Les Constituants de 1987 étaient obsédés par l’hyper-présidentialisme et déterminés à le prévenir absolument. Mandat présidentiel non consécutif et limité à deux (art. 134.3). Président préposé à la stabilité des institutions. Exécutif bicéphale dont la tête la plus exécutive vient du parti majoritaire au Parlement et, bien sûr, le fameux article 150, délimitant de la manière la plus restrictive les pouvoirs du Président.

 Le Président de la République n’a d’autres pouvoirs que ceux que lui attribue la Constitution.

Mentalité de chef oblige, nos Présidents ont souvent eu du mal à accepter le fait et, l’un après l’autre, Aristide, Préval, Martelly et, aujourd’hui, Moïse (?), ils se sont attachés à contrôler, décrédibiliser, affaiblir ou carrément laisser devenir caduques les législatures qui ont eu le malheur d’être élues au même moment qu’eux.

Et la chose marche ! Pendant toute la semaine sainte, nous nous sommes époumonés contre la subvention dont ont bénéficié nos honorables sénateurs et députés pour la période – africaine et vodou – de rara. Pourtant son Excellence le Président et ses 250 millions de gourdes pour le Carnaval – occidental et chrétien – aux Cayes, on n’en parle pas. Sa liste toujours plus longue de conseillers et autres nominations discutables, non plus. Nous savons tout de ce que nous coûte un député. Les informations circulent dans nos réseaux sociaux. Idem pour le sénateur. Nous savons tout sur ce que nous coûtent ces suceurs impénitents. Et nous savons nous leur crier notre mépris.

Ce que nous ne savons pas, c’est nous rendre compte que nous sommes en train de tomber dans un piège vieux comme la Constitution de 1987,  celui des partisans de la monarchie présidentielle, particulièrement douée pour détruire nos institutions à défaut de pouvoir, légalement, les dominer. En dépit de tous leurs défauts et de tous leurs manquements, les parlementaires aussi, je l’ai déjà rappelé, ont été « élus ».  Leur légitimité est au moins aussi vraie que celle du Président. Et il importe d’éviter de faire le jeu d’un pouvoir – l’exécutif – contre un autre – le législatif. Rat. Chat. Baril National.

L’un de nos sénateurs a offert un rapport sur les dépenses effectuées avec son million dans son département. C’est plus que ce que nous savons des dépenses carnavalesques de l’Exécutif aux Cayes. Et puis, comme me le disait mi-sérieusement un très bon ami, au moins, ici, le désordre financier est déconcentré. Quitte à gaspiller l’argent de l’État, autant que tout le pays en profite, les nègres de la ville comme les nègres de l’en-dehors, commune par commune.

2 réponses à « Quand on veut noyer son Parlement »

  1. […] C’est l’après-Goudougoudou. Les milliards de dollars promis – quoiqu’ultimement non délivrés – par l’International font rêver. Les deux millards de dollars de PetroCaribe aussi. L’argent coule à flots. Des hôtels de luxe sont construits. Le business de l’humanitaire est florissant. Celui des logements de luxe, des restaurants et des boîtes de nuit, aussi, par ricochet. C’est aussi l’arrivée en masse des touristes humanitaires dans cette république des ONGs qui nous servait encore de pays. L’on fit mieux. On annonça à grands cris qu’Haïti était open for business. On dépensa sans compter. On fit la Festa. La gourde continua sa chute vertigineuse. L’industrie humanitaire s’en alla vers d’autres cieux plus vendables. Nos élections s’ajoutèrent à la débâcle. Matthew aussi. L’argent n’arrivant pas, les humanitaires restèrent chez eux et nous dûmes nous en remettre au Carnaval pour relever le Grand Sud. […]

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  2. […] C’est l’après-Goudougoudou. Les milliards de dollars promis – quoiqu’ultimement non délivrés – par la communauté internationale font rêver. Les deux millards de dollars de PetroCaribe aussi. L’argent coule à flots. Des hôtels de luxe sont construits. Le business de l’humanitaire est florissant. Celui des logements de luxe, des restaurants et des boîtes de nuit, aussi, par ricochet. C’est aussi l’arrivée en masse des touristes humanitaires dans cette république des ONGs qui nous servait encore de pays. L’on fit mieux. On annonça à grands cris qu’Haïti était open for business. On dépensa sans compter. On fit la Festa. La gourde continua sa chute vertigineuse. L’industrie humanitaire s’en alla vers d’autres cieux plus vendables. Nos élections s’ajoutèrent à la débâcle. Matthew aussi. L’argent n’arrivant pas, les humanitaires restèrent chez eux et nous dûmes nous en remettre au Carnaval pour relever le Grand Sud. […]

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