Le Canada a peut-être changé de Premier ministre, mais pas de re. Fidèle à sa stratégie d’« appuyer les efforts visant à répondre aux besoins urgents du peuple haïtien » (sic), il vient de nous gratifier de trois nouveaux sanctionnés : Dimitri Hérardévadé de prison et habitué de ce blog –, Jeantel Josephallié de Guy Philippe et promoteur de la coalition criminelle Viv Ansanm –, et Jeff Larose – chef de gang sanguinaire de Canaan.

Les trois ont en commun des accointances plus ou moins assumées avec les gangs de Viv Ansanm. Les trois n’ont probablement aucun bien à geler au Canada et j’ai comme dans l’idée qu’un voyage au Québec n’est probablement pas au sommet de leur to-do list. Mais les efforts du Canada contre la pêche illégale ayant visiblement échoué, la parade kényane ne portant guère fruit, et les humeurs trumpiennes étant ce qu’elles sont – l’on devra bien excuser le Canada du peu. Il fallait qu’il fasse quelque chose. Même si ce quelque chose ne sert à rien.

Entre gens honnêtes – et je compte nos amis canadiens dans le lot – nous pouvons bien l’admettre : ces nouvelles sanctions auront pratiquement le même impact que les précédentes, c’est-à-dire à peu près rien. Leur utilité est symbolique. Certes, certaines figures attachées à leur standing international ont tenté (et tentent encore) de se faire enlever de la liste. Mais Hérard, Joseph et Larose n’ont ni standing ni réputation à sauver. Ces sanctions ne les atteindront pas plus qu’un caillou jeté dans l’océan.

Il est toutefois une raison pour laquelle cette annonce vaut un billet sur ce blog – et pas seulement parce que nous suivons ces sanctions internationales depuis leurs débuts. Il est important de la noter, parce que c’est une mesure – comme une autre – de l’état de délabrement de notre État, de notre société, de notre peuple… que les seules sanctions contre ceux et celles qui nous ont conduit à cet état de déliquescence ultime viennent de l’extérieur.

Quand on est habitués à voir des gens avec des mandats d’arrêt actifs installés comme responsables politiques, blanchis par des juges de juridiction non compétente, quand ils ne servent pas tout simplement de conseillers aux autorités actuelles, une annonce canadienne de sanctions inutiles est toujours quelque chose que l’on peut brandir comme un point objectif de mépris.

Alors oui, une nouvelle salve de sanctions canadiennes – inutiles mais objectives – mérite bien un billet. Parce qu’en ces temps de sans aveu, sans honte et sans sentiments, on se raccroche, comme on peut, au peu de lucidité qu’il nous reste. Même si elle vient d’Ottawa.

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