un sujet. Un sujet sur lequel je suis généralement hystérique. Il ne trouvait pas. Il retirait. Pas hystérique, je n’étais pas hystérique, au final. Ce n’était pas le bon mot.
Il voulait parler pays, changement, rêve … mais je suis une personne différente quand j’ai mes règles. Mes habitudes d’enfant gâtée sont à leur paroxysme quand j’ai mes règles. Je n’allais pas lâcher si vite une conversation qui me fascinait au plus haut point.
J’ai voulu en savoir plus sur les gens dans mon entourage qui ne m’écoutaient sans doute pas. Mais puisqu’il retirait. Je voulais tout de même savoir. Il retirait, il retirait. Il voulait parler nouvelle constitution, prochaines élections, des meilleurs moyens de sauver Haïti™.
J’ai fini par l’écouter. J’avais besoin d’une pause et toute cette conversation m’amusait. J’ai fini aussi par lui dire au revoir. Ma pause se terminait et il fallait que je me remette au travail.
N’empêche, c’est particulier d’appeler quelqu’un pour lui dire qu’on l’admire et la traiter d’hystérique esseulée d’entrée de jeu. Qu’est-ce qui se passe dans la tête de celui qui se lance dans une telle aventure ? Est-ce que l’idée est de provoquer une réaction « hystérique » pour prouver son point ? Ou alors s’agit-il de se poser en sauveur qui vient corriger le défaut de la personne autrement admirable ?
Jusqu’ici, les tristes histoires de negging et de pickup artists me paraissaient loin de moi et de mon entourage – qui est le meilleur au monde, soit dit en passant. J’avoue toutefois que je ne savais pas que le negging pouvait aussi exister en politique … C’est que, tenez-vous bien, l’homme en question voulait me proposer d’être candidate.
Je vois aussi chez ce monsieur un incontinent complexe d’infériorité. Il a besoin de rabaisser l’autre pour exister. Ces gens sont dangereux
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