Martelly avait ses ministres pitres, Henry a ses ministres mineurs

La vague de démissions que j’attends depuis hier soir refuse de se manifester.  Aucun des quelques cent trente haut-fonctionnaires visés par la nouvelle circulaire du Ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales n’a pipé mot. Ils semblent avoir bien pris leur réduction au statut de mineur nécessitant une autorisation parentale pour voyager.

La note est signée par le Directeur du Ministère et n’offre aucune raison à l’extraordinaire mesure. L’État semble nous mettre au défi de spéculer et nous n’allons certainement pas nous gêner. Nouvelles sanctions canadiennes contre des politiques ? Besoin de déjouer une possible tentative de coup d’État à l’instar d’un Obiang Junior en Guinée Équatoriale ?  Ou envie de protéger les haut fonctionnaires de tous ces voyages personnels aux frais de la princesse pour lesquels ils se font régulièrement attaqués sur les réseaux sociaux ?

Il est toutefois des questions autrement plus importantes liées à l’aspect pratique de la chose. La demande d’autorisation de sortie du territoire suit-elle une procédure établie ou faut-il alterner entre taper du pied et faire des yeux doux pour obtenir l’approbation parentale ?  Si le besoin est urgent, danse-t-on sur un pied puis l’autre pour en marquer l’imminence ? L’autorisation de voyage obtenue du tuteur faut-il la faire notarier pour confirmer qu’elle est bien de lui ?  Si aucune hôtesse de l’air n’est disponible pour accompagner les mineurs, peuvent-ils quand même prendre l’avion ? Une fois arrivés à l’étranger, quelqu’un sera-t-il là pour les prendre en charge ?

Présumément, les concerné.e.s – dont une liste est ci-dessous – doivent se poser des questions similaires; certain.e.s d’entre eux ayant des velléités de fuir un futur trop certain. 

Un ami met en garde contre une prochaine pénurie de papier toilette; je lui objecte que plusieurs personnes ont déjà suggéré une solution: du citron et de la tétracycline.  Même si, en vrai, les rumeurs d’une peur généralisée chez nos élites me semblent grandement exagérées. Hormis l’ancien sénateur Rony Célestin et sa villa lavalloise à 4 millions de dollars, je ne vois pas d’indications claires que les personnes sanctionnées par le Canada aient eu des investissements majeurs dans ce pays.

Certes, j’apprécie l’aspect moral de la chose et la croit nécessaire mais je suis moins encline à faire mienne le slogan de l’ambassadeur canadien proclamant régulièrement que « l’impunité n’est pas une option ».  Certes, l’impunité semble ces derniers temps s’accompagner d’un désavoeu public du Canada mais les « sanctionnés » jouissaient déjà d’une piètre réputation. Leurs forfaits présumés étaient déjà connus de tous. Aucun nom jusqu’ici n’a surpris. Le naming est important. Peut-être même qu’un peu de shaming atteindra les cibles. Il n’est toutefois aucune preuve que les personnes visées se sentent particulièrement inquiétées – hormis leurs faibles notes de protestation le jour suivant la publication.

Mais revenons à nos ministres mineurs qui devront se plier aux caprices du Dr Henry. J’ai hâte de voir à quelles nouvelles basses ils.elles seront soumis.e.s. dans les prochains jours. D’autant plus qu’un autre ministre s’apprête à se faire virer incessamment …

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