Le 25 novembre 2023, nous avons appris, via les réseaux sociaux, que l’ancien Sénateur Joseph Lambert, actuellement sous le coup de multiples sanctions internationales et accusé de meurtre par les États-Unis d’Amérique, avait soutenu son mémoire de licence à l’école de droit et des sciences économiques des Gonaïves – une vieille connaissance des lecteurs et lectrices de ce blog. L’impétrant a convaincu son jury, qui lui a accordé la note de 81/100 pour son travail sur « le dilemme du contrôle parlementaire en Haïti au regard de la constitution amendée de 2010 à 2020: enjeux et perspectives ».

Aujourd’hui, par le plus grand des hasards, le Rectorat de l’UEH a sorti une note d’information pour rappeler « que le siège principal de cette école demeure pris en otage et que depuis septembre 2021 (avril 2021 pour les mémoires) les activités académiques qui y ont lieu ne sont reconnues par aucune instance compétente de l’Université ». Toujours sans raison particulière, la note a été partagée par le directeur de la direction de l’enseignement supérieur et de la recherche du MENFP (DESR) sur son compte Facebook. Possiblement parce que, lui aussi, rêve de voir « l’EDSEG de revenir dans le droit chemin de l’excellence, de l’éthique et des normes académiques, administratives et financières élémentaires ».

Plus que le mémorant, c’est le titre du mémoire qui a dû mobiliser le Rectorat. À la première lecture, je n’y ai rien compris. À la dixième, non plus. J’ai demandé l’avis d’amis juristes, de constitutionnalistes. Pour eux non plus, ce n’est pas clair. De guerre lasse, je me suis tournée vers ChatGPT pour qui celui-ci « semble aborder la problématique spécifique du contrôle parlementaire dans le contexte haïtien, en analysant ses divers aspects à la lumière des amendements constitutionnels survenus entre 2010 et 2020. » Le titre suggère donc une décennie de changements constitutionnels. . La Constitution faussement et frauduleusement amendée ayant au moins 3 versions en circulation, pourquoi pas ? Mais de façon plus importante, il prend le dilemme du contrôle parlementaire comme objet de recherche.

Le mot « dilemme » vient du grec ancien « dilemma », résultant de la combinaison des mots « di- » signifiant « deux » et « lemma » signifiant « prémisse » ou « proposition ». Il désigne un choix difficile entre deux options également importantes, souvent avec des conséquences contradictoires ou indésirables pour chacune d’entre elles. Au premier abord, il est difficile de comprendre en quoi le contrôle parlementaire pourrait constituer un dilemme. À moins que l’ancien Sénateur ne fasse référence aux vastes opérations de corruption dont il est accusé et à son rôle de parlementaire, auquel cas… Toutefois, on voit mal ce que le regard de multiples amendements constitutionnels viendrait chercher dans cette situation. Encore moins clair est ce que les enjeux et perspectives d’un tel dilemme sont censés apporter aux sciences juridiques. Le Rectorat de l’UEH semble n’y rien entendre non plus.

Un ami masochiste est toutefois décidé à lire le mémoire. Par curiosité. Donc, si l’une ou l’un d’entre vous a une copie, pensez à nous le faire savoir. Nos amis américains prétendent que la curiosité a tué le chat, mais nous sommes déjà tous des morts en vacances.

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