Quand la réalité défie nos théories

Au XVI ème siècle, le grand anatomiste et médecin brabançon, André Vésale – version francisée de son nom latin Andreas Vesalius – décida, sans autre forme de procès, que le clitoris n’existait pas. L’auteur du De humani corporis fabrica, celui qui fit entrer l’anatomie dans la modernité, décida de faire fi de la réalité et d’exciser virtuellement toutes les femmes. C’est que le bon docteur avait une théorie : l’appareil génital féminin était l’inverse de l’appareil génital masculin, avec le vagin comme le négatif du pénis et les ovaires celui des testicules. Le clitoris n’avait pas sa place dans cette belle réflexion. Il faisait tâche. Il dérangeait. Il fallait donc qu’il cessa d’exister.

Les patientes du Docteur toutefois, transgressives et impudentes comme le sont généralement les femmes, continuaient à présenter l’impossible « excroissance ». Elles furent, en toute logique, déclarées hermaphrodites. La méfiance continua longtemps; cette histoire de clitoris, l’anatomie n’y croyait pas trop. Il faudra d’ailleurs attendre mai 2005 pour que l’anatomie de la « petite colline » – du grec ancien κλειτορίς, kleitorís – soit enfin révélée par, une femme, le Dr Helen O Connell, grâce à l’imagerie médicale.

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