Nos overlords chez Google, nous permettent désormais de vérifier à quel point le confinement – obligatoire ou pas – est respecté à travers le monde. Dans 131 pays pour être précis, dont Haïti. Nous apprenons ainsi que notre fréquentation des restaurants, cafés et autres centres d’achat a diminué de 34%; les épiceries et les pharmacies de 31%; les parcs de 19%; les gares et stations de 48%; et le travail de 14% par rapport à la normale. Notre présence chez nous, elle, a augmenté de 7% par rapport à la normale.
La normale, ce sont les données anonymisées utilisées jusqu’ici par Google pour nous indiquer, entre autres, les heures de pointe à Carribean parce que, vraiment, tous ces gens qui viennent socialiser au supermarché, c’est pénible, surtout quand on veut juste attraper son sandwich au saumon et se casser de là – mais je m’éloigne. Ces données ont vocation, explique Google, « à donner un aperçu de ce qui a changé en réponse aux politiques visant à lutter contre COVID-19 ». La période d’observation s’étend du 16 février au 29 mars et répondrait au désir exprimé par des responsables de santé publique d’avoir des données géolocalisées pour faciliter la prise de décision.
Google prend la peine de préciser que les règles de vie privée sont respectées la-di-da. Certes, cela implique qu’on doit croire sur parole une compagnie trillionaire – lol – mais, je prends, pour l’instant. Éviter les socialiseurs de Caribbean vaut largement le coup. Parce que, sérieusement, qui va au supermarché pour se faire la bise, se raconter sa vie et passer son temps à parler de comment cela fait longtemps qu’on ne s’est pas vus ? Et moi derrière qui n’en ai rien à faire ? Et moi qui ai juste besoin de récupérer ma glace italienne fabriquée par un Américain qui a piqué la recette aux Argentins ? Est-ce que j’ai besoin de savoir ce qui se passe avec chacun de vos enfants, moi ? Non, j’ai juste besoin de payer ma glace, retrouver rapidement ma voiture et, si les dieux du blocus sont généreux, mon chez moi. Alors, on se détache et on laisse passer, merci. Ah oui, le confinement !
De façon simplifiée, les données Google – qui concernent surtout nos métropoles où les gens activent leur localisation sur leurs smartphones – indiquent que le #RetLakay n’est pas un franc succès (+7%) mais que le #KanpeLwen semble s’installer. D’autant que l’arrêté présidentiel sur l’état d’urgence sanitaire – ainsi que le premier cas confirmé de la COVID-19 en Haïti – remonte au 19 mars, soit une plage de 10 jours pendant la période d’observation de ce premier rapport de mobilité. Nous évitons progressivement les lieux publics et avons diminué de moitié notre utilisation du transport public.
Nous, évidemment, ce sont les gens armés de smartphones. D’autres, se réunissent sur la place publique pour faire un autodafé de sceaux à robinet parce que cette histoire de coronavirus, tout comme le Sida avant lui, est une histoire de politique.
Mais, vous savez quoi, en ces temps troublés, je prendrai la bonne nouvelle, même avec ces énormes caveats. J’ai grave besoin d’espoir, je prends. Parce que si les gens peuvent arrêter de traiter Caribbean comme un club social, tout est possible. OK, j’arrête.
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