$50,000.00 pour accuser de viol, l’histoire incroyable d’une amie de Ministre – Une exclusivité la loi de ma bouche

Ce matin-là, les oreilles que je n’ai pas n’en revenaient pas. Nous étions samedi matin, 12 septembre 2020, quelque part en République Dominicaine, lorsque mon téléphone se mit à sonner. C’était une drôle de sonnerie. Une sonnerie irréelle, comme quelque chose sortie tout droit d’une imagination enfiévrée et coupable. Une sonnerie de film d’horreur. Je pris mon courage de « femme qui croit aux valeurs et qui se respecte » et décrochai le combiné.

L’appel venait d’Haïti. L’appel venait avec une offre. L’appel venait de – attendez que je retrouve les mots employés par mon ami le ministre – « un laboratoire de femmes qui font leurs listes de personnalités à avilir…  [un] nouveau laboratoire d’accusations de viol, possédant  de l’argent pour accuser de viol et finançant des jeunes filles et des femmes en difficultés financières pour qu’elles disent qu’elles ont été violées par X ou par Y… « 

X ou Y ici était mon ami qui ne m’avait pas vue ni entendue depuis longtemps – comment l’aurait-il pu à une époque où l’être de notre amitié était encore néant? Mon ami était à la tête d’un ministère très important où un prédécesseur tout aussi important avait reçu les félicitations de son Président pour la qualité de sa relation avec la vérité. Beaucoup de gens voulaient donc le détruire et étaient prêts à tout pour y arriver.

Naturellement, je rejetai l’offre. Contrairement aux « délinquantes et scélérates » qui me l’ont proposée et toute cette vaste mer de femmes ordinaires que corrompt cette « nouvelle usine à accusation de viols », je suis une de « ces femmes extraordinaires, que l’argent ne fait pas danser ». Aussi, appelé-je immédiatement mon ami – qui, faut-il le rappeler, ne m’avait ni vue ni entendue depuis longtemps – pour lui parler « des offres alléchantes qui [m’] ont été faites de faire des témoignages contre [lui] ».

Coïncidence heureuse, mon ami venait de discuter d’homme à homme avec son protégé qui, pauvre hère, venait tout juste d’être victime de la cabale qui nous reconnectait le ministre et moi. Deux jours plus tôt, le malheureux avait dû briser son silence pour ouvrir les yeux du pays sur les immenses douleurs que cachait son bonheur de fils de la classe populaire, laborieuse, noire… victime sacrificielle d’une blogueuse raciste et classiste dégoutée par la pédocriminalité, le viol, le harcèlement et autres agressions sexuelles.

Mon appel n’aurait pas mieux tombé si mon ami ministre l’avait inventé de toutes pièces. En plus de son racisme et de son classisme, ce laboratoire faisait donc des offres de 50 000 dollars pour détruire la réputation d’honnête gens à la réputation douteuse ? Cela ne se passerait pas ainsi. Il fallait, rapide vite, dénoncer publiquement, via les réseaux sociaux, cette vague inacceptable de dénonciation publique via les réseaux sociaux qui s’annonçait, en « [e] spérant que la DCPJ, direction centrale de la police judiciaire, intervienne très vite pour démanteler ce gang de faussaires qui se croient adroits… [et] ne voient même pas venir la peine qu’ils méritent. »

Certes, mon ami avait raison. Sa dénonciation lui a valu quelques inimitiés et le voilà désormais sacré « ministre de la culture du viol » mais, tout comme Hegel qu’il n’a pas lu, il était un pauvre incompris, dont l’écriture était fermée au sens commun. Après tout, qui pourrait sincèrement croire que des hommes comme lui violent des femmes ? Qui ? Comme le dit si bien mon ami :

Le violeur [est] un traitre qui nie la force de l’amour. Car, il est si divin, en réalité, une femme qui , à l’homme qu’elle aime, s’offre de son meilleur voile, c’est vraiment mieux qu’une femme violée. La nuit et le jour…

Qui, devant un tel menu, ne choisirait pas l’option préférentielle sans viol ? Qui vous demandé-je ? Surtout quand cet acte vient avec le lot de dangers imaginaires dans lequel se trouvait désormais le protégé de mon ami. Mais bon, il existe possiblement des femmes violées et « s’il en est », mon ami ministre a aussi quelques réflexions utiles :

Elles ont besoin d’abord d’une force morale pour pouvoir anticiper sur l’acte de viol,  elles ont besoin autant que possible, de lutter physiquement déjà pour sortir des étreintes du violeur, elles ont besoin enfin de se relever, après le viol, et de réagir tout de suite, de chercher et de trouver secours. 

Je vous vois déjà vous demander si ce que vous venez de lire est une chose qui existe et qui a été produite de la main d’un ministre de la culture et de la communication en exercice. Je vous rassure, c’est bien le cas. Dans toute cette histoire, il n’y a que moi qui n’existe pas.

Anne O’Nym

Amie imaginaire du ministre de la culture du viol

République Dominicaine

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