Le 29 avril 2017, le Vénézuela entamait officiellement une procédure de retrait de l’organisation des États Américains. L’annonce avait été faite 3 jours plus tôt par le Ministre des Affaires Étrangères vénézuélien, avant d’être confirmé, le lendemain, sur Twitter, par le président Maduro lui-même:
La procédure qui doit durer 24 mois démarre suite à l’invocation de l’article 143 de la charte de l’organisation par l’État souhaitant la laisser:
Cette Charte restera en vigueur indéfiniment, mais pourra être dénoncée par n’importe quel Etat membre au moyen d’une déclaration écrite adressée au Secrétariat général, qui, dans chaque cas, fera part aux autres Etats de la dénonciation reçue. Deux ans après la date de réception d’un avis de dénonciation, les effets de la présente Charte prendront fin pour l’Etat qui l’aura dénoncée et celui-ci cessera d’être lié à l’Organisation après avoir rempli toutes les obligations découlant de la présente Charte.
Charte de l’OÉA, article 143.
Le 29 avril 2019, hormis une petite embûche constitutionnelle – l’article 24 de la Constitution vénézuélienne intègre directement la Charte – et dix millions de dollars d’arriérés à payer sur les cotisations, le Vexit devrait être effectif et le Vénézuela définitivement et volontairement sortie de l’OÉA, ce qui rend le vote haïtien d’hier encore plus irrationnel.
C’est la première fois dans l’histoire de l’organisation qu’un État fait usage de ce droit de dénonciation. Des États avaient jusqu’ici formulé des réserves à l’égard de certains articles (le Pérou pour l’article 116 quant aux facultés octroyées au Secrétaire Général) ou protocoles (Haïti qui, hormis la Charte, n’a ratifié que le Protocole de Buenos Aires). Une situation qui a créé une véritable mosaïque au sein de l’organisation, avec sept groupes distincts, selon les protocoles ratifiés. Le Vénézuela est le premier État à souhaiter se retirer complètement, préférant se concentrer sur les relations Sud-Sud au sein de la Communauté des Etats Latino-américains et Caribéens.
Le Vénézuela, selon toute vraisemblance, continuera à définir une politique étrangère orientée Sud-Sud, avec les États ayant reconnu la légitimité du second mandat du président Maduro – et partageant une sainte méfiance des ambassades américaines – tels la Russie, la Chine, l’Iran, la Turquie ou encore le Nicaragua. Une expulsion temporaire quand on souhaite s’extirper de façon permanente n’est pas pour ébranler un Maduro au chavisme assumé.
Quand on pense que, en 2001, l’expulsion temporaire a été introduite pour punir les mauvais élèves de la démocratie comme Haïti, le vote d’hier en devient burlesque. L’abstention avait beau manquer de cran, elle aurait tout de même eu le mérite de faire sens.
Laisser un commentaire