Au début, j’étais touchée. Touchée que vous continuiez à me demander de réagir – même si j’ai déjà écrit sur tout ce qui se passe en ce moment, souvent pour vous prévenir, des années à l’avance, que cela allait se passer exactement ainsi. Mais il y a plus de 500 billets sur ce blogue et il est possible, malgré les nombreux liens vers les billets précédents, vous en ayez raté quelques-uns. Voilà pourquoi, sur Facebook et Twitter, un algorithme vous les republie désormais, 3 par jours, au cas où. Tout de même, c’était sympathique de recevoir vos messages au début.

Cela l’est devenu infiniment moins quand vous avez commencé à agir comme si je vous devais d’écrire.

Je comprends que certains d’entre vous aient pu développer une sorte de relation parasociale avec moi. Grand bien vous fasse ! Mais reconnaissez tout de même que vous vous y êtes pris tout seuls. Hormis ce blogue et ses deux comptes sur les réseaux sociaux où je me contente d’écrire, je suis une personne furieusement privée. Pour la très grande majorité, vous n’avez aucune idée de ce à quoi je ressemble. Exprès. J’évite les médias comme la peste. Je ne suis pas dans vos télés ni dans vos radios. Je ne vous envoie pas des messages sur Whatsapp vous invitant à regarder ma tronche ou écouter ma voix. J’écris un billet. Vous le lisez ou pas. On peut difficilement faire mieux en termes d’expression non intrusive.

À mon tour, je ne demande qu’une seule chose. Que vous compreniez que je suis aussi libre d’écrire … ou pas … que vous êtes libres de me lire … ou pas.

À la mi-août 2015, lorsque j’ai commencé ce blogue, je m’étais engagée – pour 5 ans – à écrire tant que je serais excédée. Cinq ans, suffisamment, pensais-je alors, pour dire ce que j’avais à dire. La cinquième année est arrivée en 2020. Elle n’aurait pas pu mieux tomber. Une année où j’étais enfermée chez moi, courtoisie de la Covid-19, du kidnapping et d’une crise politique interminable. J’ai pensé fermer le blogue; l’on m’en dissuada, avec quelques raisons, puisque je l’utilise encore, une fois ou deux, en passant.

Juste en passant. Parce que, voyez-vous, je ne suis plus excédée. Ou plutôt je ne l’ai jamais autant été. Mais là où, avant, j’étais exaspérée, je ne suis plus que fatiguée. L’exaspération emporte agacement, irritation, énervement … et mène donc à la réaction. La fatigue, c’est autre chose. Elle évoque le découragement, l’affaiblissement jusqu’à l’exténuation complète. Dans ces cas-là, on se ménage … et on se concentre sur ce qui est utile.

Je n’ai jamais cru qu’il faille vivre ma vie dans un état de rage constant. Mes billets ont toujours fait une très large part à l’humour, la satire et le sarcasme … parce que justement la rage ne mène jamais à rien de bon et que je préfère éviter de me perdre dans les monstruosités que je dénonce.

J’ai commencé ce blogue pour exprimer mes opinions. Le titre est, il me semble, assez explicite. J’avoue refuser de comprendre comment, pour certain.e.s, ce blogue est devenu quelque chose que je leur dois.

Je. Ne. Vous. Dois. Rien.

Et c’est la dernière fois que j’écris sur le sujet.

Joyeuses Pâques à celleux qui les célèbrent !

11 réponses à « Je ne vous dois rien »

  1. Et moi non plus

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    1. Avatar de Patricia Camilien
      Patricia Camilien

      Voilà !

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  2. Pas même à tes fervents lecteurs et/ou admirateurs. 🤵

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    1. Avatar de Patricia Camilien
      Patricia Camilien

      Surtout eux. Après tout, ils ont déjà tous mes billets, les chanceux ! Que peuvent-ils bien attendre de plus ? 😀

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  3. […] En tout cas, c’est ce que je croyais. Ce matin, en discutant avec un ami, j’ai appris que la série continue d’exister sur YouTube où les deux premiers épisodes avaient déjà été publiés… et me voilà encore plus fatiguée. […]

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  4. […] tapis. Et comme j’avais raté la controverse la première fois – depuis quelques temps, je régule énormément les morceaux de “presse” qui m’arrivent – me voilà donc la découvrant avec une stupeur mêlée d’admiration pour le degré de […]

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  5. […] Mon trait toxique consiste est de continuer de croire – pour refuser de tomber dans des théories du complot – que nos Frankensteins, tout racistes light qu’ils puissent être, ne sont pas engagés dans un processus conscient de destruction de la première République noire. Je crois fermement que l’incompétence se révèle toujours autrement plus dommageable que les complots les mieux ourdis. Il est toutefois une atroce fatigue liée au fait de voir l’incompétent.e d’hier s’ériger en sauveur.euse d’aujourd’hui. Une fatigue paralysante à vous couper l’envie d’écrire. […]

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  6. […] parce que, céans, militer se réduit souvent à une parole indignée. Mais sans doute parce que les relations parasociales s’y installent à une vitesse inouïe et qu’il suffit de quelques phrases bien […]

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  7. […] vous soient si prédictibles. J’ai beau vous rappeler que le messie ne viendra pas, que je ne vous dois rien et que la Constitution m’interdit d’être présidente d’Haïti, cela ne vous […]

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  8. […] accompagner votre impatience légendaire et qui me transforme en moteur de recherche humain. Mais vous en êtes déjà conscients, bande de […]

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  9. […] Rank (1932) — désormais forcé de devenir influenceur et de prouver sans cesse à ses fans parasociaux qu’il mérite leur attention dans un monde où celle-ci s’évapore en quelques […]

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