Nous interrompons notre chronique sur l’accord du 4 avril 2024 pour cause de publication du décret portant création du Conseil présidentiel de transition. Un décret épuré qui aurait pu tout aussi bien mentionner l’existence de ce billet dans ses considérants. Mais surtout un décret signé désormais par Ariel Henry, Premier ministre – un titre mentionné 10 fois dans le texte. Quelle différence avec le projet de décret où nous apprenions qu’un premier ministre par intérim avait été désigné, que la démission d’Ariel Henry, le 11 mars 2024, l’était « sans possibilité de liquider les affaires courantes » et que le décret se faisait sous le rapport de ce premier ministre a.i ! Ariel Henry, exilé temporaire, est revenu en bête, dans la boule de leur figure !

Le décret publié aujourd’hui se contente donc d’annoncer la création du CP, à charge sans doute pour celui-ci d’informer sur son organisation. Plus rien s’apparentant à une nouvelle loi constitutionnelle pour compliquer plus avant notre fragile hiérarchie des normes. Plus rien sur l’accord du 4 avril 2024. Juste des visas et des considérants sur une page, deux pages d’articles et deux pages de signature. L’article 2 ajoute aux prescrits de la Constitution (article 135) sur l’éligibilité du président de la République, quatre nouvelles obligations. « Nul ne peut faire partie du Conseil Présidentiel de Transition :

  1. s’il fait actuellement l’objet d’une accusation ou d’une poursuite pénale, ou s’il a été condamné dans une juridiction quelconque ;
  2. s’il fait l’objet d’une sanction de l’Organisation des Nations-Unies ;
  3. s’il est candidat aux prochaines élections en Haïti ;
  4. s’il s’oppose à la Résolution 2699/2023 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies autorisant le déploiement de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité. »

Le projet de décret initial ne faisait pas mention de la résolution onusienne, même si l’accord l’avait bien incluse. Désormais, la chose est actée. Toutefois, la mention d’accusation ou de poursuite pénale et de condamnation dans une juridiction quelconque est nouvelle. Étant donné la situation actuelle de nombreux politiciens, cela réduit largement les choix possibles, le Nouvelliste venant d’annoncer que des changements au Conseil seraient imminents :

Mais le plus intéressant dans cette affaire est le retour d’Ariel Henry qui, depuis le 1er mars, semblait aux abonnés absents. Désormais, il est au cœur de l’action. Dans ses considérants, le décret rappelle « qu’en vertu de ces engagements, le Premier Ministre Ariel HENRY présentera la démission de son gouvernement suite à la nomination d’un nouveau Premier Ministre. » L’article 6 du décret précise bien que « le Conseil Présidentiel de Transition choisira et nommera rapidement un Premier Ministre ». Mais l’arrêté de nomination n’est même pas encore publié, ses membres vont changer et ils ont pris un mois à s’entendre sur les 9 membres actuels. Le Dr Henry va continuer à (ne pas) diriger le pays par Zoom. Un peu comme les membres du CP préparent l’après-Henry via Zoom.

Après tout, pourquoi pas ? Le Prince William du Royaume-Uni aurait annoncé qu’il reprendrait ses obligations de Prince héritier en travaillant à distance. Il faut vivre avec son temps.

3 réponses à « Le Dr Ariel Henry serait finalement toujours capable de gérer les affaires courantes »

  1. […] Le décret portant création du conseil publié, le gouvernement attend des conseillers pressentis les documents attestant de la conformité de leur candidature aux exigences de l’article 2 du décret. […]

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  2. […] Haïti, le Conseil présidentiel de transition fraîchement créé semble plus Funes que Bukele. Sa démarche serait même plus ambitieuse. Plutôt que la trêve, il […]

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  3. […] une mauvaise forme de gouvernance – c’est même ce que prévoyait l’article 3 du décret créant le Conseil Présidentiel de Transition – mais celle-là a manqué de transparence et dans la situation actuelle, il importe pour la […]

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