À la tête du ministère des Haïtiens vivant à l’Étranger siégerait désormais une ancienne réceptionniste d’un groupe d’importation aux produits très connus et aux propriétaires sanctionnés à l’international pour leur soutien aux gangs. Difficile d’imaginer un choix plus approprié pour représenter cette part de la diaspora qui a fait des chefs de gangs des influenceurs admirés, leur expédiant des armes et des munitions par contrebande, et traitant généralement Haïti comme un endroit où ils sont de passage, pour un moment, comme à l’hôtel.
La citoyenne E.J. Kathia Verdier, fraîchement nommée ministre, affiche sur son profil LinkedIn 12 années d’expérience comme réceptionniste chez Deka. Une carrière certes respectable, mais dont la pertinence pour un poste aussi stratégique pourrait paraître discutable. Sauf que ce n’est pas tout. Son profil mentionne également un « licentiate degree » en Gouvernance et Administration, non daté, à l’Académie nationale diplomatique et consulaire (ANDC). Dans la rubrique Langues, Mme Verdier précise qu’elle parle anglais.
Avec un unique abonné sur LinkedIn, l’envergure de son réseau professionnel semble aussi limitée que ses qualifications affichées. Mais qu’importe, ce que nous en savons suffit déjà à comprendre qu’elle est certainement à la bonne place. Avant Deka, elle aurait été « director assistant » chez Nos Petits Frères et Sœurs pendant un an et 11 mois, de mars 2010 à janvier 2012. Une expérience qui, sans aucun doute, l’a préparée à maîtriser les subtilités diplomatiques et administratives de sa nouvelle fonction – au point de ne pas se présenter à sa propre investiture.
Une nomination ministérielle, surtout dans l’état de supercrise qui est le nôtre, constitue un indice clair du sérieux – ou du cynisme – du pouvoir en place. Ce choix envoie un message limpide : au MHAVE, les compétences réelles ne sont pas un critère. Ironiquement, le ministère devient un miroir parfait de cette partie de la diaspora qui, à l’image de ses nouveaux représentants, voit Haïti comme un lieu de transit, un endroit où l’on vient profiter un moment – avant de repartir, rassasié.





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