L’État haïtien, via son ministère des Cultes, viendrait de suspendre la licence de fonctionnement de l’Eglise Piscine de Bethesda du Pasteur Marcorel Zidor. La décision intervient suite aux évènements malheureux du 26 août 2023 où des fidèles, répondant à l’appel de leur pasteur, partirent se battre à mains nues contre les gangs de Canaan (au Nord de la Capitale). L’aventure se termina par une dizaine de morts, des blessés, des kidnappés et un pasteur décampant à moto lors même que ses ouailles se faisaient tuer.

Trois jours plus tôt, la ministre de la justice et de la sécurité publique, Mme Emmelie Prophète, nous rappelait notre devoir de résister aux gangs. Le Pasteur l’a pris au mot. Ses fidèles ont suivi. Ils en sont morts. Le Pasteur perd sa licence de théologien et se voit convoqué par le Bureau des Affaires Criminelles de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) et le parquet de la Croix des Bouquets. La ministre Prophète – dont le mandat voit se multiplier les « territoires perdus » – n’est pas inquiétée. Elle dénonce plutôt une campagne de banalisation des efforts de son ministère pour laisser mourir une dizaine d’entre nous chaque jour, pour ignorer les centaines de milliers déplacés quand la police ne les gaze pas, pour faire silence sur les cas de kidnapping alors que la ministre voyage en avion pour éviter ses territoires perdus.

Pasteur Marco et Mme Prophète sont des symptômes du même mal. Deux excroissances disgracieuses de cette manie qui est nôtre d’encenser les médiocres avant de leur donner droit de mort sur nos vies. Ce qui n’empêche pas le ministère de Mme Prophète de s’aviser de juger le ministère du pasteur Marco dont la marche n’a jamais causé que l’équivalent d’un jour de non-action du premier.

Pour être cohérent, l’État haïtien devrait peut-être fermer temporairement son ministère de la justice. De toute façon, il ne sert à rien.

4 réponses à « Quand l’État fermera-t-il le Ministère d’Emmelie Prophète ? »

  1. […] que, voilà, l’État haïtien a failli. Dans ses territoires perdus, des chefs de gangs, « leaders communautaires » autoproclamés, assurent les […]

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  2. […] partis. Les professeurs aussi. Dans un pays où les gangs collectent les territoires perdus dans l’indifférence générale, l’université n’est pas la priorité. La fuite des cerveaux, déjà débilitante […]

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  3. […] l’absence de M. Cassy au parquet aujourd’hui. La ministre de la sécurité publique contemple les territoires perdus et le Kenya attend son argent ; un changement dans la situation sécuritaire n’est pas pour […]

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  4. […] moins, son prédécesseur avait l’honnêteté de nous parler de territoires perdus là où cette nouvelle administration persiste à mentir de manière […]

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