Les rumeurs des tribulations des chanceux du programme Biden circulent sur les réseaux sociaux et il se trouve qu’ils n’ont pas tous de la chance. Nous avons vu les dramatisations vidéo des petites humiliations du quotidien. Nous savons qu’elles sont vraies parce qu’elles ne sont pas nouvelles. C’était la réalité des boat people, puis celle des TPS et maintenant celle des moun Biden: des migrants maintenus dans un état d’incertitude, leur statut pouvant être révoqué à tout moment par le gouvernement américain. L’Haïtien lambda aux États-Unis a connu des humiliations à son arrivée et il le rend bien à ceux qui arrivent après lui.

L’Haïtien qui arrive aux États-Unis fait face à un dangereux cocktail fait de précarité chronique de la communauté, d’individualisme exacerbé de l’Amérique et du syndrome particulier de l’Haïtien qui fait une faveur. L’Haïtien qui arrive aux États-Unis vit les joies du restavèk: un rappel constant qu’on vous a sorti d’une mauvaise situation. Des attentes élevées de tâches ménagères gratuites. Des humiliations en série pour vous rappeler votre état de sous-merde. Le tout dans un pays structurellement raciste, ayant effectivement rendu la liberté illégale et et dont le système de ségrégation a servi de modèle à l’apartheid.

C’est vers cet Eldorado douteux que des centaines de milliers d’Haïtiens cherchent à se rendre par tous les moyens pour fuir la pauvreté, le chômage, mais surtout la violence et l’insécurité. Une violence et une insécurité auxquelles la présence chez nous d’une Ambassade américaine n’est certainement pas indifférente.