Duvalier parti, un gouvernement provisoire fut mis en place par l’armée pour organiser la nouvelle démocratie naissante. La tâche du Conseil National de Gouvernement (CNG) est gigantesque : sauver la démocratie… du peuple. Instauré par le général Namphy qui le préside, le CNG se met rapidement et assidûment au travail ainsi qu’en témoignent les presque 700 pages de « lois et actes » élaborés en deux ans. À commencer par le fameux décret du 18 juin 1986 instaurant une prescription spéciale pour les crimes des Duvaliéristes. Le libellé de celui-ci est un véritable tour de force : « Décret assurant la répression des crimes et délits commis sous le régime des Duvalier ». L’article 1 présente une belle petite liste de ceux-ci : « homicide, meurtre, assassinat, empoisonnement, viol, arrestation arbitraire, séquestration illégale, incendie, concussion et détournement de fonds ». L’article 2 se veut la preuve définitive que cette répression sera effectivement assurée:
L’action publique et l’action civile résultant des crimes et délits visés à l’article précédent se prescriront après dix ans révolus à compter du renversement du régime [précédent], soit le 7 février 1986.
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