Les dernières élections présidentielles remontent à 2016

C’est difficilement unenouvelle mais il me semble parfois que nous avons oublié. Aujourd’hui, Haïti n’a aucun élu parce que les élections de 2017, 2019 et des années suivantes n’ont pas eu lieu. Or, le retour à l’ordre constitutionnel démocratique est un élément clé dans la résolution de la crise. La situation d’a-constitutionnalité actuelle est source d’instabilité. À la crise de légitimité politique s’ajoute une crise institutionnelle qui ne s’arrêtera pas à cours d’accords politiques. Voilà pourquoi les pro-démocratie doivent se décider à faire entendre leurs voix et exiger des élections. Dans un délai fixe. En mode rétroplanning.

Plutôt que de discourir sur la possibilité d’organiser des élections « libres et démocratiques », concentrons-nous sur ce qu’il faut faire pour y arriver. Une commission électorale indépendante ? Soit, fixons-en les règles et donnons-nous les moyens de les faire respecter. Un processus électoral lisible et transparent ? Alors, assurons l’accès de tous les citoyens.nes haïtiens.ennes à des informations de qualité. Une participation active de la société haïtienne au processus démocratique ? Responsabilisons toutes les parties prenantes: société civile, partis politiques, gouvernement et communauté internationale. Un climat sécuritaire ? Justement, parlons-en.

La perte du contrôle d’une grande partie de son territoire consacre la faillite de l’État haïtien que, nous l’avons dit, il faut rendre à son intégrité. La présence de gangs armés dans des quartiers de plus en plus nombreux de la capitale est un problème majeur pour la sécurité des citoyens, l’économie nationale, la justice sociale et même le développement du pays. Il importe donc de prendre des mesures et vite pour combattre la criminalité organisées. Le renforcement des capacités de la police nationale arrive en tête de liste. La communauté internationale, le gouvernement, les acteurs politiques locaux … tous s’accordent sur cette nécessité d’augmenter la capacité de réponse de nos forces de l’ordre. On en parle moins mais il faut sans doute inclure dans cette réflexion le renforcement de nos tribunaux; la lutte contre la criminalité ne pouvant se faire sans celle contre l’impunité.

Il ne suffit pas toutefois d’en parler; il faut agir. Le bouillant président salvadorien offre en exemple son état d’urgence de longue durée. La Jamaïque, qui réussit généralement à tenir ses gangs éloignés des touristes, a alerté ses  un déploiement multinational d’assistance à la sécurité en Haïti. Les deux sont bien les seuls à se dire prêts à accompagner une intervention militaire en Haïti. D’autres options existent toutefois. Pendant longtemps, en 2019 déjà, l’emploi d’une société militaire privée a été évoquée. Plusieurs fois. L’assassinat du président de la République par des mercenaires colombiens semble avoir momentanément détourné de cette option mais elle revient peu à peu dans les discussions privées.

Les sociétés militaires privées (SMP) permettent aux gouvernements de se maintenir au-dessus de la mêlée et prétendre ne pas connaitre des crimes commis par leurs contractants. C’est là leur grande attraction. Les SMPs sont souvent responsables de graves violations des droits humains et posent des problèmes tant éthiques que légaux que le Document de Montreux sur les entreprises militaires et de sécurité privée ne sait résoudre. De plus, leur taux de réussite – en dehors de la protection des biens des multinationales – est difficile à évaluer. C’est donc une question à évaluer avec prudence, même dans le cas d’une intervention rapide, bien limitée dans le temps.

Que la guerre contre les gangs passent par une police nationale renforcée, une intervention militaire, l’emploi de mercenaires ou une combinaison des trois, il importe de comprendre que tout répit ne sera jamais que temporaire tant que nous n’aurons pas un plan de réduction des facteurs contribuant à la croissance des gangs armés: inégalités économiques, pauvreté extrême, marginalisation sociale … La lutte doit en être une de justice sociale, pour améliorer l’éducation et la formation professionnelle, favoriser la création d’emplois et permettre aux communautés défavorisées de résister au crime organisé.

Aussi n’est-il pas réaliste d’attendre la fin des gangs pour organiser des élections. Nous risquerions d’être encore sous le règne d’Ariel Rex pour dix ans encore. Voir plus si Dieu et la communauté internationale lui prêtent vie et pouvoir. Du reste, voilà plus de six ans que cette excuse est brandie et les gangs n’ont fait que gagner plus de territoires depuis. Ne rien faire n’est, de toute évidence, pas une option valable. Il faut donc incroporer dans notre rétroplanning électoral le fait de l’existence des gangs. La littérature grise sur ce sujet suggère, entre autres solutions, l’augmentation des bureaux de vote et plus grande flexibilité quand à l’affectation des électeurs. Une autre possibilité évoquée est celle du vote électronique – une option utilisée par le Brésil, grand habitué des gangs, et qui nous l’avait d’ailleurs déjà proposée, il y a plus d’une décennie.

Une fois l’approche solution admise, le reste devrait suivre. Des élections générales en juillet 2023 ? De quoi rentrer autrement dans la prochaine année académique et fiscale ? Rétro-plannifions.

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