Ce matin, très tôt, j’ai reçu ce cri de détresse d’un ami qui a d’ailleurs contribué au programme #AyitiNouVleA sur la thématique Manje.
C’est une vraie catastrophe le discours de Céant. Ne pas taxer le riz importé nous a conduit à la situation actuelle. Maintenant on va le subventionner !!!!
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On ne doit surtout pas laisser le gouvernement adopter une telle mesure. C’est un poison qui va nous empoisonner pendant très longtemps comme les mesures de 87 et de 95… C’est comme si on faisait une croix sur le développement de notre agriculture.
Mon ami sait de quoi il parle. C’est un scientifique militant qui depuis des années travaille, avec quelques succès, à renforcer les filières locales. Aussi s’inquiète-t-il, à juste titre, des conséquences – qu’il prévoit dramatiques – d’une telle mesure sur le sorgho, le maïs, la patate, le manioc ou encore la banane. Comment, me demande-t-il, la production de céréales et de vivres pourra-t-elle être compétitive avec un riz importé doublement subventionné.
Car il est déjà subventionné le riz importé. À $4 le kilo aux États-Unis, il n’est plus qu’à $0.5 en Haïti. Il bénéficie, entre autres, du fait que, depuis les accords de Governor’s Island nos taxes à l’importation ont été réduites à leur plus simple impression. Le riz Miami bon marché nous a déjà coûté 80 000 emplois directs dans l’Artibonite et directement appauvri des centaines de milliers de familles. Une seconde subvention aura, à coup sûr, des impacts catastrophiques au niveau macro-économique.
Le fait que les produits de notre agriculture soient le maïs, le pois, la banane, la patate, le manioc, l’avocat, l’arbre véritable… ne semble pas autrement interpeller nos dirigeants. La priorité est toujours le riz, le sacro-saint riz consommé tous les jours par les urbains, à coup de 217 millions de dollars d’importation.
Mon ami fait donc bien de s’inquiéter.
Non à la subvention du riz importé !
Sa plus grande crainte réside dans l’assomption, tout ce qu’il y a de plus sensée, qu’une fois une telle subvention actée, on ne pourra plus reculer. Le riz deviendrait comme l’essence. Une denrée importée à subventionner sous peine d’émeutes urbaines. Nos gouvernements craignant définitivement plus les quartiers populaires que les campagnes, le choix sera vite fait.
Personne n’a peur du paysan. Il est loin le temps des Cacos descendant sur les villes. Le paysan a appris à accepter sa misère, la dictature y a veillé. Il se terre sur sa terre et se laisse mourir alors que ses enfants viennent gonfler les chiffres de l’exode rural. Mais jusques à quand ?
Le programme d’#AyitiNouVleA milite pour une agriculture écologique familiale favorisant les actions collectives paysannes dans un marché local désormais protégé.
Voilà qui serait certainement plus utile que de subventionner du riz importé.