Pèp k ap batay pa mouri. Voilà une phrase qu’il est grand temps de remiser. L’utiliser en ces temps où les territoires perdus vont croissant et où les approbations Biden vont décroissant, c’est se moquer d’un peuple qui n’en peut plus de devoir survivre à des politiques qui préfèrent réduire un pays en cendres dans l’espoir de pouvoir un jour s’accaparer des ressources de l’État aussi maigres soient-elles.

Le peuple haïtien ne lutte plus. Il ne le peut pas. Il est en dépression. Il ressent intensément ces pénibles moments de son histoire où sa vie se résume à une souffrance constante. Voilà quatre ans qu’on l’enferme chez lui, le terrorise, le torture, lui enlève tout agencement. Voilà quatre ans qu’on parle en son nom, prétend vouloir l’aider, alors qu’on préside à son effacement.

Parce que, oui, les peuples meurent. Ils meurent de fatigue, de famine, foudroyé. De tristesse, d’échec, de suicide collectif. Haïti se meurt parce que, de 1804 à nos jours, nous n’avons toujours pas réussi à avoir un projet commun autre que celui de la liberté. Un beau projet s’il en est. Le plus beau même ! Mais un projet insuffisant. Un projet qui doit être accompagné de justice pour que cette soif de liberté ne se transforme en liberté d’avoir faim, d’avoir soif, d’avoir rien.

Une telle liberté ne se maintient pas longtemps. Elle s’accompagne vite de chaînes qui pour ne plus être visibles n’en sont pas moins réelles. La mission du Kenya est arrivée chez nous. Son rapport dira ce que tous les rapports sur Haïti disent ces dernières années. Que nous sommes une entité ingouvernable qui doit vite se gouverner. Alors que la réalité est tellement plus prosaïque.

Nous sommes un peuple farouchement épris de liberté pris en otage par des ravisseurs farouchement intéressés à notre assujettissement: politiques, hommes d’affaires, chefs de gang … en Haïti et ailleurs. Et ils nous ont eu à l’usure.

6 réponses à « Le peuple haïtien ne se bat plus, il est maintenu en otage »

  1. […] surtout travaillé à éviter toute solution. Aujourd’hui, alors que l’État haïtien, comme son peuple, se meurt, nous en sommes encore à discuter voye ale et partage de gâteau en agitant la date du 7 […]

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  2. […] mort. Les étudiants sont partis. Les professeurs aussi. Dans un pays où les gangs collectent les territoires perdus dans l’indifférence générale, l’université n’est pas la priorité. La fuite […]

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  3. […] peuple haïtien est desounen, assommé par le poids d’années de déchéance et d’abandon. Des zonbis lui ont pissé dessus, […]

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  4. […] un hommage à l’Empereur mais un triomphe sur sa tombe. Ils se réjouissent, en réalité, de cet assassinat qu’ils perpétuent chaque jour en piétinant ce qu’il […]

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  5. […] déclaré, mais essentiel, du bandi haïtien, une sorte d’identité visuelle de ces gangs qui contrôlent des pans entiers du territoire […]

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  6. […] farce, je retiens tout de même quelque chose d’essentiel. Voilà des mois que je me plains — ici même — que les charognards de la démocratie nous ont eus à l’usure, qu’ils nous ont […]

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