Je commence ce billet par un aveu : je n’aime pas les nudes. Je n’en suis pas fan. Je n’en vois pas l’intérêt. Le corps humain dont nous avons le droit de disposer, nu, si nous le souhaitons, ne m’excite qu’en autant qu’il sert d’enveloppe à quelqu’un dont la personnalité m’excite et les nudes sont par trop imperturbables pour qu’ils me parlent. Tout ce cérémoniel autour – trouver la bonne lumière, le bon angle, la bonne prise … – m’intimide. Aussi, n’en demandé-je jamais. Même si, en fille bien élevée, j’ai dû dire, oui une fois ou deux, quand la proposition m’a été faite, avec, bien sûr, tous les compliments qui vont avec.
Ce n’est pas que les nudes soient une mauvaise pratique. Le nu se retrouve dans les représentations picturales de l’humain depuis au moins la Vénus de Berekhat Ram. Le nu a été utilisé dans toutes les cultures pour incarner la divinité, la beauté, l’amour. Le nude, lui, se retrouve à mi-chemin entre la recherche artistique du nu et le côté plus cru, plus orienté divertissement, de la pornographie. La pornographie qui m’intéresse autant que de regarder des gens manger, c’est-à-dire pas du tout.
Tout cela pour dire que, quand il s’agit des nudes, le problème ne vient pas de vous mais de moi et de mon cerveau plus intéressé à imaginer qu’à voir. Ce caveat posé, passons aux choses sérieuses.
Évacuons rapidement la question centrale : Devriez-vous envoyer des photos explicites de vous-même ? – Si vous voulez mais comme pour toutes relations sexuelles, il faut peser la décision. Les exigences sont d’ailleurs les mêmes : le consentement – qui doit toujours être enthousiaste, informé, éclairé – la confiance, la sécurité et les implications futures. Les êtres humains ayant décidé de faire du sexe quelque chose d’aussi désirable que répréhensible, il faut prendre ses précautions pour bien naviguer cette contradiction. Mais, il arrive que, malgré tout, vos nudes s’échappent, auquel cas, il importe de vous assurer de pouvoir en être fier.
Pour les hommes, le magazine masculin GQ a élaboré ce petit guide visuel du nude pour le gentleman.

Le site de guides collaboratifs, wikiHow, offre également une marche à suivre unisexe assez complète. Il est facile de trouver des tutoriels sur les aspects techniques des nudes, aussi ne m’y attacherai-je guère. Je préfère parler de quelques principes de base.
« Le Réseau interprète la censure comme une détérioration et génère de nouvelles routes pour la contourner. » C’est la loi Gilmore – du nom du pionnier d’Internet et activiste John Gilmore. Les efforts plus ou moins réussis de gouvernements autoritaires exceptés, c’est une loi qui, c’est bien le cas de le dire, tient la route. Le réseau des réseaux, Internet, est né un 12 mars 1989, dans la suite d’un réseau militaire (ARPANet) chargé de transmettre les informations par paquets pour éviter les coupures d’un ordinateur à l’autre. C’est un réseau préoccupé de transférer les informations qui lui arrivent quelles qu’elles soient. Aussi, toute information se trouvant sur le Réseau court-elle le risque d’être publique.
C’est toute la base du hacking. L’information, voyez-vous, veut être libre. Et il s’en trouvera toujours pour la libérer. Si votre appareil est connecté à Internet, même derrière des pare-feux, des codes et autres protections des plus sophistiquées, l’information qui s’y trouve est susceptible de finir sur un site public. Alors , que faut-il retenir de tout cela ? Vos nudes sur un appareil connecté à Internet sont constamment à la veille d’être publics. Sachant cela, une bonne parade serait de ne pas être reconnaissable. Le corps oui, le visage et les signes distinctifs, non. Toujours. En toutes circonstances.
La question n’est pas de savoir si vous faites confiance aux destinataires de ces images. Si leur appareil est connecté à Internet – et généralement pour recevoir des nudes il le faut – vos nudes sont à la veille d’être publics. Du reste, c’est Jérémie (17:5) qui le dit : Malheur à l’homme qui se confie en l’homme ! Et qui mieux pour nous parler de regrets que celui dont le nom a donné jérémiades. L’Homme fâché, blessé, frustré, peut agir sans réfléchir. Il peut le regretter plus tard mais là est le hic, les regrets arrivent plus tard , quand c’est déjà trop tard. Éviter vaut mieux que mander pardon.
Ceci dit, aucune méthode n’est sûre à 100%. Des gens peuvent prendre de vous des photos compromettantes à votre insu. Les principes évoqués plus hauts ne vous seraient d’aucune utilité. C’est le bon moment pour se rappeler que nous naissons tous nus, en fait. C’est une donnée que, sous leurs vêtements, tous les êtres humains sont nus et donc, au final, vous savez quoi, ces photos, on s’en fiche. Ce n’est pas la première ni la dernière fois qu’on verra un corps nu.
Il est peut-être temps de casser le tabou de la nudité. Pourquoi avoir honte de son corps nu ? On vit dedans.





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