Nous sommes le 17 octobre, jour funeste marqué par le sang versé du père de la nation, l’Empereur Jean-Jacques Dessalines, trahi et assassiné par ceux qui craignaient sa vision d’une Haïti véritablement libre. Aujourd’hui, ironie tragique, des charognards de la démocratie se pressent avec leur cynisme habituel pour commémorer ce meurtre. Car, il ne faut pas s’y tromper. Ces célébrations ne sont pas un hommage à l’Empereur mais un triomphe sur sa tombe. Ils se réjouissent, en réalité, de cet assassinat qu’ils perpétuent chaque jour en piétinant ce qu’il défendait.
La mémoire de Dessalines n’a que faire de célébrations de façade lors même que la patrie qu’il a forgée dans le sang et pour laquelle il a été assassiné s’effondre sous le poids des attaques répétées de dasomann atoufè travaillant jour après jour à étouffer l’esprit de liberté et de dignité dessalinien. Dessalines aurait passé au fil de l’épée tous ces individus – au sens créole du terme – qui, sous prétexte de « donner un coup de main », asphyxient la nation, étouffent la justice et minent chaque institution républicaine comme s’ils étaient investis d’une mission de destruction complète non pas seulement de l’État haïtien mais de l’âme haïtienne en tout ce qu’elle incarne de refus absolu de toute domination qu’elle qu’elle soit.
Haïti est la proie d’acteurs du désordre spécialistes ès paroles creuses et experts en positionnement (géo)politique pouvant être bénéfiques à leurs très petites personnes. Des liliputiens moraux qui se drapent du manteau de Dessalines à chaque 17 octobre, qu’ils interviennent dans les médias pour se perdre en élégies ou participent à des cérémonies vides de sens pour en partager les photos sur les réseaux sociaux et brandir l’image d’un Dessalines qu’ils trahissent à l’année longue. Et il faut se rendre à l’évidence. Ce qu’ils célèbrent, c’est bien la mort de son action révolutionnaire, son refus catégorique de compromis sur la liberté et la dignité de tout être humain, qui qu’il soit, où qu’il soit.
Aujourd’hui, le meilleur hommage que l’on puisse rendre à Dessalines serait de prendre conscience que le salut ne peut venir d’hommes d’assaut à tout faire qui œuvrent à asphyxier le pays, et de s’engager, chacun à notre manière, à redonner souffle à la patrie. Parce que tant que nous nous contenterons de célébrer Dessalines sans relever le flambeau de son combat, nous ne ferons que prolonger l’agonie de la nation qu’il a créée.
Le combat pour l’indépendance, pour la justice, pour une Haïti digne et souveraine, est loin d’être terminé. Que ce 17 octobre nous sert de rappel salutaire!





Laisser un commentaire