Dans le calendrier romain, le 15 mars est l’Idus Martiae – les ides de Mars – le jour du dieu de la guerre, le jour où l’on paie ses dettes. Mars est le gardien de Rome et de son peuple, le garant de l’ordre et de la stabilité. Payer ses dettes maintient l’harmonie et la cohésion sociale. Le 15 mars est un jour de responsabilité. C’est ainsi qu’en -44, le Sénat romain assassine à coups de couteaux l’empereur Jules César, avec qui il était à couteaux tirés.

L’assassinat de César résulte de frustrations politiques, idéologiques et personnelles qui ont longtemps fomenté jusqu’à l’implosion. Fraîchement proclamé dictator perpetuo, César venait d’éliminer en pratique le Sénat pour s’ériger en seul maître de Rome, mettant en danger les fondements de la République mais surtout l’influence et le statut des Sénateurs. Les voilà désormais accusant César de tyrannie et justifiant la nécessité de l’éliminer pour ramener le principe de responsabilité à Rome.

En réalité, les conspirateurs avaient pour la plupart des problèmes personnels avec César. Shakespeare a immortalisé Brutus avec le fameux Et tu, Brute – les derniers mots de César étaient plutôt Kai su, teknon, Toi aussi, jeune homme, (tu vas mourir) – mais il n’était pas seul à en vouloir personnellement à l’assassiné. Les réformes de César élargissant le Sénat, ouvrant la citoyenneté romaine à des étrangers et centralisant le pouvoir entre ses mains, détruisaient la classe patricienne. Et ses aventures égyptiennes où une Reine étrangère occupait une place trop importante achevaient d’aliéner les sénateurs romains et le système de classe qu’ils avaient instauré. De plus, la rumeur voulait que César, inspiré par sa dulcinée Cléopâtre, ait eu des visées dynastiques ; pour sauver la République, il fallait l’éliminer.

César assassiné, Rome plongea dans le chaos et l’instabilité politique avant de sombrer dans une guerre civile, une série de conflits et de luttes pour le pouvoir, dont émergera ultimement l’Empire romain – avec Auguste – soit exactement ce que l’assassinat de César devait empêcher. Les voye ale – via assassinat ou démission forcée – ne veulent rien dire. Ce qui importe, c’est l’après.


PS: Si vous avez une carte Unicarte, c’est également le jour de payer votre carte Visa. En ces temps troublés, ce n’est pas le moment d’accumuler des frais de retard.

Une réponse à « Idus Martiae »

  1. […] d’arrêter de tourner autour du pot et d’admettre l’évidence. Nous en sommes à notre second coup d’État depuis le magnicide du 7 juillet et il est impératif de le reconnaître pour pouvoir avancer. Alors […]

    J’aime

Laisser un commentaire

Trending