Donald Trump a peur de mourir… et de ne pas mériter le paradis. Depuis le 19 août 2025, le président américain semble sous le coup d’une angoisse de Dieu plutôt persistante. Sur Fox & Friends, discutant de ses efforts pour mettre un terme à la guerre en Ukraine, il admet vouloir « essayer d’entrer au paradis, si possible ». Dix jours plus tard, dans un courriel de levée de fonds, il réitère à ses soutiens : « Je veux essayer d’entrer au paradis. » Le 7 octobre, il tente le grand jeu et lance l’initiative America Prays et présente le paradis comme un « bulletin de notes » de la bonté et ispso facto sa seule raison pour tenter d’être bon.

Ce soir, cinq jours plus tard, il a dû recevoir un mot du proviseur, car le voilà déclarant à Hannity qu’il pense n’être peut-être pas destiné au paradis. Comme s’il avait vraiment peur de ne pas y arriver. Comme s’il venait de tomber sur son équivalent de la mort du marchand de la mort. Comme si à force de jouer à l’envoyé de Dieu, il a fini par y croire et il existe une controverse sur la présence du roi Cyrus – auquel le comparent les évangélistes pour justifier qu’il soit oint de Dieu en dépit de ses comportements de païens – au paradis. En général, il est vu comme un outil utilisé par Dieu, sans plus.

Bien sûr, il est possible que cette escalade rhétorique vise à reconquérir un public que ses récentes positions politiques risquent d’aliéner. Mais si son entourage peut y voir une manœuvre, Trump, lui, n’a jamais été un grand calculateur. En dépit de ses mensonges répétés, il demeure peut-être l’un des politiciens les plus honnêtes de l’époque contemporaine. Il finit toujours par dire ce qu’il pense, même lorsqu’il tente de dire le contraire. Et un Trump qui n’a plus aucune raison d’être « bon » ne peut être une bonne nouvelle.

Cette semaine, son Départment de la Guerre semble déterminé à raviver la doctrine Monroe pour la Caraïbe, Venezuela inclus. Et, avec désormais une prix de Nobel de la Paix pour moraliser le remplacement de Maduro, Trump peut réussir ce qu’il avait échoué à faire avec Juan Guaidó : un regime change à l’ancienne, par un bon vieux coup d’État militaire.

La principale intéressée, María Corina Machado, n’y verrait certainement pas d’objection. Dans un entretien accordé au média américain, NPR, celle qui a dédié son prix à Donald Trump, est claire: la paix est impossible sans la liberté, et la liberté est impossible sans la force. « Nous avons remporté une élection l’an dernier qui était très injuste, mais nous l’avons tout de même gagnée haut la main », explique-t-elle, confiante. Aussi, compte-t-elle sur la force américaine pour faire respecter ce mandat très bientôt.

Avec un peu de chance, le changement ne s’arrêtera pas là. Le Venezuela libéré, Cuba et le Nicaragua devraient suivre, de sorte que, rêve la prix Nobel de la paix, pour la première fois dans l’histoire, l’Amérique soit « libérée du communisme ».

Amen.

2 réponses à « Trump, thanatophobe »

  1. […] (1973). L’art, la gloire, la célébrité sont autant de mécanismes de défense contre une angoisse de la mort qui finit par tout empoisonner… jusqu’à perdre toute éthique. Or, jamais, dans […]

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  2. […] ayant la faveur des intervenants : serait-ce le moment de parier sur l’entrée en guerre de l’Amérique de Trump contre le Venezuela […]

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