Ce matin, à la Fondation, une cousine est venue chercher de l’aide pour son cousin emprisonné. La mère du garçon est une ancienne employée, et la femme d’un employé ; sûrement, on doit pouvoir l’aider. Le garçon est mineur. Nous commettons tous des erreurs. Le pauvre risque de voir sa vie gâchée pour avoir … violé, à plusieurs reprises, une petite fille de 5 ans.

La cousine en question a un temps été pensionnaire de notre maison d’enfants et est désormais mère d’une petite fille de 3 ans. L’on serait en droit d’attendre qu’elle comprenne la douleur d’une mère dont la fille n’a pu hier participer à la rentrée scolaire parce qu’elle était au tribunal à raconter au juge de paix ce qu’elle a subi. Sans trop comprendre ce qui lui arrive parce que, faut-il le rappeler, elle n’a que 5 ans.

Son témoignage supplée à celui de deux médecins dont un gynécologue, un voisin enseignant et sa femme et, bien sûr sa mère, qui a découvert les faits alors qu’elle revenait chez elle et retrouvait sur sa fille un garçon qui jouissait de la confiance et avait ses entrées dans toutes les maisons du quartier. Dévastée mais consciente de l’accueil généralement réservé à la parole d’une jeune mère de deux enfants aux pères différents, vivant dans une maison financée et construite par des dons dans un quartier financé et construit par des dons, elle a pris des photos du crime avant d’appeler à l’aide.

Le garçon ne nie pas les faits. Il y a des photos. Mais, explique-t-il au juge, il rendait des services à la dame qui, en conséquence, lui devait de l’argent et ne l’a pas payé. Il se sera donc servi. C’est pour ce garçon qu’une cousine est venue nous prier d’intervenir et de lui venir en aide; la situation étant, au final, une affaire de famille puisqu’impliquant des bénéficiaires de la fondation: mères et enfants.

La mère de la victime ayant appris la démarche de ce matin est elle-même passée tout à l’heure pour bien indiquer qu’elle voulait justice pour sa fille et s’assurer, même si évidemment, elle a entière confiance dans la fondation et sait que jamais au grand jamais… mais elle veut que le garçon paie, qu’on l’autorise à récupérer uniformes, chaussures, livres et, accessoirement, les médicaments prescrits par le gynécologue à la pharmacie et que sa fille puisse ce lundi commencer sa troisième année de maternelle.

Ce matin, à l’école, le mot du jour était: empathie. « N’est-ce pas trop abstrait pour les enfants ? »  me demandait un collègue alors que la responsable pédagogique du primaire explique aux élèves réunis pour la montée du drapeau et les rituels du matin, la signification du mot. « Pas du tout », lui répondais-je attirant son attention sur l’explication offerte : l’empathie permet de se mettre à la place de l’autre et nous empêche de lui faire du mal. Mais, peut-être que c’est le collègue qui avait raison et qu’il nous faut ardemment travailler à rendre courant la prise en compte la douleur de l’autre.

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