Le Programme des Nations Unies pour le Développement vient de nous offrir de garder bien au chaud les premiers 20 millions de dollars pour organiser nos prochaines élections. Nos parents se font de nouveau généreux et croisent les doigts pour que tout se passe bien. Naturellement, la brutalisation en cours, faite de kidnappings, de vols, d’assassinats et de violences politiques généralisées, laisse présager un climat difficile. Aussi, parce que j’entends, avec Ayiti Nou Vle A, contribuer à #Mobilize un maximum de gens pour nous préserver de la transition en cours, voilà, en version très abrégée, vade-mecum pour garantir des élections sans violence.
La brutalisation est un concept relativement nouveau (1990) qui, à l’origine, faisait référence à l’Europe et cette banalisation de la violence qui a conduit à la montée du totalitarisme et autres fascisme sur le Vieux Continent. La brutalisation c’est donc un peu le processus inverse de la civilisation; un retour à la culture de guerre; la culture du civil (et donc du consentement) sacrifiée. Le concept a ses critiques – sur lesquelles je ne vais pas m’attarder – mais il me semble bien caractériser la conjoncture actuelle, je le garde donc. Notre thèse étant ainsi formulée – la société haïtienne est en cours de brutalisation – procédons à la recherche de solutions.
Ce que je propose ici est un travail de dé-brutalisation – on verra pour la civilisation plus tard – assurant une forte présence des femmes et l’instauration d’une culture du consentement.
Ayant précédemment établi que, en grande majeure partie, « la violence est mâle » et que, au Parlement, la première version de « la 50e n’a[vait] aucune femme naturellement », nous pourrions commencer par là : inciter, encourager, financer un maximum de femmes candidates pour les prochaines joutes électorales. Certes, il est toujours quelques déceptions mais pour chaque Jeanine Áñez (Bolivie), nous avons tellement des Angela Merkel (Allemagne), Mia Mottley (Barbade), Sophie Wilmès (Belgique), Mette Frederiksen (Danemark), Kersti Kaljulaid (Estonie), Sahle-Work Zewde (Éthiopie), Sana Marin (Finlande), Salome Zurabishvili (Géorgie), Ekateríni Sakellaropoúlou (Grèce), Katrín Jakobsdóttir (Islande), Bidhya Devi Bhandari (Népal), Jacinda Ardern (Nouvelle-Zélande), Erna Solberg (Norvège), Ana Brnabić (Serbie), Halimah Yacob (Singapour), Zuzana Čaputová (Slovaquie), Simonetta Sommaruga (Suisse), Victoire Tomegah Dogbé (Togo) et Paula-Mae Weekes (Trinité-et-Tobago). Elles ne sont pas parfaites mais elles s’en sortent résolument mieux que leurs homologues mâles et ne sont pas en guerre. C’est certainement prometteur. Du reste, notre très mâle classe politique ne nous a pas vraiment réussi jusqu’ici – et donc…
Un autre thème récurrent sur ce blogue est l’aspect oppressif de notre société, les dominations qui s’entrecroisent, s’entremêlent, s’interceptent pour donner la kyriachie actuelle. C’est l’essentiel de l’agenda de ce blogue, lutter contre toutes les formes d’abus :
Cette lutte suppose de remplacer notre culture de domination par une culture du consentement; la nécessité de chercher l’accord de l’autre, toujours; la nécessité de comprendre que pour savoir ce que l’autre pense, il faut éviter de deviner, il faut lui demander. Le principe du consentement admis, les maux de la domination sont plus aisés à traiter:
- Impunité : on ne ferme plus les yeux
- Corruption : on refuse de soudoyer pour des services auxquels on a droit, on surveille ce que fait l’argent du contribuable, on conduit des audits, on exige des comptes.
- Précarité : on travaille à mettre en place une économie solidaire
Quand on commence à voir l’autre comme un partenaire et non un adversaire à dominer, la brutalité n’a plus sa place, la hiérarchie perd tout son sens … et la civilisation peut commencer.
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