La Haute Cour de Nairobi – l’équivalent du tribunal de première instance de Port-au-Prince – vient de bloquer l’envoi de policiers kényans en Haïti dans le cadre de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) autorisée le 2 octobre 2023 par le Conseil de Sécurité de l’ONU. Le juge Chacha Mwita a basé sa décision sur l’absence d’ »arrangements réciproques » entre les deux pays et déclaré tout déploiement en Haiti inconstitutionnel, illégal et invalide.
Cela tombe mal. En prenant la tête de cette mission, le président William Ruto tentait une Okino, une triple pirouette diplomatique devant lui permettre de se positionner comme LE pays phare de l’Afrique de l’Est, se rapprocher de Washington et améliorer la réputation d’une police réputée répressive, le tout au nom de la « solidarité africaine » – la qualification est du ministre des affaires étrangères haïtien.
En gymnastique, l’Okino est, avec la Wevers, la rotation sur poutre la plus difficile. Classée E, il s’agit d’une manœuvre extrêmement difficile, ce qui en fait une compétence très exclusive que très peu d’athlètes réussissent à maîtriser et dont l’apparition dans les compétitions est plutôt rare. Mais qui ne risque rien n’a rien et Ruto est le genre qui aime les risques. « Outsider » élu pour changer « le système » par une population fatiguée des exactions de l’élite politique et économique, il multiplie les actions disruptives. Et avec quel succès! En un an de présidence, il a fait passer le Kenya de la 69e à la 116e place dans le classement de la liberté de la presse. Nous pouvons donc en déduire que le Dr Ruto ne va pas se laisser arrêter par un tribunal de première instance.
L‘organisation juridictionnelle du Kenya est divisée en cours supérieures (au nombre de 5) et cours subordonnées. C’est une copie du système britannique avec la Haute Cour, la Cour d’Appel et la Cour Suprême. La Haute Cour qui nous intéresse détermine « si des libertés et droits fondamentaux ont été refusés, violés ou menacés ». Dans le cas d’Haïti, il s’agissait de déterminer si la participation du Kenya à la MMAS violait la Constitution. La cour de Nairobi a jugé que oui. Le gouvernement peut et va certainement faire appel. Nous ne sommes pas face à une décision de la Cour Suprême kényane qui, contrairement à ce qu’affirment les médias haïtiens, n’est pas celle qui a décidé aujourd’hui.
Que signifie tout cela pour Haïti ? D’abord que l’arrivée des Kényans n’est pas pour bientôt. Mais, surtout, que nous devons vraiment arrêter d’attendre que le secours nous vienne de l’extérieur. Il se raconte que nous sommes la première république noire indépendante; il serait temps de le montrer.





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