Les peuples aussi meurent

Le Président n’a pas l’intention de démissionner. Le 19 novembre 2019 marquera l’anniversaire du premier lòk anti-Moïse. La manifestation du 18 novembre ayant tourné, sur la fin, à l’appel à la démission, il fut décidé de nous enfermer chez nous, trois jours. C’était son baptême de feu, le Président vacilla un moment mais l’agent Merten veillait. Ti Mari pa desann. Mieux, Ti Mari en prit de la graine. De lòk en lòk, il continue, sans état d’âme, de ne rien présider, pendant que le pays s’enfonce dans le chaos.

L’Opposition n’a pas les moyens de faire partir Jovenel Moïse. Elle n’a aucune réponse, aucun plan et surtout aucune crédibilité. Son projet de jeter le Président ayant réussi, courtoisie du #PetroCaribeChallenge, à trouver un écho dans la société, la voilà prête à tout détruire pour arriver à ses fins, quitte à terroriser 8 semaines durant une population déjà exsangue. Les opérations se succèdent avec leur lot de destructions: Amagedon, Bloke peyi, Chache Jovenel, Depate bannann, Deyò Deyò Nèt, Jere Blòk ou, Lari Blanch, Mete lòd nan dezòd, Moun Fou, Poze Sele, Remèt Kle… avec le même succès.

Cela ne laisse plus que nous, nous le peuple haïtien, tous ensemble, pour sauver notre pays de ces enfants gâtés qui ne peuvent pas voir plus loin que leurs guéguerres aussi ridicules que meurtrières. Les voilà contribuant à avancer notre somalisation, tentant de régler leurs comptes par gang et blan interposés, pendant que se ferment nos routes, nos quartiers, nos écoles, nos hôpitaux… et même la justice. Cela ne laisse plus que nous pour mettre le holà, dire que ça suffit !

Ça suffit d’entendre que le pays était déjà lòk pour des millions d’Haïtiens et que par conséquent… L’idée est justement de deloke tout le monde. Ça suffit d’entendre que le pays brûlait déjà les rêves de millions d’Haïtiens et que par conséquent… L’idée est justement de permettre à tout le monde de réaliser leurs rêves. Ça suffit d’entendre que des milliers de jeunes Haïtiens ne pouvaient déjà pas aller à l’école et que par conséquent… L’idée est justement de garantir l’accès à l’école pour tous.

Cette rhétorique populiste au rabais, nous en avons soupé. Elle ne nous a servi à rien depuis 29 ans qu’on nous la sort à toutes les sauces. Elle n’a jamais réussi qu’à nous détruire plus avant.

Qui pourra nous dire le coût de ces 8 semaines enfermées chez nous à craindre pour nos vies et notre pays ? Quels experts viendront mettre des chiffres, des noms, des explications sur ce sentiment d’angoisse et de désespoir qui nous prend à la gorge et refuse de lâcher ? Qui d’autre que nous pour nous délivrer de ces destructeurs de pays et leur vision étriquée de la politique?

L’heure est à la concertation, à la recherche du bien commun, à la définition du minimum vivendi qui nous permettra de continuer à exister comme peuple. Car, c’est bien de cela qu’il s’agit. De notre survie. On ne révoque pas un peuple mais les peuples meurent.

Les peuples meurent de ne pas se souvenir. Les peuples meurent de répétitions sans issue. Les peuples meurent de se laisser prendre encore et encore au jeu macabre de charognards de la démocratie qui prétendent se battre pour nous. Et, en ce Jour des Morts, la mort rôde.