Le Sénateur Garcia Delva a de grands rêves pour ce pays. Il veut en être le Président. Au 15 février 2019, il se disait en concertation (sic) avec tous les secteurs de la vie nationale « en vue d’envisager les stratégies à mettre en branle pour sortir le pays du bourbier ». Il avait omis de nous dire à l’époque que le secteur des bandits, professionnels du kidnapping, du viol et de la rapine, était du nombre. Pourtant ce n’était pas faute de le lui avoir demandé. Loop Haiti rapporte :
Garcia Delva rejette les accusations des membres de l’opposition radicale faisant croire qu’il serait en connivence (sic) avec le chef de gang Arnel Joseph … Il renvoie la balle dans le camp de ses accusateurs. « Des sénateurs Pierre Ricard, Antonio Chéramy alyas Don Kato étaient au côté du puissant chef de gang Arnel » Pour le sénateur de l’Artibonite, les accusations portées contre lui visent à réduire sa popularité, salir son image pour lui barrer la route en 2022.
C’était au lendemain de l’opération Peyi Lòk, où, comme pour aider le Président Jovenel Moïse à écrire son discours de la Saint Valentin, Arnel Joseph, tout activement recherché par la police qu’il était, était venu défiler dans les rues de Port-au-Prince.
Le Sénateur Delva se joindra aussi au Président, pour condamner cette opposition qui s’allie à des bandits pour détruire le pays:
De bons leaders ne sauraient conduire la population à des actes de violence, au vandalisme et aux pillages.
Il devait savoir de quoi il parlait, puisqu’il aura discuté au moins 24 fois avec Arnel Joseph pendant la même période.
Hier, au micro de Scoop FM, il a éclairci tous les malentendus. Il entretient de cordiales relations avec un de ses mandants, comme n’importe quel Sénateur qui se respecte.
Que celui ou celle qui n’a jamais aidé un bandit notoire – dont la bande sème la peur et la désolation depuis des années – à organiser des « championnats de football et autres activités culturelles » jette la première pierre.
Le Sénateur n’a donc pas à rougir de sa relation avec le chef de gang. Il est son ami, pas de connivence avec lui, il y a nuance. Prétexter autrement, c’est chercher à salir l’image de celui qui s’était rendu personnellement à l’aéroport récupérer un ancien trafiquant de drogues de ses amis, fraîchement libéré des geôles étasuniennes.
Ce sont d’ailleurs ces mêmes mauvaises langues qui chercheront à faire d’un accident de voiture en République Dominicaine où, Dieu merci, il n’a tué qu’un Haïtien, une affaire d’Etat. Il roulait trop vite. Cela arrive. Le fait qu’il soit généralement, pour user de la déroutante expression québécoise, saoul comme une botte, ne devrait avoir ici aucune importance. C’est vouloir activement le détruire que de le mentionner.
En parlant de bottes, justement, qu’étaient-ce ces gens qui s’étonnaient qu’il se vante crassement d’avoir acheté une paire de bottes Louis Vuitton ? Lui qui dépense 6 millions de gourdes par années chez les Sœurs pour l’éducation des jeunes filles – si, si, vous pouvez aller à l’école et vérifier par vous-même. Il le fait avec ses propres fonds, les fonds de Mass Konpa, son groupe.
Voilà pourquoi l’ancien député, accusé de vol de génératrices, et actuel Sénateur chanteur, accusé de complicité avec un chef de gang, veut nous inviter à faire de nouveau l’expérience d’un Président chanteur. Pensez-y une présidence où les bandits – plus ou moins légaux – auront leurs entrées, où les femmes seront traitées comme il sied à leur engeance, en toute misogynie, où la gangstérisation de l’Etat s’affichera au grand jour. On peut difficilement rêver mieux pour #AyitiNouVleA.
Du reste, comme l’a expliqué le Sénateur Delva au micro de l’ancien candidat à la présidence, Lucner Désir, tout ce tintamarre, c’est une énième manifestation de la question de couleur. Une « guerre entre mulâtres et noirs« . Lui, noir, parle à un bandit et c’est un scandale. Réginald Boulos, mulâtre, reconnaît financer des bandits, « leaders communautaires », et rien ne se passe ?
Quel est ce pays où l’on ne peut pas discuter au téléphone 24 fois en un mois avec un chef de gang recherché par la police quand on est Sénateur de la République ? Et c’est de ce pays que le pauvre Sénateur devra se résoudre à devenir le Président. La vie est injuste.
Un redoutable texte sur l’honorable aya.
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Cela me déprime ! Trop, c’est trop!
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Très stylé! Percutant.
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